Aristide MONO

Que nous manque-t-il au Cameroun? une bureaucratie normale!

La question ci-dessus a été posée par le président camerounais lors du discours de fin d’année, manifestant son étonnement devant le bilan décevant de 31 ans de règne alors que le pays regorge d’un potentiel naturel important en termes de ressources et de stabilité politique. Le problème est donc ailleurs, dans la gouvernance, c’est-à-dire dans l’administration qui hypothèque toute chance d’émergence. Voici les tares de la bureaucratie camerounaise !

Il n’est pas question pour nous de faire le procès politique de la bande à Biya, mais de s’intéresser à l’administration en général au sens le plus simple du terme. Les défaillances se répertorient tant au niveau du système que celui des agents eux-mêmes, ce qui signifie que les responsabilités sont partagées.

Un système éducatif affecté par la « diplômie »…

La course aux diplômes est l’un des éléments fondamentaux de la décrépitude de la bureaucratie camerounaise. Cette diplômie est fondée sur l’illusion selon laquelle le diplôme, qui n’est qu’un simple papier, était synonyme de compétence. C’est dans ce sens que l’entrée dans la fonction publique est conditionnée par la simple présentation d’un papier émasculant ainsi la compétence. Le système éducatif est monté de telle sorte que les apprenants ne recherchent pas la connaissance, mais plutôt le diplôme. Les enseignants peuvent donc se limiter sur les introductions générales pourvu qu’en fin d’année un taux de réussite soit spectaculaire. Ceci est si vrai qu’on a institué au Cameroun la médiocre formule de « Promotion collective » où on délibère les examens officiels à 6, 5/20. Que peut-on attendre de ces futurs fonctionnaires mal formés ? La diplômie a également fait prospérer une industrie souterraine de faux diplômes, appelés « diplômes de Bonas », Bonas renvoyant à la zone universitaire de Yaoundé 1 où les attestations et diplômes contrefaits sont délivrés à moins d’une heure. La diplômie promeut la tricherie et la compétence douteuse ou approximative.

Un mode de recrutement buissonnier…

Les éléments mal formés ou détenteurs des « diplômes de Bonas » ont généralement droit à un accès frauduleux à la fonction publique. Trois voies d’accès sont « en vigueur » au Cameroun. D’abord la mobilisation d’un capital relationnel, conséquence de l’Etat néopatrimonialiste pour ne pas parler de la « parentocratie ». Le concours administratif n’a qu’une fonction de légitimation du recrutement de l’agent puisque le parrain ou le parent par son influence et son accès aux circuits d’établissement des listes finales va s’occuper de votre réussite au dit concours, d’où la tribalisation de l’administration. Le deuxième chemin est la mobilisation du pouvoir financier, ici le réseaucrate capable de court-circuiter les listes des admis ou recrutés est sollicité pour recevoir en contrepartie des millions de francs CFA. Il y a tout un marché noir qui prospère dans l’accès à la fonction publique. La troisième voie est celle des industries mystico-exotériques avec tout ce que cela peut exiger comme sodomie de jeunes garçons, en fait il s’agit de faire allégeance au diable. Sans nier le fait qu’il existe quelques miraculés qui sont objectivement recrutés, il faut reconnaître que la méritocratie est loin d’être le principal critère de recrutement. Bref au Cameroun on a écarté la norme et normalisé l’écart.

Une inertie généralisée : un « je-m’en-foutisme aggravé »…

Les fonctionnaires recrutés par des réseaux parallèles sur la base des attestations de « Bonas » ne se trouvent dans aucune obligation quelconque de satisfaire l’Etat. D’ailleurs, ils n’en sont pas capables puisqu’ils ne sont pas très souvent compétents et ils n’ont aucun sens de l’effort. A l’université de Yaoundé 2 par exemple, l’administration ouvre vers 10 heures, à midi on prend une heure de pause et on ferme à 15 heures. Soit à peine 5 heures de travail par jour : conséquence : le service public tourne au ralenti. Les lenteurs administratives renvoient les résultats aux calendes bantou, d’où le retard du Cameroun en matière de développement.

Un antipatriotisme ambiant…

Ce n’est un secret pour personne que certains commis de l’Etat détiennent une double nationalité, et sont donc plus enclins à penser à l’étranger où leurs enfants résident, grâce à un argent honnêtement ou malhonnêtement gagné. De plus  lorsqu’ils sont malades, ils  sont dirigés vers les hôpitaux étrangers pendant que les nôtres sombrent dans la décrépitude. L’intérêt national est supplanté par des égoïsmes individuels ou sectaires.

Une corruption spectaculaire : une administration très gombiste…

Au Cameroun, la réseaucratie gouverne. Le service public est sorti des canaux et canons conventionnels pour s’adapter à une mafia montée depuis le haut, nourrie par une conjoncture économique de vache maigre. Il faut des contreparties pour avoir accès à un service qui est supposé être gratuit afin de permettre au fonctionnaire d’arrondir de façon exorbitée ses fins du mois. Ces échanges sont soit symboliques ou matériels. Pour ce qui est des contreparties matérielles, elles peuvent être en espèce ou en nature à l’exemple du sexe ou l’âme de l’usager. Tout se négocie en termes de gombos c’est-à-dire de pourboire ou de pots-de-vin. La population en majorité pauvre ne pourra dans ces conditions bénéficier aisément du service public, puisqu’elle ne dispose pas d’un fort pouvoir d’achat. Même la signature des documents requiert une rançon souterraine à verser au fonctionnaire.

Une prévarication qui croît exponentiellement…

Un tome ne suffirait pas pour lister le nombre de voleurs de la République derrière les barreaux. Après le football, le Cameroun est reconnu mondialement comme un Etat qui abrite des bandits à col blanc d’une notoriété avérée. Si les feymen (escrocs) n’ont pas toujours dit leur dernier mot, les fonctionnaires camerounais leur ont déjà arraché la palme d’or en termes de crimes économiques et financiers. Chaque année, l’Etat perd un nombre important de milliards à cause du vol organisé par les agents publics, avec un impact considérable sur le niveau d’exécution des travaux publics qui sont soit de mauvaise qualité soit non réalisés. Les Camerounais sont de plus en plus appauvris par leur bureaucratie. Tout un gouvernement est actuellement en prison dans le cadre de l’opération éperviers (chasse aux prévaricateurs).

  Une administration personnifiée : une hantise totémique du chef de l’Etat…

Le fait que la personne du chef de l’Etat hante toute une administration constitue un handicap à la bonne marche de la fonction publique. On pourrait peut-être justifier ce phénomène par le fait que le portrait du président, exposé dans tous les bureaux, provoque des effets paranormaux. Presque tous les fonctionnaires agissent sous le contrôle ou au nom du chef de l’Etat même quand ce dernier ne leur a imposé aucune instruction et leur a même donné tous les pouvoirs comme c’est le cas avec les feuilles de route ministérielles. Ceci étouffe l’esprit d’innovation et d’initiative, car il faut penser toujours sous le contrôle du chef de l’Etat. On a donc l’impression que ce dernier est un puissant totem qui absorbe les agents de l’administration. La bureaucratie est sclérosée, statique sans dynamisme parce tout le monde se réfère à un même individu même quand il s’agit d’une victoire d’un combat de boxe. L’image de Biya dépouille les fonctionnaires de leur rationalité, ils sont hantés et aliénés, par conséquent l’administration piétine dans la routine en attendant d’être exorcisée un jour !

Des administrateurs détenteurs de titres fonciers de certains postes administratifs…

La longévité est la chose la mieux partagée dans l’administration camerounaise, les fonctionnaires à certains postes bénéficient d’une espèce de mandat illimité donnant l’impression qu’ils sont dépositaires d’un titre foncier dudit poste, ils en font une propriété privée. Les différents gouvernements du régime Biya tournent presque, autour des mêmes têtes. Depuis ma naissance, je n’ai pas connu un président du conseil économique et social autre que le fossile Ayang Luc. Cette longévité est congénitale au concept de pouvoir perpétuel théorisé par le politologue Eric Mathias Owona Nguini. La mobilité sociale est difficile dans une telle administration surtout que depuis plus de trente ans, comme l’a reconnu le président dans le discours à la nation, aucun résultat escompté n’a été obtenu. Ces éternitaires ne peuvent qu’amplifier des réseaux mafieux et pérenniser le néopatrimonialisme.

 Une tolérance administrative non justifiée…

Comme nous parlions plus haut du concept médiocre de la « promotion collective » dans le système éducatif camerounais, il faut également évoquer celui de la « tolérance administrative » consistant à fermer les yeux sur les délits administratifs. Il s’agit d’une lourdeur manifeste dans la prise de sanctions à l’endroit des égarés de l’administration instituant ainsi un « laisser- aller » indescriptible. De même, les citoyens peuvent se permettre de violer les lois sans risque d’être inquiété par l’administration. Ceci relève des voies de contournement de l’Etat dans sa mauvaise foi de répondre aux exigences des Camerounais, pourtant il est primordial de les résoudre sans coup férir.

Un cadre institutionnel favorable à la paralysie du service public…

Tous les maux sus énumérés sont chapeautés par un cadre institutionnel qui freine l’essor du service public. Il crée un flou institutionnel à l’origine des doublons et par conséquent des conflits de compétences. Par exemple, les experts s’accordent à dire qu’il y a deux gouvernements au Cameroun, à savoir le secrétariat d’Etat à la présidence et la primature. Les mécanismes d’un « check and balance » sont inopérants, le suivi des travaux publics est inefficace, les organes de lutte contres la prévarication sont sans pouvoir judiciaire ni répressif et se limitent à la dénonciation. La hiérarchie dans les offices publics n’est ni cohérente ni respectée tout simplement parce que le pouvoir est ailleurs, dans des circuits informels qui sont régis par une hiérarchie tapie dans l’ombre qui fait et défait les princes de l’administration.

Voilà en gros les 10 maux de l’administration camerounaise : les corriger apportera probablement une réponse à cette interrogation du chef de l’Etat.


Échec de la libre circulation en zone CEMAC: Pourquoi s’en prendre à Obiang?

Le syndicat des chefs d’Etat et chefs de coups d’Etat de l’Afrique centrale connu sous le nom de la CEMAC dans son intention de rendre la circulation des personnes et des biens libres dans cet espace communautaire a buté sur l’hostilité d’Obiang Nguéma. Au-delà d’un orgueil égoïstement princier de la guinée équatoriale, il faut lire une real-politique salutaire du tombeur de Maquias Ngéma qui a dépassé la cosmétique institutionnelle pour poser des préoccupations de fond.

Dans son refus du 8 novembre 2013 lors d’un conseil des ministres à Malabo, le gouvernement de guinée équatoriale se justifiait sur son site officiel : « La guinée équatoriale a décidé de la non application de cet accord, en raison de l’existence de plusieurs exigences et conditions par étapes que les Etats doivent accomplir et assumer préalablement jusqu’à atteindre la libre circulation prétendue ». L’accord évoqué dans ce communiqué est sans doute les conclusions du sommet extraordinaire de Libreville du 14 juin 2013 qui fixaient l’entrée en vigueur de la libre circulation des personnes et des biens à partir du 1er janvier 2014.

En lisant et en analysant objectivement les raisons qui ont poussé Obiang à récalcitrer à ce projet on peut comprendre son refus. Si on s’arrête sur les préalables opérationnels, il est à constater que rien n’a été fait et que les gouvernements de la CEMAC voulaient une fois de plus s’investir dans le bricole pour justifier les pertes de temps budgétivores que constituent la pléiade des sommets qui n’apporte aucune plus value sur le quotidien du citoyen Cémacien. Il s’agissait d’un bon en avant sans base que la CEMAC voulait réaliser à travers cette libre circulation.

Il avait été convenu que la réalisation d’un minimum d’exigences devait servir de cadre à la mise en vigueur de la libre circulation. Nous pouvons évoquer par exemple les préalables sécuritaires à savoir : la fiabilisation des documents, l’échange de fichiers des personnes recherchées donc la signature d’une  convention avec interpole. Jusqu’à la date du 1er janvier 2014 aucun de ces fondamentaux n’était satisfait. La libre circulation allait se matérialiser par le simple décret du syndicat des chefs d’Etats de l’Afrique centrale. Le passeport certes à l’air biométrisé mais quels sont les mécanismes en charge d’authentifier les donnés biologiques des détenteurs pour contrôler les flux humains ?

Et pourtant Obiang veut pour le moment mettre son archipel princier à l’abris de l’insécurité qui secoue les pays de la CEMAC c’est-à-dire, le début d’un génocide centrafricain, les citoyens tchadiens en majorité guerriers et le Cameroun avec ces escrocs, feymen, prévaricateurs, prostituées et bandits de grand chemin. Face à ces menaces, il est donc compréhensible que la guinée équatoriale soit réticente et qu’elle exige la mise en œuvre des mesures sécuritaires ; c’est le minimum pour un Etat soucieux de la protection de sa population et jaloux de sa souveraineté. Si Obiang est en position économique confortable il est évident du point de vue réaliste qu’il impose une politique étrangère pragmatique ; pourquoi l’en vouloir ?

Le réalisme d’Obiang Ngéma est aussi d’autant louable que lorsqu’on migre des raisons officielles pour surfer sur des motivations stratégiques latentes on s’aperçoit que la guinée a le droit de reculer et de réfléchir par deux fois.

D’abord la menace des émigrés clandestins venant en majorité du Cameroun qui fuient la misérocratie institué dans leurs pays, il y a donc un risque dans le long terme de l’envahissement de ce petit pays lorsqu’on sait par exemple que la population de Yaoundé dépasse de loin celle de toute la guinée. On me demanderait pourquoi le Nigéria n’a pas jusqu’ici envahi le Cameroun avec sa population 12 fois au dessus de ce pays ? Je répondrai simplement que le Cameroun est de loin un Eldorado face au niveau de développement du Nigéria.

Il faut également rappeler que la trajectoire politique tracée par le président Guinéen depuis l’acharnement du scandale des biens mal acquis consiste à affirmer son leadership panafricaniste fut-il tardif qui lui impose désormais une certaine posture dans les relations internationales. Le refus de la guinée apparait comme le message d’une affirmation d’un leadership en gestation en Afrique en générale et dans la zone CEMAC en particulier. En effet le réaliste Obiang, pense que ceux qui font la queue ou la manche doivent se soumettre même si rien n’est figé en ce qui concerne les rapports de force entre les Etats.

Si les cinq autres myopes stratégiques s’éternisent à fustiger Obiang au lieu de s’imposer une plus value, alors qu’ils laissent la réal politique s’exprimé jusqu’à ce que Obiang comprenne que son apogée doit connaitre un jour un déclin.


L’épineux problème d’adduction d’eau à Yaoundé: à quand le bout du tunnel ?

EAU Combien de fois des annonces et rituels ronflants ont été organisés pour signer la fin de la soif des populations ? Aujourd’hui a lieu à Yaoundé l’inauguration du barrage de la Mefou qui doit désormais apporter plus de 50000 mètres Cube dans les ménages de la capitale politique. Wait and see ! Pour le moment penchons nous sur la problématique de l’approvisionnement des camerounais en eau potable dans un pays où chaque département porte le nom du cours d’eau qui l’arrose.

L’approvisionnement en eau potable demeure un casse-tête chinois au Cameroun. En effet, les populations des grandes villes en générale et celle de Yaoundé en particulier vivent un véritable calvaire pour s’approvisionner en eau courante dont la pénurie est devenue légendaire, pourtant ces villes abritent la majorité de la population et sont dans leur quasi totalités équipées en systèmes d’alimentation en eau potable. Ce qui situe ici le taux de couverture à environ 86,2%, mais la réalité de la situation de l’approvisionnement en eau potable en milieu urbain est traduite par le taux d’accès direct des ménages à l’eau potable qui est de l’ordre de 29% pour un nombre d’abonnés estimé actuellement à 226 638, donc très bas.

L’adduction d’eau regroupe les techniques permettant d’amener l’eau depuis sa source à travers un réseau de conduites ou d’ouvrages architecturaux (aqueduc) vers les lieux de consommation. Le terme d’adduction vient étymologiquement du latin : ad ducere (mener ou conduire vers, amener…). Seulement, depuis quelques années déjà, les structures en charge de conduire l’eau vers les consommateurs y parviennent avec beaucoup de peine. La ruée vers l’or bleu constitue désormais une gymnastique qui entre dans le quotidien des yaoundéens.

Dès les premières heures de la journée, il faut visiter tout les points d’eau possible, question de maximiser ses chances de trouver le précieux sésame. En réalité les habitant de la cité capitale ont presque perdu le sommeil ou alors dorment en gardant une oreille attentive sur leur robinet, guettant impatiemment le retour du précieux liquide. C’est ainsi que dans tous les points de ravitaillement, de longues files de bidons, bassines, cuvettes et autres bouteilles attendent sagement, parfois en l’absence des propriétaires qui les laissent là en attendant le signal. Le fait est que dans certains quartier l’eau n’est disponible que nuitamment, dans d’autres par contre il faudra attendre plusieurs jours voir des semaines. Comme l’on peut l’imaginer, c’est une situation plutôt insupportable, désagréable et même invivable, si tant il est vrai que l’eau c’est la vie, comment comprendre que dans un pays comme le Cameroun qui est doté d’un fort potentiel hydrologique capable de répondre aux besoins en eau de ses habitants sans trop de difficultés.

Cependant, l’on se souvient qu’à l’époque de la défunte société des eaux du Cameroun ( SNEC ), les coupures étaient presque inexistantes, et quand bien même çà arrivait, celles-ci ne s’éternisaient pas. L’on est tenté de se demander que s’est-il passé entre temps, pourquoi la structure actuelle en charge de la distribution de l’eau peine telle à remplir ce rôle avec succès ? D’aucun pourrait apporter diverses explications à cette situation, entre autre la démographie croissante dans nos grandes villes principalement sous l’action de l’exode rural, pourtant la situation n’est pas meilleur en zone rurale où l’accès à l’eau potable et aux infrastructures d’assainissement de base reste limité.

Conséquence, le risque de maladies dues à la qualité de l’eau augmente tout comme les maladies de la peau, pour ces populations désormais vulnérables. Face à cette situation, les pouvoirs publics ont pris des mesures visant à résoudre le problème, mais qui s’avèrent peu efficaces. C’est dans cette logique que le gouvernement retient notamment dans la lettre hydraulique urbaine d’avril 2007 le partenariat public-privé qui se décline par la création d’une société de patrimoine, la Cameroun water utilities corporation (CAMWATER), à capitaux publics, chargée entre autres de la construction, de la maintenance et de la gestion des infrastructures de captage, de production, de transport et de stockage de l’eau potable, puis le recrutement par appel à la concurrence d’une société fermière privée, la Camerounaise Des Eaux (CDE) chargée entre autres de la production, de la distribution, de l’entretien des infrastructures et la commercialisation de l’eau potable.

De même l’on note également la signature par le ministre camerounais de l’économie avec les autorités chinoises d’un accord cadre de prêt portant sur un peu plus d’un milliard de yuans, soit environs 84,7 milliards de francs Cfa destiner au financement des projets d’adduction d’eau potable dans 9 villes du Cameroun. Par ailleurs, la camwater reconnait que 65% de la population n’a pas encore accès à l’eau potable. Raison pour laquelle le gouvernement s’est engagé dans un vaste programme de construction de stations de pompage, telle que celles ‘Ayatto à Douala ou encore celle de la Mefou pour Yaoundé sur laquelle camwater compte pour résorber les problèmes d’eaux dans la capitale politique du Cameroun. A ce titre, 50 000 mètres cubes devraient arriver à Yaoundé dont 25 000 dans les prochains jours et les 25000 autres un peu plus tard.

Hormis les 50 000 mètres cube de la Mefou, la société fait mention de la station d’Akomnyada vers la localité de Mbalmayo qui produit déjà 100 000 mètres cube d’eau et qui va être renforcée. Ces projets, selon les autorités en charge de la question, une fois exécutés permettront la réduction des problèmes d’eau que connait la ville de ngola. Des affirmations qui au regard de l’évolution de la problématique d’approvisionnement en eau dans les villes du pays semble d’avantage proche du slogan.

La statistique d’un besoin de 300 000 mètres cubes attribuée à la ville de Yaoundé et sur laquelle repose l’ensemble des projets d’adduction d’eau ne semble pas correspondre à la réalité actuelle et surtout futur. Ce chiffre est utilisé par l’administration depuis 2009 et des experts estiment que la situation a du évoluer depuis lors. D’un autre côté, la ville de Yaoundé soutenue par des Bailleurs de fonds mais aussi plusieurs investissements privés est en train de connaitre un gros processus d’urbanisation pour laquelle l’adduction en eau potable est une nécessité. La situation est telle que les populations ont été poussée à la résignation. Dans de nombreux quartier de la ville, l’eau n’est plus arrivée dans les ménages depuis de très longues années.

En 2006, le gouvernement camerounais finalisait l’opération lancée depuis 1997 de privatisation de l’ancienne société nationale des Eaux du Cameroun. Une opération qui était censée apporter plus d’efficience et d’efficacité dans le domaine de l’approvisionnement. Sept ans après, le bilan de cette privatisation est très mitigé, mais sur le terrain les populations ne savent plus à quel saint se voué. Des études menées par la FAO démontre que le Cameroun possède un des premiers réservoirs d’eau souterraine et d’eau de surface en Afrique, et pourtant à ce jour, à peine 10% de la population a accès à une eau véritablement potable. Par conséquent, loin de vouloir faire un procès à l’Etat, il serait quand même judicieux de reconnaître qu’il est plus aisé de prévenir que de guérir comme qui dirait qu’on ne résout pas les conséquences.


La problématique de la majorité anti-démocratique en Afrique

Dans les Etats africains s’est développée une majorité électorale plus qu’écrasante qualifiée par certains acteurs de la scène politique de majorité obèse. Il s’agit d’une hyper captation par le parti au pouvoir de tous les postes électifs débouchant à une résurgence des réflexes monopartistes. Alors sans toute fois interroger la provenance d’une telle majorité gargantuesque il faut dire tout simplement qu’elle constitue une obstruction au processus de démocratisation.

Bon nombre de régimes connaissent un accaparement des dividendes politiques par une seule formation politique qui contrôle, les 90% des conseils municipaux de même que le parlement et le gouvernement. Les partis alternatifs sont réduits dans ce cas à un rôle non pas simplement de spectateurs mais celui de légitimation des compétitions électorales comme exigence de la démocratie représentative. Cette opposition sert de caution démocratique auprès de la communauté internationale pour justifier la libération et la libéralisation des élections dans les pays post autoritaires. Les partis au trône à défaut de créer des forces alternatives pour jouer, ils les entretiennent et les soutiennent de telle sorte qu’ils ne puissent pas opter pour une opération « pied mort » (non participation ou chaise vide) au risque de décrédibiliser le mot démocratie exhibé dans le patronyme même de l’Etat comme c’est le cas de la célèbre République DEMOCRATIQUE du Congo.

Malgré l’existence des formations politiques dites de l’opposition il faut reconnaitre que ces dernières ne sont pas à même d’inverser ou d’influencer considérablement le rapport de force. Si on prend par exemple le cas camerounais où le parti au pouvoir contrôle plus de 148 sièges contre 32 pour les autres partis, on peut déjà prématurément conclure qu’il n’y aura pas débat dans ce type de configuration, étant donné que la discipline du parti reste une arme de contrôle et d’encapsulation des élus. Il n’est donc pas nécessaire d’attendre une quelconque résistance à la volonté du président de la république chef du parti d’où le nom de chambre d’acclamation collé au parlement camerounais.

L’une des entraves de la majorité gargantuesque au processus démocratique est le retour à la politique unanimitaire donc de la pensée unique produite par le seul parti au pouvoir qui s’identifie non pas à un parti Etat mais un parti d’Etat, c’est-à-dire un instrument politique de la bureaucratie néopatrimonialiste. Les slogans et autres langages du parti sont structurellement intériorisés par toute l’administration de manière à créer une confusion quand à la frontière qui pourrait exister entre le label partisan et l’appareil bureaucratique qui exige une abstraction des filiations idéologiques. En général les agents de l’Etat dans ce cas doivent préalablement émarger en tant que militant avant leur accession ou leur maintien à la fonction publique. En fait, les partis aux majorités débordantes immergent la sphère publique et finissent par prendre toute l’administration en otage.

Ceci pose évidemment le problème de la neutralité de l’administration et ces organes annexes en charge du scrutin puisque presque tous les agents se trouvent redevables envers le parti hyper majoritaire, mettant en difficulté l’indépendance que requièrent l’arbitrage et l’organisation d’une compétition électorale. Tout est acquis en avance pour le parti au pouvoir parce que l’ensemble du personnel administratif a d’une manière ou d’une autre des affinités avec ce Léviathan politique qui absorbe tout le peuple. Le choix des hommes impartiaux s’avère difficile dans un tel contexte parce qu’on a l’impression que tout le monde appartient a un même et seul parti hyper dominant. On peut relever la difficulté des castings politiques afin de nommer des hommes au dessus de tout soupçon n’ayant un quelconque rapport conniventiel avec le parti d’Etat.

Comme nous l’avons évoqué brièvement plus haut on assiste ipso facto à une opposition fantôme ou simplement sans opposants. Ceci peut s’expliquer par deux arguments. D’abord l’esprit de résignation dû à l’impression d’une compétition non concurrentielle car l’adversaire largement au dessus ne donne aucun espoirs d’exploit politique aux forces alternatives. Ainsi se développe l’idée du « déjà gagné d’avance». De l’autre coté les partis d’oppositions apparaissent comme des fabrications de leur challenger au pouvoir qui se réjouit de la réduction de leur rôle en animateur du jeu électoral afin de le crédibiliser. L’opposition devient mendiante et pactise sous terrainement avec le parti à la majorité grossière. En effet face à la politique à somme nulle pratiquée par les majorités gargantuesques et pour prendre part au partage du « National Cake », l’opposition est amenée à courtiser le parti au pouvoir parce qu’elle estime qu’elle ne peut rien changer face à une telle majorité.

La majorité hyper écrasante que ses adeptes appellent affectueusement majorité confortable est le premier obstacle au processus démocratique en Afrique. Cette domination est congénitalement dérangeante non seulement du fait qu’elle est acquise par infraction mais parce qu’elle hypothèque tout débat national inclusif et constructif en condamnant les forces à la résignation d’où les taux d’abstentions élevés et de non inscription sur les listes électorales très considérables.

Revenant sur la résignation, il faut insister sur la désillusion des forces alternatives c’est-à-dire le recul du champ de possibilité d’une alternance démocratique.  Ceci dilue le charme de l’intensité des duels électoraux comme on le voit aux Etats unis et en France. En fait il n’y a pas match. Bref la majorité gargantuesque dissipe toute chance d’alternance dans un Etat en le vernissant d’une couche voire d’une bonne dose d’autoritarisme. La démocratie ne peut s’implanter dans un tel bourbier politique où la répartition déséquilibrée du pouvoir politique ne peut que concourir à la pérennisation de la majorité grossière. Le rapport de force décourage toute entreprise de changement politique et le parti majoritairement obèse devient par conséquent éternitaire.

Il y a également un impact sur le travail politique au parlement et au sein des conseils municipaux pluripartistes. Les élus du parti majoritairement gargantuesque ne sont confrontés à aucune résistance, la volonté du parti est toujours triomphante parque que les représentants de l’opposition auront à chaque fois tord parce qu’ils sont minoritaires. Il ne peut pas avoir un réel débat dans de telles conditions puisque toutes les lois bénéficieront sur la simple base de la discipline du parti de l’acclamation et de la validation expéditif des 90% des mandataires du peuple tous pensionnaires du parti au pouvoir. L’activité parlementaire est compromise quant au contrôle de l’action gouvernementale, les deux institutions sont gérées sans concurrence par une même chapelle politique qui impose aux personnels, solidarité et allégeance inconditionnel au chef du parti, généralement chef de l’Etat qui définit l’action gouvernementale.

La constitution du bureau et les commissions des assemblées électives pour des besoins de cosmétique politique amène la majorité éléphantesque  à procéder au bricolage et autres formes de tractations afin de bigarrer ces instances. On peut prendre l’exemple de la renaissance du parti nationaliste camerounais (UPC) qui avait été ressuscité par le parti au pouvoir, et le cas des sénatoriales 2013 où le RDPC c’est retirer délibérément de la course dans deux régions afin de permettre au moins à un parti d’opposition de glaner 14 sièges sur les 70.

On tend alors vers des régimes monopartisans autoritaires et non communistes car dans le cas du parti unique en chine on assiste au moins aux débats objectifs et houleux, plus démocratiques à l’intérieur du parti. Ces monopartismes autoritaires sont également loin du système de catch all parti de l’Afrique du sud tout simplement parce qu’ici les opinions divergentes sont permises au sein de l’ANC permettant l’érection des idées alternatives.

 


Cameroun 2013: Prises d’otages, attaques de la Séléka, crimes rituels et 9 disparus de Mouanko

Les camerounais garderons en mémoire cette année 2013 dominée par les affres de la criminalité d’origines diverses et d’acteurs multiples. Des efforts ont été consentis mais sans résultat rassurant. En effet les frontières ont subit plusieurs assauts venant des entités politiques voisines et l’intérieur du pays a connu un nombre important de crimes organisés.

Le littoral camerounaises n’ont pas échappé aux incursions récurrentes des pirates en haute mer plus précisément dans la presqu’île de Bakassi. Cette zone qui est fortement militarisée par les éléments du BIR Delta a été régulièrement victime des assauts des bandes armées étrangères à la quête des richesses minières et halieutiques que regorgent cette terre camerounaise récemment acquise à l’issue du litige frontalier entre le Cameroun et le Nigéria. On a enregistré des vols en haute mer et des prises d’otages faisant ainsi planer la peur au sein de la population. Cette insécurité ne constitue nullement une nouveauté puisque les pays du golf de guinée ont toujours pris la mesure de la piraterie maritime avec par exemple ce sommet de Yaoundé sur la sureté et la sécurité dans le golf de guinée du 24 au 25 juin 2013. Cependant d’autres attaques ont vu le jour.

Nous commencerons par le phénomène des coupeurs de route qui en 2013 a cédé plus de place aux prises d’otages dans le Grand Nord. Si jusqu’ici seuls les nationaux étaient sporadiquement victimes de ces actes terroristes il faut affirmer que l’entrée en scène des filières extrémistes et criminelles comme Boko Haram ont donné une autre ampleur aux enlèvements dans le Nord Cameroun. Les étrangers sont désormais des principales cibles, ce qui a mis le Cameroun dans la liste des pays non plus exposés mais victimes du terrorisme transnational. Ceci remet ainsi au gout du jour la porosité des frontières du pays.

Les enlèvements de la famille Fournier et du prêtre Georges Vandenbeusch ont été les coups d’éclat les plus importants de la secte Boko Haram sur le territoire camerounais mettant en péril la viabilité de la « Destination Cameroun ». Heureusement, il faut le reconnaitre, que la diplomatie et l’implication personnelle du président Biya dans la libération de ces différents otages français  ont été très déterminantes. Le Cameroun en 2013 a été consacré terre à haut risque terroriste, si le premier enlèvement a semblé être un accident anodin, celui du prêtre français est venu enrayer tout hasard sur la transformation progressive du pays en cible potentiel des groupes extrémistes.

A coté des assauts terroristes, le Cameroun a subi les conséquences de la crise centrafricaine car au-delà du flux croissant des refugiés, le pays s’est exposé aux incursions des bandes rebelles de la Séléka. Le bilan a été lourd en termes de pillage et de pertes en vies humaines dans la région de l’Est. A titre illustratif,  le 16 novembre  environs 1000 soldats de la rébellion centrafricaine ont envahit les villages de  Gbitti et de Toktoyo dans la Kadey sous le prétexte de libérer un de leurs chefs, Addoulaye Miskine en détention au Cameroun. Les combats furent 5 morts chez les assaillants et 2 dans les rangs des forces camerounaises. Il y a eu également entre autres, l’assassinat du chef de police de Kentzou de même que l’enlèvement le 25 novembre de trois enfants dans le village Béké-Chanti après que leur père ait été exécuté par les hommes de Djotodia.

L’Est Cameroun s’est retrouvé dans une insécurité notoire qui fait paniquer le pouvoirs qui craint une éventuelle instabilité politique à partir de cette partie et surtout que la zone partage les mêmes caractéristiques que l’Est de la République démocratique du Congo qui avait servit de base arrière à toutes les filières criminelles qui ont jeté ce pays dans l’impasse humanitaire. La région de l’Est est la plus riche en ressources naturelles du Cameroun et est frontalière à un Etat effondré comme ce fut le cas du Rwanda.

Alors que les frontières camerounaises n’ont pas pu résister aux opérateurs du crime, l’intérieur du pays a été le théâtre d’une criminalité à haut volte. Nous prendrons d’abord le cas des crimes rituels de Mimboman. Dans ce quartier situé en plein cœur de la capitale s’est développée une filiale de trafic d’organes génitaux humains par des adeptes des rites ésotériques. Des jeunes filles et des enfants étaient les principales victimes de cette sale besogne. Il était question pour les opérateurs sur le terrain soit de procéder par des enlèvements d’enfant pour les mutiler par la suite soit de se positionner aux entrées de ce quartier sous la casquette de transporteur moto et de faire exécuter en chemin leurs clientes pour emporter les parties intimes. Cette effroyable industrie a créée une psychose auprès de la population qui, abandonnée par les forces de maintien de l’ordre, ne savait à quel saint se vouer pendant plus de 2 mois environs.

Il  y a eu ensuite la mystérieuse disparition de 9 enfants dans la localité de Mouanko. En effet ces derniers comme d’habitude étaient partis pour une partie de chasse aux escargots, curieusement leurs parents sont restés pendant plus d’une dizaine de jours sans nouvelles de leurs progénitures. Deux thèses ont été avancée, celle d’un enlèvement par les trafiquants d’organes et celle d’un attentat mystique qui est apparu la plus plausible, car après plusieurs battues menées par les forces de l’ordre les recherches se sont avérées infructueuses, c’est donc à l’issue d’une intervention mystique d’une féticheuse du village que 8 des 9 enfants ont été retrouvés en vie mais fatigués. Le neuvième est resté sans trace.

Enfin, ces rocambolesques incendies et cambriolages des bureaux administratifs ont été à la mode sans oublier des dizaines de Marchés des grandes villes camerounaises qui ont subit en 2013 des affres du feu emportant ainsi en fumé toute une économie. Pour ce qui est des bâtiments administratifs, il faut dire que la récurrence de ces incidents est allé croissante avec la montée en puissance de l’opération épervier (arrestation des prévaricateurs). Les origines des incendies sont restées sans pertinences, une nouvelle catégorie de cambrioleurs a vu le jour, il ne s’agissait plus pour les bandits d’emporter le butin de consommation à savoir de l’argent et les appareils mais ils volaient plutôt les papiers (dossiers) et les disques dur laissant le laptop lui-même.  Drôle de vol !

En somme, 2013 a posée les bases d’une insécurité qui risque de mettre en mal l’intégrité et les institutions du pays dans le long terme. L’opinion publique se montre méfiante vis-à-vis du gouvernement français qui dans le cadre de l’opération Sangaris a transformé le Cameroun en terre de transit des armes lourdes et aussi de base militaire. L’insécurité ici nait du soupçon de la main française dans tous les conflits qui ont déjà embrasé les pays abritant leurs bases militaires.

 


Cameroun: 2013, une année politique chargée sans avancée démocratique

2013 a été une année électorale au Cameroun marquée par des événements politiques qui n’ont pas affecté le paramétrage routinier de la vie publique depuis 31 ans. La république des hold-up électoraux et des prévaricateurs n’a fait aucune concession à la démocratie ni à la marche vers l’Emergence.

Deux grands moments électoraux ont paralysé le service publique pendant des mois à savoir, les sénatoriales du 14 avril et le double scrutin municipal et législatif du 30 septembre.

De ce qui est des sénatoriales, il s’agissait de la mise en place d’un bicaméralisme effectif qui somnolait encore dans la progressivité politique consacrée par la loi constitutionnelle de 1996. L’architecture cosmético-institutionnel se dotait ainsi d’une chambre haute budgétivore dite de retraités du parti au pouvoir. Le sénat est apparu dans son fonctionnement et ses couleurs politiques comme une reproduction de l’assemblée nationale considérée comme une chambre d’acclamation avec une majorité obèse du RDPC. La seule leçon retenue a été l’opportunité donnée à Biya de recaser quelques thuriféraires qui étaient restés en attente jusqu’ici et de se positionner en seul maître et vainqueur du jeu.

Après les sénatoriales, on a eu droit à une supercherie politique qui devait mettre fin aux prorogations répétitives des mandats des élus locaux et du peuple car il faut le préciser ces derniers ne bénéficiaient plus de la légitimité populaire depuis 2012. Ici pas de surprise pour les habitués de la mascarade électorale, la configuration est restée la même à l’issue du scrutin en dehors d’une avancée spectaculaire dans le respect du genre.

Les femmes des barrons de la république ont bénéficié de plus de 31% de siège à l’assemblée nationale. Ces élections albanaises ont été également marquées par cette alliance contre nature entre le RDPC et la fille de l’ancien président Ahmadou Ahidjo dont la dépouille est toujours en exil au Sénégal. Aminatou Ahidjo puisqu’il s’agit d’elle  a été d’un apport considérable dans l’affirmation hégémonique du RDPC dans le Grand Nord à travers les shows politiques qu’elle a offert lors des meetings.

Pendant tout ce temps, l’opération d’assainissement des mœurs économiques et financières dénommée opération épervier, n’a pas connu de répits, les victimes ont été dénombrés dans tous les secteurs de la vie publique. Les condamnations ont été prononcées contre les commis qui étaient en détention provisoire, par exemple le cas du franco camerounais Michel Thierry Atangana qui, malgré les pressions de Paris sur Yaoundé, a écopé d’une vingtaine d’année de prison. Ceux ayant intenté des recours ont vu leurs peines revues à la hausse.

L’arrestation la plus importante a été celle du président de la fédération camerounaise de football en qualité de Directeur général de la SODECOTON. Ecroué pour corruption et prévarication aggravées, l’emprisonnement de IYA Mohamed est tombé au sein de l’opinion comme une libération du football camerounais des mains des mafieux.

De ce qui est de l’agenda du président, il faut avouer qu’il n’a pas dérogé à la coutume. Il a passé la majeur de son temps dans les villes occidentales cependant quelques rencontres internationales ont émaillé son agenda. On citera par exemple sa première rencontre avec François Hollande à l’Elysée qui a laissé échapper une forte odeur d’humiliation ; son séjour au Vatican donc le tête-à-tête avec le pape François qui a permit à Biya de grignoter quelques débris de légitimité internationale après la parodie électorale du 30 septembre. Le président a procédé également à une visite  en Turquie où il a eu à faire du marketing économique de la « destination Cameroun ». Le sommet sur la sureté et la sécurité dans le golf de guinée a été la seule activité considérable du président sur le plan continental.

Il y a eu cette infantilisation colonialiste du sommet de l’Elysée où le président Biya a été présent mais curieusement de son retour en Afrique, il s’est interdit tout hommage officiel à Mandela puisqu’il n’a pas assisté au rendez-vous de Johannesburg.

Au-delà de ce rendez-vous manqué, il est à préciser que le président de la république n’a pas tenu à certaines promesses notamment l’énigmatique célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun qui accuse aujourd’hui plus de trois ans de retard. La professionnalisation du métier de taxi-moto et de la création plus de 200000 emplois en 2013 sont restées dans le discours de fin d’année de 2012, de même que la mise sur pied du conseil constitutionnel qui demeure également dans le calendre bantou, disons dans « les délais raisonnables » pour reprendre les propos infortunes de Biya lors de son message à la nation le 31 décembre.

Nous parlerons plutôt des aveux de Biya à la nation afin de mieux rendre compte de cette adresse de fin d’année qui est apparut comme le comble politique de 2013. Un discours bondé d’interrogations dont le principal destinataire est le destinateur lui même. Il s’est agit d’un aveu d’échec de 31 ans de règne qui commande selon les propos du président Paul Biya « un sursaut patriotique » qui, pour certains hommes politiques, commence par la démission de ce dernier.

En somme malgré les inaugurations des débuts de travaux de quelques édifices économiques, on peut conclure que certes 2013 a été politiquement chargée mais le bilan est resté vide de tout substrat.


Football camerounais en 2013: Entre déception et sursaut

les lions indomptables 2 Le Cameroun a connu l’année écoulée une saison sportive très décevante dans l’ensemble avec des suspensions internationales de plus de quatre fédérations à l’exemple de la FECABOXE et la FECACYCLISME. Les performances ont été les plus médiocres, conséquence d’une gestion buissonnière des instances managériales, seuls 163 athlètes ont glané des distinctions en plus de la qualification in extrémiste des lions indomptables au mondial brésilien.

Dès janvier, alors que les supers Eagles faisaient oublier à leurs fans le spectre  de leur absence à la CAN Gabon-Guinée le Cameroun quant à lui s’est illustré par sa deuxième absence consécutive. C’est avec exaspération que le pays a donc vécu le rendez vous Sud africain.

L’autre déception venait de la prestation peu convaincante des lions indomptables lors des éliminatoires du mondial 2014. En effet, malgré qu’ils aient bénéficié d’un tirage favorable avec comme adversaire, le Togo, la RDC et la Libye le Cameroun va aligner une série de défaites donc celles face au Togo et la Libye  L’espoir était presque perdu jusqu’à ce match nul contre les Simba.

L’espoir ira croissant avec l’octroi gracieux de trois points par la FIFA aux lions indomptables suite à la non validation de la victoire du Togo sur le Cameroun. Tout ceci a permit finalement à ces derniers de se qualifier pour la septième fois au mondial après une sueur froide au match allé du dernier tour face à la Tunisie et le miracle de Yaoundé. Cet exploit constitue le seul sourire de la saison sportive au Cameroun.

Sur le plan managérial on a assisté à l’apothéose de l’imbroglio qui a toujours caractérisé l’instance faîtière du football camerounais et le staff technique de l’équipe nationale. Le Cameroun a connu trois entraîneurs à moins de 365 jours soit une espérance de vie de 4 mois à la tête de cette sélection.  La déchéance la plus humiliante et ingrate a été celle du coach local Jean Paul Akono qui pâtit encore sous le poids d’une attaque Vasco cérébrale, abandonné totalement par les autorités publiques qui lui doivent des arriérés de salaire.

De ce qui est de l’éternel problème de la fédération camerounaise de football il y a eu un début de décompression de la mafia de la bande à Iya Mohamed. En effet ses démêlés judiciaires pour prévarication en qualité de directeur général de la SODECOTON a été un bon prétexte pour démanteler le réseaux qui était jusqu’ici parrainé par la hiérarchie du football mondial à Zurich. D’ailleurs la FIFA ne va pas hésiter de suspendre le Cameroun après l’intervention du gouvernement. Cet ex-président de la fédération médite actuellement son sort dans l’un des démembrements de la prison de Yaoundé au Secrétariat d’Etat à la défense.

Cette technologie mafieuse a été remplacée par un comité de normalisation qui désormais gère la fédération avec pour mission de procéder au toilettage de l’institution à savoir les textes et le personnel.

Par ailleurs en dehors de la sélection nationale qui a échappé au K-O de la saison, les autres catégories n’ont rien produit; l’équipe A’ a été éliminé de la coupe de la CEMAC par un pays effondré (la RCA), cette même catégorie n’a pas pu se qualifier pour le CHAN. En bref aucune équipe camerounaise de football n’a remporté un titre mondial ou continental.

Au plan local c’était une autre déception, le championnat camerounais (MTN élite) a connu maintes interruptions dues aux problème de management et au manque d’allocation financière. Les querelles entre la corporation des présidents de clubs et le président de la ligue professionnel de football ont émaillé toute la saison. Le nœud du problème était l’exigence de la ligue à l’endroit des présidents de clubs de transformer ces derniers en sociétés anonymes afin de professionnaliser le championnat. La conséquence de ces déboires a été le retrait de la multinationale MTN comme sponsor officiel du football camerounais qui reste désormais orphelin de sponsoring.

Cet amateurisme n’est pas passé inaperçu lors de la finale de la coupe du Cameroun qui a fait somnoler les haut commis de l’Etat présent au stade Omnisports de Yaoundé.

Sur le plan infrastructurel, rien à se mettre sous la dent, le projet de construction de quatre stades annoncé en 2008 est resté campé dans les slogans de « Grande réalisation ».

C’est ainsi 2013 au Cameroun sur le plan sportif. 2014 n’augure aucun espoir car le tirage au sort du mondial donne peu de raison d’espérer.


Discours à la nation camerounaise: Biya très déçu par sa bureaucratie

Il n’y avait rien à attendre du traditionnel message du président Biya à la nation, surtout pour des observateurs avertis. Malgré toute la propagande et le tapage médiatique par la chaîne de télévision d’Etat sur cette adresse tous ces derniers jours, il n’y avait pas de quoi faire de ce discours un moment le plus attendu. Sinon on peut retenir que Biya est passé des promesses fleuves et dissuasion de tout genre pour lancer un appel patriotique.

Il s’agit d’un « sursaut patriotique » si le Cameroun veut effectivement atteindre cette fameuse émergence horizon 2035 car le rythme actuel ne nous permettra pas d’obtenir le taux de croissance nécessaire pour ce pari. Par exemple l’Etat avait fait une prévision de 6,1% de taux de croissance pour 2013 mais nous avons franchi à peine les 4,8% avec tout ce que le pays regorge comme ressources.

En parlant de ressource, Biya a affiché un ton à la fois révoltant et décevant lorsqu’il s’est interrogé sur les mobiles du retard que le pays a connu en 2013. Il va rappeler que nous avons des ressources naturelles, nous avons les talents et génies, nous avons la stabilité, nous avons des institutions fortes mais pourquoi n’arrivons-nous pas à décoller comme les autres pays ?

En guise de réponse à cet étonnement le président va tirer à bout portant sur sa bureaucratie perverse. C’est une administration individualiste, ce qui est incompatible avec l’intérêt national. On pense d’abord pour son local, son ethnie et sa famille en lésant l’intérêt du pays. Il a donc fustigé l’absence de patriotisme de ses collaborateurs ainsi que le management à propos du manque de coordination dans l’action publique. Pour Biya il est incompréhensible que les uns et les autres soient incapables de prendre une décision sur une politique publique ou encore que dans aucune région, le budget d’investissement publique n’ait pas pu été consommé à 50% en 2013. C’est une fois de plus du laxisme.

Le président de la république a trouvé une thérapie pour l’émergence, il s’agit de la culture de l’intérêt général et la coordination de l’action publique qui doivent être soutenu par une « discipline collective rigoureuse ». Il dira qu’il ne demande pas à ses compatriotes ni sueur, ni sang, ni larme juste un peu d’engagement dans la réalisation du grand projet 2035. Il faut un « plan d’urgence » pour des années à venir.

En parlant de futur, Biya fera quelques promesses, la construction de trois hôpitaux de référence et la mise sur pied du conseil constitutionnel « dans un délai raisonnable ». aussi saisira t-il l’occasion pour rendre hommage aux services de sécurité pour le travail abattu pour combattre les attaques des bandes armées de Boko haram, la séléka et les pirates en mer. Il félicitera les lions indomptables pour leur qualification. Il leur demande de rééditer l’exploit de leurs aînés en 1982 en Espagne et 1990 en Italie.

Bref le discours de Biya, qui n’est pas sorti de la routine, peut bien se passer de tout commentaire parce qu’on le connait déjà !


La « bonne année » garde t-elle encore toute sa pertinence?

Les vœux de nouvel an paraissent au fil du temps comme une vulgaire routine qui ne traduit pas en acte l’expression de leurs auteurs. On est tenté de dire que ces souhaits de bonheur se convertissent généralement en malheur car quand vous interrogez l’homme de la rue il vous dira que cette année a été la plus médiocre de ma vie. Finalement quelle est la portée positive des vœux si au finale on a l’impression que rien ne bouge et qu’il y a eu une régression ?

En Afrique il y a une impression d’anathème qui se cache derrière les formules de « bonne année », les populations de Bangui sont bien placées pour nous le confirmer, très sûr que l’an passé elles ont eu droit aux vœux les plus meilleurs de la planète mais il a fallu quelques mois pour témoigner le contraire. Ces victimes peuvent-elles encore facilement croire à toutes ces formules ? Certes ce sont des souhaits mais qui se matérialisent plutôt en exactions, cauchemars et charniers.

Par ailleurs la bonne année signifie beaucoup de bonheur pour les 365 jours à venir avec tout ce qui va avec comme réussite sociale, réussite dans toutes les activités. Alors si on prend le cas le plus proche avec le président Biya, on peut dire qu’en lui souhaitant beaucoup de bonnes choses en 2014 c’est demander à Dieu de lui accorder longévité au pouvoir. Cependant, l’impertinence naît dans l’engouement avec lequel son principal « challenger » John Fru Ndi se presse pour lui présenter ses vœux au palais de l’unité. On se demanderait si ces vœux sont de bonne foi ou simplement si le leader de l’opposition est lui-même sérieux.

Une incongruité des vœux de fin d’année est également son instrumentalisation à travers sa ritualisation comme moment d’affirmation de la notoriété. D’une part, les hommes politiques en font une occasion pour tester leur leadership lors de la traditionnelle cérémonie de présentation de vœux. Ils en tirent un énorme plaisir surtout dans les régimes staliniens en voyant tous leurs subalternes à genoux devant eux chantant gloria et kyrie. De l’autre coté les vassaux qui cherchent à ne pas manquer le rendez-vous car il faut une fois de plus témoigner loyalisme et allégeance au grand maître afin de continuer de bénéficier de sa magnanimité.

La bonne année c’est également un moment d’engagement pour des hommes politiques qui formulent des vœux à l’endroit de leur population, ceci dit les vœux se transforment en vision donc en promesses. Le ciel et la terre sont promis mais à la fin rien de concret, au contraire la situation se dégrade malheureusement. Les vœux en forme de promesses se résument alors en simple moment de mensonge politique.

Les vœux de fin d’année sont victimes d’une hypocrisie qui dénature sa logique même dans les villages, les souhaits sont rarement sincères, c’est plus un simple folklore qui exprime à peine la vrai volonté du destinateur de la « bonne  année ». Par exemple, quelques jours après les souhaits, les un et les autres sont prêts à se ôter réciproquement la vie, les convoitises et autres formes d’inimité prennent la place des « vœux de bonheur et de prospérité».

 


Noël: Le temps des frustrations!

Les fêtes de fin d’année sont des moments d’affirmation des classes sociales. À côté d’une caste dispendieuse se trouve une majorité croupissant dans l’incapacité financière. Résultat, les enfants issus de la misère ne peuvent qu’admirer impuissamment ceux des duplexes qui ont l’audace de s’offrir orgueilleusement le luxe du manège et de toute sorte de plaisir.

C’est une réalité en Afrique, certes même en occident les classes sociales se superposent mais le fossé n’est pas aussi profond de manière à voir une majorité vivant en dessous de 28000 FCFA le mois. La fête de noël permet de confirmer les écarts entre les familles.

Tous les enfants rêvent généralement d’un jouet quel que soit la nature et c’est dans ce sens que nait la frustration des gamins qui réalisent que jusque là leurs parents ne sont que de pauvres misérables face à leurs amis qui jouissent de tous les privilèges de Noël. En fait il y a ceux qui vivent ; il y a ceux qui survivent !

Il y a de cela deux jours le responsable commercial d’une grande boutique d’alimentation de Douala confiait à une télévision privée de la place que la moyenne des achats par client s’élevait à plus de 300000 Francs CFA, de quoi traumatiser ces familles qui se battent pour avoir ne serait ce qu’un poulet de 2800 pour leurs enfants.

Si les fêtes de fin d’année sont des moments de réjouissance pour un clan, elles restent une angoisse pour la majeure partie de la population. C’est une période de lamentation, une période de frustration pour les enfants qui découvrent la réalité des profonds écarts sociaux.

J’ai fait un tour hier dans une famille amie à Nkomotou à quelque 15 kilomètre de Yaoundé, j’ai été accueilli par le désespoir. Seul le petit radiocassette à piles donnait le signal de l’extraordinaireté de la journée du 25 car l’abonnement du courant électrique reste financièrement un parcours du combattant pour ces gens qui couvrent à peine les exigences naturelles de la vie. Au menu, pour restituer les lueurs de la fête au petit Hervé et Diane, une petite marmite de Haricot accompagnée du riz. Ces derniers se sont contentés de deux sifflets et deux bonbons comme jouet ou cadeau de Noël, on peut alors imaginer le niveau de fragilisation de la psychologie de ces enfants à leur bas âge.

Ces clichés sont les prototypes d’une société injuste dans l’allocation des ressources socio-économiques privatisées par une petite aristocratie néopatrimonialiste. Combien digèrent amèrement cette frustration des fêtes de fin d’année, mieux combien d’enfants par exemple au Cameroun subissent ce choc psychologique ?

Surement tout un pays qui n’a aucune justification pertinente pour de tels fossés sociaux.

Les parents butent sur la surenchère des produits de première nécessité menée par des spéculateurs de tout bord, l’accès aux denrées devenant ainsi le privilège des propriétaires de grosses bourses. Il est évident de voir d’un coté une minorité qui fréquentent de grandes surfaces et de l’autre ces mères et grand-mères qui se contentent des déchets de viande de bœuf (Boyaux). Egalement d’un coté une catégorie de « grandes Dames » aux portefeuilles garnis de coupons de 10000 francs CFA et de l’autre ces femmes qui flirtent avec le dénuement, détentrices de vieux billets usés de 500 CFA ou de piécettes sans grande valeur devant un étalage.

La fête de noël fait aussi des malheureux en termes d’agenda. Les programmes des misérables se réduisant à la présence au culte et une ou deux visites à un membre de la famille, ceux qui n’est pas le cas des autres qui sont submergés par des tours au cinéma, club et night club, picnick et pour ceux de Yaoundé des visites tous les soirs à la grande foire de Ya-Fe (Yaoundé en fête).

Hommage à toutes ces nombreuses familles et enfants que la fête de Noël a frustré et rendu très malheureux.