Cameroun: Biya vient d’ « inaugurer le début des travaux » du deuxième pont sur le Wouri
Nous sommes passés d’un discours de pose de la première pierre à un procès de l’opposition camerounaise au vue des interventions respectives du délégué de la communauté urbaine de Douala et le ministre Laurent Esso qui se sont attardés sur les « apprentis sorciers », les « maquisards de l’intrigue, du ridicule » et qui ne cessent d’emprunter le chemin de la violence.
Arrivé dans la capitale économique pour la première fois le 24 février 1983, Paul Biya a frôlé le tarmac de l’aéroport de Douala à 12h 13mn. C’est avec un air quelque peu crispé que le président a procédé au cérémonial protocolaire traditionnel. Il rejoindra les berges du fleuve Wouri une heure plus tard sous les ovations des militants de son parti. Tous les députés et sénateurs, tout parti confondu, actuellement en pleine cession budgétaire du côté de Yaoundé ont abandonné les hémicycles pour vivre cette cérémonie.
Le délégué du gouvernement à la communauté urbaine de Douala Docteur Fritz Ntonè Ntonè et le représentant des élites du département du littorale, le ministre d’Etat Laurent Esso vont se succéder au pupitre pour chanter les louanges et autres formes d’ « alléluia » au pontife national. Curieusement leurs interventions vont devenir une occasion pour eux de faire le bilan électoral du parti de Biya, de stigmatiser et de criminaliser l’opposition en la traitant de tous les noms d’oiseaux.
Et pourtant, il s’agissait de la pose de la première pierre d’un édifice national qui doit faire la fierté de toutes les sensibilités nationales. D’ailleurs le leader du Manidem, parti farouchement opposé au régime de Yaoundé a demandé à ses militants d’aller soutenir le président de la république dans ce projet. Le pont sur le Wouri, faut-il le rappeler, est un symbole d’intégration nationale et sous-régionale puisqu’il servira une fois de plus de connexion entre le Cameroun anglophone et francophone. Il est déplorable qu’on ait assisté à une politisation partisane, une criminalisation de certains camerounais dans un projet financé par le contribuable camerounais.
Après les discours bancals de ses prédécesseurs au pupitre, Biya fera preuve de maturité, en surpassant ce débat pro-RDPCiste. Il va remercier tous les acteurs politiques camerounais pour le calme observé lors du dernier scrutin. Il célébrera avec une grande joie la coopération française puisque la France finance les ¾ de ce projet. Il dira que ce pont devra être le symbole d’un Cameroun émergent.
La cérémonie s’achèvera par la pose de la première pierre à proprement parlé et la présentation de la maquette, un exercice qui mettra au devant de la scène la nouvelle ambassadrice de France au Cameroun madame Christine Robichon.
C’est l’occasion de saluer la sorcellerie des chefs sawa qui a dévié la pluie, alors que la météo prévoyait une grande tornade sur le site de l’évènement. Ces derniers ont par ailleurs offert en guise de cadeau un Banc traditionnel qui aurait dormi plusieurs semaines dans la forêt chez les ancêtres. Une manière de consolider l’éternité de Biya au pouvoir.
La cérémonie c’est achevé autour de quinze heure, la suite du séjour du président à Douala prévoit l’inauguration de la centrale à gaz de Logbaba demain, entre temps Douala reste paralysé et c’est l’économie qui pâtit.
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