Aristide MONO

Le Cameroun s’avance t-il vers un après Houphouët?

Après plus de 30 ans de stabilité politique, la Côte d’Ivoire a sombré dans une guerre civile au lendemain de la mort d’Houphouët, premier président de la République ivoirienne. Après plus de 30 ans de stabilité politique sous Biya, le Cameroun coure t-il vers le K-O à l’ivoirien ?

Cette interrogation a déjà trouvé une réponse affirmative chez certains acteurs de la scène politique camerounaise et autres analystes politiques comme le politologue Eric Mathias Owona Nguni qui soutient mordicus que le Cameroun n’échappera pas au cas ivoirien. Un point de vue sentencieux qui ne fait pas du tout l’unanimité car d’autres, plus optimistes déclarent que le Cameroun n’est pas la côte d’ivoire en reprenant une expression chère à Biya « le Cameroun c’est le Cameroun ».

Tout en évitant de faire dans le divinatoire c’est-à-dire dans une science politique prémonitoire, nous allons glisser notre modeste expertise dans ce sujet en vue de voir de plus près des éléments de convergence et de divergence qui peuvent motiver respectivement les partisans du Camerouno-pessimisme et ceux du camerouno-optimisme. Le Cameroun recèle t-il des ingrédients à même de déboucher à un cocktail de boucherie humaine après le départ de Biya ?

Brève incursion dans les causes probables du crime ivoirien

La côte d’ivoire s’enlise dans le doute après la mort du Césaro-papiste Houphouët, valet de la France qui a maintenu le pays dans la paix grâce aux méthodes focardiennes basées sur un tonton-macoutisme qui ne donnait aucune chance à l’érection d’une pensée politique alternative. Une stabilité qui masquait d’un profond malaise qui hantait le pays.

D’abord la colonisation qui n’avait pas fait ses adieux, par conséquent  la Côte-d’Ivoire est restée colonisée, privatisée, bref néo colonisée par la France au vue de l’implantation politique et économique de nos amis gaulois dans ce pays francophone, le plus important du pré-carré français. A coté de la France qui maintenait la population la tête sous l’eau en protégeant le dictateur Houphouët, il va naitre un sentiment nationaliste très exacerbé avec un FPI tapis dans les buissons pour ne pas parler de clandestinité. Ce qui va permettre l’implantation d’un dragon politique qui va avaler toute l’élite, à savoir le PDCI (catch all party tropicalisé). Ainsi la notoriété de Houphouët donc celle de son dragon politique était loin d’être inquiétée.

La stabilité politique sous Houphouët va également masquer les clivages ethno-régionalistes entre les divers segments sociaux. Parmi lesquels, les mandés (malinké, Dan, Kweni), les Gur (les voltaïques Senoufo, Koulango et Lobi), les Kru (Wê, Bété, Dida, Bakwe) et les Akan (Agni, Baoulé, Avikam) entre autres. Si Houphouët arrive à réparer l’injustice donc les « nationaux » se disaient être victimes face aux « renégats Dioulas » (expression de Blé Goudé), immigrés, grâce à une institutionnalisation de la prévarication, il amplifia de plus en plus les frustrations de ces populations « dioula » du nord  pourtant ivoiriens eux aussi.

Houphouët va donc bricoler une ethnocratie que Akindès appelle « Aristocratisme Akan » qui ne pouvait pas domestiquer longtemps les antagonismes de frustration que ce régime avait créée entre les ethnies ivoiriennes et entre le peuple et le néo colonisateur. La nomination d’Alassane Ouattara comme premier ministre fait également partie de ce bricolage du problème ethnique en voulant gérer par le haut un problème qui se posait par le bas.

Au-delà de l’insuffisance d’un régime eschatologique, incapable de se réadapter, Houphouët va mourir au pouvoir sans poser les jalons d’une transition pacifique, en effet il s’est laissé submerger par l’illusion de l’immortalité du prince c’est-à-dire malgré son état comateux, Houphouët ne songeait pas à une côte d’ivoire sans lui. Il n’avait pas posé les bases d’une alternance bien négociée surtout, lorsqu’on est prévenu par Ignatieff que « les états dont la légitimité repose sur le charisme d’un individu ne peuvent que se disloquer à sa disparition ».

Le Cameroun connaitra t-il l’implosion après la mort du charismatique Biya ?

Similitudes entre régime de Biya et celui de Houphouët sus évoqué

Le premier trait de ressemblance est sans doute la longévité excessive de Biya au pouvoir qui venait de fêter ces 31 ans au sultanat présidentiel de Yaoundé. Le deuxième reste la Méthode Russe héritée bien évidemment des réseaux focardiens avec des simulacres de compétitions électorales démocratiques non concurrentielles. Ce qui crée une légitimité fictive d’un président bien aimé. Comme Houphouët, le régime Biya possède un dragon politique, le RDPC qui avale corrompt toute l’élite qu’elle soit politique, religieuse, intellectuelle ou traditionnelle. Ce dragon politique a également une forte chance de se disloquer à cause des dissensions patrimoniales des Biyayistes comme ce fut le cas du démembrement du PDCI par les Houphouëtistes.

Les frustrations créées par l’injustice sociale restent étouffées par l’emprise que le charismatique chef de l’Etat a sur les forces armées qui veillent à ce qu’il n’y ait pas de revendications subversives. Au lieu d’un peuple qui vit dans la paix, il est mieux de parler au Cameroun d’un peuple qui vit dans la peur. La paix ou la stabilité politique du Cameroun est de façade. Cependant est ce pour autant que le Cameroun de Biya ne se démarque-t-il pas de la côte d’ivoire d’Houphouët ?

Divergences

Le Cameroun est multi ethniques comme la cote d’ivoire mais avec plus de 210 groupes sociologiques. A coté des grands complexes ethniques qui ne sont d’ailleurs que les ethnonymes (Béti du centre, nordiste et bamiléké de l’ouest) on retrouve plus d’une centaine d’ethnies aux langues multiples. Il est difficile de faire une carte ethnique du Cameroun.

En plus de cela, le pontife de yaoundé a ce mérite de paraitre moins tribaliste et de gérer objectivement ces segments sociaux à travers l’intégration nationale très poussée qui est entrain d’être soutenu par une décentralisation effective qui avance à pas d’escargot. Le Cameroun ne fait pas face au problème de « camerounais d’origine ou non » (camerounité) qui pourrait faire l’objet d’une théorisation et instrumentalisation comme le cas de l’ivoirité. Idéologie FPI des années 1980 réappropriée, réactualisée et conceptualisée par le PDCI et Nyangoran Bouah. Le Cameroun n’est pas aussi privatisé par une métropole étrangère, si cela a été le cas dans le passé, aujourd’hui le pays reste ouvert à divers prédateurs étrangers (Chinois, américains), ce qui parait difficile pour les français de s’immiscer d’une manière flagrante dans les problèmes camerounais sans se soucier des investissements américains (Pipe line Tchad Cameroun) et chinois (projets structurants).

Si Houphouët a passé ses trente années de pontificat dans une quiétude totale, Biya ne connait pas de repos, en face on retrouve une opposition, pas seulement partisane, qui demeurent en permanence très réfractaire à son mode de gouvernement d’où le recul qu’on observe dans la gestion des affaires publiques. Le régime Biya contrairement au régime d’Houphouët ne connait aucun homme fort, tous ses collaborateurs sont exposés à ses fougues, ce qui désacralise le caractère essentialiste d’une quelconque élite et rend le dauphinat ouvert à tous. Le Cameroun ne connait pas de deuxième homme fort ni de troisième homme, il n’y a qu’un homme fort et un seul : Biya. La transition est discrètement montée car l’événementiel dans le processus décisionnel est loin d’être une gymnastique prisée par Biya.

Conclusion du décryptage

Au vue des divergences et convergences, Certes le Cameroun est exposé à une crise après le départ de Biya, mais pas une crise ethnique, nationaliste et religieuse comme dans le cas ivoirien c’est-à-dire un conflit « Glocalisé » (mélange de local et de global :Appadurai).

Deux types de crises guettent le Cameroun : la révolution de palais (exemple malien avec ATT) ou un deuxième printemps négro-camerounais (révolte populaire ou révolution). Dire que le Cameroun ne va connaitre aucune instabilité politique après le départ de Biya c’est être trop excessif, tout simplement parce que la décompression d’une démocrature ou d’un autoritarisme démocratique, susceptible de conduire à une démocratie effective, exige dans toute nation une pause insurrectionnelle.

 


Cameroun: Remaniement ministériel imminent, les marabouts sont de plus en plus courtisés…, L’heure des transactions souterraines!

Les marabouts sont sollicités tous ces derniers temps par les ministres qui ont perdu le sommeil au Cameroun depuis la publication des résultats des dernières législatives. En effet comme il est de tradition après de telles échéances, le président procède à un remaniement ministériel. Il s’agit généralement soit, pour sanctionner ses collaborateurs qui ont fait des mauvais scores électoraux dans leurs fiefs respectifs, soit pour récompenser des élites ayant permit au parti de glaner des scores albanais.

Les ministres et les élites se battent pour le maintien ou l’accession à la mangeoire surtout lorsqu’on sait l’opulence insolente et les largesses dont bénéficie un ministre au Cameroun. Ces derniers depuis un bon bout de temps se livrent à toute sorte de pratiques malveillantes pour sauver leurs postes.

Le couloir le plus sollicité est celui du mysticisme d’ailleurs une intrigue selon laquelle une élite de la localité de Soa aurait enterré un bœuf dans son domicile fait les choux gras de la presse. Il s’agit d’influencer mystiquement les prochaines nominations du chef de l’Etat, les guérisseurs en profitent pour vivre le beau temps. Ces derniers ont installés leurs cabinets chez certains ministres afin de les protéger tout au long du processus décisionnel contre de forte somme digne d’un poste de détournement de fonds publique. On aperçoit depuis peu des individus d’un autre genre au coté de ces ministres ; les marabouts sont devenus presque comme des gardes du corps.

D’autres ministres, à défaut de faire squatter les guérisseurs traditionnels dans leurs palaces ont opté pour une thérapie à distance, on les aperçoit régulièrement dans les sentiers qui mènent aux tréfonds des villages surtout ceux de la région de l’Est et de l’Extrême Nord. Ils convoquent leurs nouveaux protecteurs à venir faire des incantations nocturnes dans leurs bureaux respectifs. C’est la panique totale chez ceux des ministres qui s’investissent dans cette nouvelle pratique politique que la science politique devrait désormais considéré comme sous-champs disciplinaire sous le nom de « Sorcellerie politique ».

Les forces de l’invisible ont du pain sur la planche, presque toutes les élites ont abandonné leurs destins ministériels entre leurs mains. A coté des marabouts, les charlatans, les pasteurs et les grands maitres des ordres ésotériques sont interpellés dans ce combat mystique pour influencer les décisions du Chef de l’Etat. Les populations voisines des palaces des ministres n’hésitent pas à aller assister aux grandes veillés de prière que leurs voisins de luxe organisent, surtout qu’il y a généralement une distribution des dimes et une gastronomie afin d’encourager la clientèle à continuer de soutenir le pasteur pour le maintien ou la nomination au prochain gouvernement.

Les élites sont plongées dans les neuvaines de prières, les rituels sont présidés par les pasteurs des églises dites réveillée dont les portraits en grand format jonchent tout les grands carrefours de Yaoundé pour plus de publicité et de clientèle que constitue aujourd’hui les ministres et autres élites. En fait les temps sont dur, il faut rapidement faire un gros chiffre au près des ces clients de luxe en attendant une autre veille de remaniement.

Les ministres ne reculent devant aucun sacrifice aussi vil soit-il, comme en témoigne cette rocambolesque histoire du bœuf enterré vivant par une élite dans son domicile. De même les accidents routiers de nos jours sont mis à l’actif de ces sacrifices perpétré par les élites de la localité selon la conception locale. Monsieur Dénis Boileau, président de la grande loge unie du Cameroun, serait également saturé par les visites de ces coreligionnaires, élites politiques.

La force mystique est associée à d’autres manœuvres peu orthodoxes. La presse à gage est mise à contribution pour abattre des adversaires politiques ou éventuels concurrents. Il n’est pas évident qu’on retrouve dans les parutions de la presse écrite la titraille qui n’accable pas un homme politique, les informations fondées ou non tournent généralement autour des détournements des deniers publics.

L’autre forme de disqualification des potentiels adversaires consiste à faire un pseudo listing des soit disant futur membres du gouvernement. Alors que c’est un subterfuge ironique qui vise à jeter le discrédit sur ses personnalités du moins dans le contexte camerounais, « être cité par un journal dans une futur liste du prochain gouvernement c’est une outre façon d’hypothéquer les chances d’être nommé, c’est une autre façon de te tué politiquement » dira un responsable politique de l’UPC à l’émission Arène à Canal 2.

En somme les ministres et autres élites ont perdu  le sommeil, par conséquent, y a un manque de concentration sur les budgets programmes actuellement en discussion au parlement qui est en pleine session budgétaire. Il faut recourir à tous les procédés pour entrer ou se maintenir au gouvernement, tout le capital relationnel est mobilisé dans le souci de négocier avec le cabinet civil. Certains mettent la qualification du Cameroun au mondial 94 à l’actif du président de la république.

Seulement, où est passé la rationalité, la compétence et la méritocratie dans toute cette euphorie métaphysique.

 


Éliminatoire Brésil 2014: Les lions domptables redeviennent du moins indomptables, ils se sont arrogés l’unique ticket que le Roi Pélé avait offert à l’Afrique-Centrale en 2012.

Après avoir alimenté les faits divers en 2010 en Afrique du Sud avec zéro point dans la besace ;
Après avoir manqué deux coupes d’Afrique en espace de deux ans ;
Après une entame des éliminatoires de la Coupe du monde très tumultueuse ;
Après l’emprisonnement du président de la Fédération Camerounaise de Football ;
Après la suspension du Cameroun en juin dernier par la FIFA;
Voici les lions ! Voici quatre buts contre un qui donnent des raisons d’espérer.

La Tunisie, qui jusqu’ici usurpait la place du Cap Vert, a été définitivement désillusionnée par Samuel Eto’o et ses coéquipiers au stade Ahmadou Ahidjo. Le compteur-but a été ouvert par Achille Webo dont les derniers buts remontent en 2005, quand le Cameroun infligea une raclée à la Côte d’Ivoire à Abidjan. Ensuite viendra le tour de Benjamin Moukanjo, et les deux buts de Jean 2 Makoun juste après l’unique but tunisien. Encouragé par un public lassé de contre-performances, les lions domptables sont redevenus sur ce coup, indomptables.

Cette victoire aujourd’hui vient traduire en actes les propos de Pélé en 2012 à la CAN Guinée équatoriale/ Gabon, où il avait déclaré venir remettre à l’Afrique centrale un ticket d’invitation pour le Brésil. Apparemment, c’est le Cameroun qui s’est emparé du ticket. Une occasion pour le peuple camerounais de soulager le stress peinant des soubresauts qui émaillent son quotidien. Nous autres, sommes tenter d’exulter, de s’extasier, mais nous sommes habitués à de telles euphories nous commande un brun de scepticisme sur le bien fondé de notre présence prochaine au Brésil, surtout, lorsqu’on maitrise l’environnement dans lequel les lions, désormais indomptables, ont arraché cette qualification.

Il y a quelques jours, lors de la dernière conférence de presse de l’équipe nationale à Mbankomo, Eto’o Fils s’est justifié sans cesse sur la raréfaction de ses buts avec l’équipe nationale en fustigeant les conflits internes et l’environnement managérial. Les raisons ainsi invoquées sont d’ailleurs celles qui ont motivé son annonce officieuse de se désengager de la sélection nationale après le match contre la Libye. Nul n’ignore la hache de guerre qui a toujours existé entre le clan d’Alexandre Song et celui du joueur de Chelsea. Eto’o disait tantôt, que son option de jouer plus en retrait lors du match allé à Tunis était justement du fait qu’il était volontairement sevré de passes venant des milieux de terrain dont, Alexandre Song. Malgré des comités de réconciliation depuis l’aventure Sud africaine, rien n’a changé dans les rapports entre les deux camps.

En dehors de ce protagonisme endogène à l’équipe, il y a les problèmes de management. L’espérance de vie des coachs à la tête de la sélection nationale depuis 2003 est de 7 mois. Pour preuve durant ces éliminatoires le Cameroun a connu trois sélectionneurs (Denis Lavagne, Jean P Akono et Volke Finke). Ce qui entame considérablement la stabilité nécessaire pour un rendement positif dans le temps. Cette instabilité est la conséquence d’une gestion mafieuse du football par les instances qui en ont la charge, à savoir, le ministère des sports et la fédération, qui ont installé un bicéphalisme à la tête de l’équipe qui à son tour, crée un imbroglio quant à la lisibilité de la gestion de l’équipe nationale.

Jusqu’ici rien ne prouve que ces tares sont résolues car,  pour cette qualification  il a fallut une paix de brave, conjoncturelle,  entre les Pro-Eto’o et les Pro-Alexandre Song. Il a fallut que le président de la Fécafoot soit incarcérer et qu’un comité ad hoc, dit de normalisation prenne les rênes  de la fédération. Sans oublier le rôle capital du président de la république Biya, qui a eu à exhorter Samuel Eto’o Fils à ne pas prendre sa retraite internationale, et de revenir sur sa décision officieuse. Il a fallut également que le publique et les médias soient convaincus que le football reste un palliatif aux conséquences scabreuses de la gestion opaque des ressources des camerounais par une élite prévaricatrice.

Comme on peut bien le remarquer, l’accouchement a été laborieux, comme d’habitude, la cosmétique et le bricolage nous ont propulsés dans les rue de Rio mais, les problèmes persistent. Ils pourront encore s’aggraver avec toute la mafiaisation qui sera montée par des opérateurs du crime à col blanc autour de l’équipe. La mallette d’argent disparue entre les mains du ministre Kontchou à la World Cup 94 est un exemple de ce qui va suivre. Des problèmes de primes, d’équipementiers, des joueurs sélectionnés souterrainement ou nuitamment sur la base de rien, bref la guerre de positionnement sur les dimes qu’offre la FIFA dans de pareilles circonstances. Ça sera du business pur et simple, avec des délégations composées, non pas des compétiteurs, mais des membres de la famille du ministre et proches, les amantes des responsables au détriment des Fan clubs, résultat : on risque d’aller faire simplement du tourisme dans les rues de Rio de Janeiro !


Cameroun: Biya vient d’ « inaugurer le début des travaux » du deuxième pont sur le Wouri

Nous sommes passés d’un discours de pose de la première pierre à un procès de l’opposition camerounaise au vue des interventions respectives du délégué de  la communauté urbaine de Douala et le ministre Laurent Esso qui se sont attardés sur les « apprentis sorciers », les « maquisards de l’intrigue, du ridicule » et qui ne cessent d’emprunter le chemin de la violence.

Arrivé dans la capitale économique pour la première fois le 24 février 1983, Paul Biya a frôlé le tarmac de l’aéroport de Douala à 12h 13mn. C’est avec un air quelque peu crispé que le président a procédé au cérémonial protocolaire traditionnel. Il rejoindra les berges du fleuve Wouri une heure plus tard sous les ovations des militants de son parti. Tous les députés et sénateurs, tout parti confondu, actuellement en pleine cession budgétaire du côté de Yaoundé ont abandonné les hémicycles pour vivre cette cérémonie.

Le délégué du gouvernement à la communauté urbaine de Douala Docteur Fritz Ntonè Ntonè  et le représentant des élites du département du littorale, le ministre d’Etat Laurent Esso vont se succéder au pupitre pour chanter les louanges et autres formes d’ « alléluia » au pontife national. Curieusement leurs interventions vont devenir une occasion pour eux de faire le bilan électoral du parti de Biya, de stigmatiser et de criminaliser l’opposition en la traitant de tous les noms d’oiseaux.

Et pourtant, il s’agissait de la pose de la première pierre d’un édifice national qui doit faire la fierté de toutes les sensibilités nationales. D’ailleurs le leader du Manidem, parti farouchement opposé au régime de Yaoundé a demandé à ses militants d’aller soutenir le président de la république dans ce projet. Le pont sur le Wouri, faut-il le rappeler, est un symbole d’intégration nationale et sous-régionale puisqu’il servira une fois de plus de connexion entre le Cameroun anglophone et francophone. Il est déplorable qu’on ait assisté à une politisation partisane, une criminalisation de certains camerounais dans un projet financé par  le contribuable camerounais.

Après les discours bancals de ses prédécesseurs au pupitre, Biya fera preuve de maturité, en surpassant ce débat pro-RDPCiste. Il va remercier tous les acteurs politiques camerounais pour le calme observé lors du dernier scrutin. Il célébrera avec une grande joie la coopération française puisque la France finance les ¾ de ce projet. Il dira que ce pont devra être le symbole d’un Cameroun émergent.

La cérémonie s’achèvera par la pose de la première pierre à proprement parlé et la présentation de la maquette,  un exercice qui mettra au devant de la scène la nouvelle ambassadrice de France au Cameroun madame Christine Robichon.

C’est l’occasion de saluer la sorcellerie des chefs sawa qui a dévié la pluie, alors que la météo prévoyait une grande tornade sur le site de l’évènement. Ces derniers ont par ailleurs offert en guise de cadeau  un Banc traditionnel qui aurait dormi plusieurs semaines dans la forêt chez les ancêtres. Une manière de consolider l’éternité de Biya au pouvoir.

La cérémonie c’est achevé autour de quinze heure, la suite du séjour du président à Douala prévoit l’inauguration de la centrale à gaz de Logbaba demain, entre temps Douala reste paralysé et c’est l’économie qui pâtit.

 


Cameroun : enfin Biya quitte le palais pour les berges du Wouri après la promesse de campagne de 2011!

Le président de la République du Cameroun qui venait de célébrer sa longévité au pouvoir, veut traduire en acte une promesse qu’il avait faite lors de son dernier passage à Douala dans le cadre de la campagne électorale de la présidentielle d’octobre 2011.  Il s’agit de l’ « inauguration du début des travaux » du deuxième pont sur le Wouri, un projet qui a fait sans cesse l’objet de renvois aux calendes « bantoues », d’ailleurs l’ancien ambassadeur de France au Cameroun, Bruno Gain, avait couru le risque d’annoncer le 7 décembre 2012 à Douala que les travaux débuteront en janvier 2013.

M. Biya vient lancer officiellement les travaux de ce deuxième pont de près de 800 mètres qui doit décongestionner les embouteillages du pont actuel dont la traversée reste un parcours du combattant de deux heures pour les automobilistes. La capacité du pont actuel s’avère déjà caduque face à la montée exponentielle de la population de Douala. Ce pont qui a été inauguré le 15 mai 1955 sous le coup de griffe de la technologie française pour favoriser l’extraction de la ressource agricole du Sud-Ouest et du Nord-Ouest ne répond plus aux attentes économiques de l’heure. La traversée du fleuve Wouri est désormais l’une des principales voies de sortie des marchandises qui accostent sur le port autonome de Douala, le plus important de la sous- région Afrique centrale, et qui ravitaille les pays voisins d’où l’urgence de ce deuxième pont alternatif. Ce pont en gestation viendra donc répondre à la fois à une demande sociale et économique.

« L’inauguration du début des travaux »  du 2 e  pont sur le Wouri rentre en droite ligne des projets structurants lancés par le Cameroun pour atteindre l’émergence d’ici 2035. Le coût de ce chantier est évalué à 119 milliards de F Cfa dont 87 seront financés par la France c’est-à-dire, 65,5 milliards par l’Agence française de développement et 21,6 par le contrat de désendettement développement  (C2D); un sursaut d’orgueil de la France face à la Chine qui contrôle la majeure partie des projets structurants ! Un bon coup également pour Biya de remonter dans les sondages après la parodie de scrutin du 30 septembre.

Tout est fin prêt pour accueillir l’Homme Lion, le Nnom Ngui (le mal dominant des chimpanzés). Le service public est arrêté, tous les fonctionnaires et élites sont désormais en train de colmater les brèches pour faire bonne presse devant le manitou national. Une propreté de façade a été lancée par la communauté urbaine de Douala, toutes les forces de sécurités sont immobilisées sur les sites de passage du président avec un déploiement excessif des éléments de la force d’intervention rapide (BIR) qui dorment depuis une semaine sur ces sites. Quelle mobilisation pour aussi peu ?

En croire les sources bien introduites, le président Biya profitera de ces deux jours pour visiter d’autres chantiers en cours à savoir, la centrale à gaz de Logbaba qui alimente 20 entreprises de Douala dont les trois brasseries sous l’ingénierie de la britannique Victoria Oil Gaz (Rodéo) pour un coût total de 70 milliards de F Cfa. Seront également visitées  par le pontife de Yaoundé, les deux cimenteries nouvellement mises sur pied dans la même ville pour soutenir la demande de la construction de ce deuxième pont.

La réalisation de l’ouvrage a été attribuée à Sogea-Satom en regroupement avec d’autres structures de Vinci Construction (Dodin Campenon Bernard, Sogea TPI) et Soletanche Bochy (Soletanche Freyssinet) pour une durée de travaux de 44 mois.

L’effervescence spectaculaire des membres du gouvernement qui ne cessent de multiplier les descentes sur le site qui abritera le chantier donne  l’impression de l’inauguration du début de l’opérationnalisation du pont, et pourtant il s’agit simplement de la pose de la première pierre. D’ailleurs combien de chantiers inaugurés par Biya n’ont jamais connu la pose de la dernière pierre ? Voilà un autre cosmétique pour maintenir les Camerounais dans l’espérance, dans un long terme qui peut avaler plus de trois générations.

 

 


Cameroun: AES se désengage de la SONEL avec pour seul bilan: les délestages intempestifs!

Lors d’un communiqué de presse du 7 novembre, le groupe AES corporation a confirmé son départ du Cameroun après 12 années de délestage. Arrivée en 2001 dans le cadre de la privatisation des entreprises Etatiques, AES-SONEL a suscité beaucoup d’espoir chez les consommateurs de l’énergie électrique, malheureusement quelques années plus tard elle repart en laissant les camerounais dans le noir. Elle avait alors acheté les 56% des actions de la SONEL (entreprise locale) et les 44% étaient restés entre les mains de l’Etat.

Implanté jusqu’ici dans plus de 25 pays dans le monde le groupe d’Arlington s’est décidé dans un souci de rationalisation de se désengager dans 8 pays dont l’inde, la Pologne et le Cameroun ainsi que 21 filiales. En ce qui concerne le Cameroun, AES a revendu ses actions à une entreprise britannique Actis qui dit-on jouit d’une grande expérience qu’elle a démontré en Afrique du sud, Kenya, Côte d’ivoire et Tanzanie entre autres.

Le montant de la transaction s’élève à 220 millions de dollars (110 milliards de FCFA) dont 180 seront versés après la finalisation du contrat. Il faut rappeler que depuis Mai 2013 Actis avait pour challenger dans le rachat des actions de AES le groupe Emerging Capital Partner (Ecp) mais au finish le groupe Actis a bénéficié de l’appui des institutions de breton-Wood afin de rafler la mise.

Durant son séjour au Cameroun Aes a consenti des efforts inefficaces pour résorber le déficit d’énergie électrique avec la mise sur pied de la centrale de Dibamba d’une capacité de 86 KW et le Projet Kribi Dévelopment Power (KPDC) d’une capacité de 216 KW. Au moment de son départ AES s’en va en laissant les camerounais dans le noir. Les trois quart du pays restent dans l’obscurité totale sans installations électriques, les rares localités qui en jouissent sont sevrés du courant au moins deux heures par jours en moyenne. Les délestages vont jusqu’à plus d’une semaine voire des mois,  c’est le cas actuellement d’une bonne partie du quartier Etoudi qui abrite la présidence de la république du Cameroun.

AES part laissant derrière elle ses sous traitants aux aboies, lors d’une conférence à Douala ces dernier réclamaient 6 milliards à l’entreprise qui, de son coté, réclame aux consommateurs camerounais 13 milliards de FCFA d’impayés. Ce départ suscite également des inquiétudes quand au devenir de ses ex-employés qui redoutent l’impact de la politique managériale du nouvel arrivant, Actis.


Nord Cameroun: 2 morts et plus de 25 blessés lors d’un affrontement sanglant entre la milice du Lamido de Rey-Bouba et les commerçants révoltés par la dictature de ce chef

C’était mercredi dernier dans la commune de Touboro dans le département du Mayo Rey lorsque les membres du Fada (milice du Lamido), ont fait une incursion dans le marché local pour exiger le payement des impôts. Un recouvrement qui incombe pourtant à la mairie.

En effet, il faut préciser que la commune de Touboro avant de passer entre les mains de l’UNDP, est restée longtemps entre les mains du parti au pouvoir RDPC sous l’autorité du Lamido de Rey Bouba qui avait alors délocalisé les bureaux de recouvrement de la mairie vers sa concession (chefferie). Aujourd’hui la nouvelle équipe dirigeante est entrain de mettre fin à cette vielle pratique en ramenant l’administration locale à la mairie. Ce que n’entend pas le Lamido Aboubakari  Abdoulalye Vice-président du sénat .

La milice de ce dernier est alors descendue dans le marché armée de flèches,  elle a commencé à tirer sur les commerçants résistants. Ces derniers, révoltés ont décidé de répliquer, bilan:  une dizaine de blessés et deux morts, des boutiques saccagées et une pick-up 4X4 emportée par les flammes.

Un des Dogaries du Lamidat justifie ces attaques en estimant que les membres du Fada ont apporté légitimement leur soutien aux anciens percepteurs (sous le régime RDPC) qui se sont sentis menacés par les nouveaux, installés par la nouvelle équipe communale (UNDP). Selon le sous préfet Alim Soulé cette escalade de violence est liée à la victoire du parti du ministre d’Etat Bello Bouba qui a humilié le sénateur, Lamido, dans son propre fief politique.

Dans tous les cas le calme est revenu la même soirée  grâce à l’intervention du Bataillon d’intervention rapide (BIR) et des autorités publiques.

Le maire de la localité, Koulagna Nama, crie au complot des élites du RDPC, parti du Lamido qui tentent de rendre son séjour à la tête de l’exécutif communale difficile, surtout que ces incidents interviennent juste après le rejet par la cour suprême de la demande en annulation de la victoire de l’UNDP introduit par les camarades du Lamido.

Cet affrontement pose une fois de plus la problématique de la confusion entre le pouvoir traditionnel et politiques dans les sociétés africaines. Depuis la colonisation les chefs traditionnels ont toujours gardé leur pouvoir charismatique en dépit des évolutions politiques. Ils sont des potentats dans les régions de l’ouest et du nord Cameroun  et croient avoir le dessus sur l’administration dans une logique de l’Etat seigneuriale où les chefferies sont des Etats en l’intérieur de l’Etat et concourent à la perpétuation du pouvoir de Yaoundé.

L’hyper puissance du Lamido de Rey Bouba n’est un secret pour personne, il a toujours géréla localité de Touboro comme une zone de non droit pour l’autorité administrative. A titre d’exemple, les nombreuses plaintes introduites par les peuples Mbororos pour dénoncer les exactions et abus de ce Lamido n’ont jamais inquiété ce dernier, le gouvernement est toujours resté inactif et muet. Les fonctionnaires sur place affirment éviter d’ « avoir le Lamido sur leur dos ».


Cameroun: 6 novembre 1982 – 6 novembre 2013, 31 ans plus tard…

31 ans après le 06 novembre 1982, pratiquement plus de sept mandats présidentiels aux Etats Unis, quel bilan pour Biya ? Renouveau, promesses non tenues, rigueur et moralisation, tentative de putsch, colère de rue, villes mortes, tout un gouvernement en prison, UNC, RDPC, projets structurants, paix ou peur, gérontocratie, émergence 2035, démocrature, sénat, pluralisme autoritaire, chômage, tripartite, démocratisation,  paupérisation aggravée… voilà d’une manière triviale, ramassée le bilan du président Paul Biya : un cocktail de bluff et d’avancées notables qui concoure jusqu’ici à la stabilité du régime.

L’arrivée de Biya au sultanat d’Étoudi (Palais présidentiel) en novembre 1982 a suscité beaucoup un espoir chez les camerounais qui n’arrivaient pas à digérer le triste souvenir des méthodes tortionnaires du régime Ahidjo. Economiquement les choses allaient quand même mieux, d’ailleurs le nouveau locataire du sultanat présidentiel narguait les bailleurs de fonds en déclarant en 1985 « Nous n’irons pas au FMI ».

Quelques années plus tard nous étions à genoux devant les institutions de Bretton-Woods, sous ajustement structurel, l’arrivée de monsieur Edouard Balladur 1993 va tout compliquer avec la dévaluation du Franc CFA. Les salaires sont réduits au trois quarts, la crise économique paralyse le pays, pour Biya les camerounais doivent retrousser les manches pour atteindre ce fameux « bout du tunnel », mieux le point d’achèvement qui sera accorder par le Club de Paris en avril 2006. Depuis lors un document de stratégie pour la croissance et l’emploi en remplacement de celui de la réduction de la pauvreté qui était conjoncturel c’est-à-dire atteindre les OMD, est élaboré et mise en vigueur en 2009. La croissance a repris, les projets structurants ont été lancés avec pour ambition de faire du Cameroun un pays émergent horizon 2035.

Pendant  tout ce processus qu’est ce qui a changé dans le quotidien des camerounais ? Rien, Rien du tout en dehors de la paupérisation qui suit son cours, les infrastructures existantes chantent leurs dernières messes de requiem, les bourses d’études ont été suspendues, les jeunes pensent désormais qu’ont peut devenir riche qu’en volant, qu’en tuant (crimes rituels et braquages), qu’en se prostituant, qu’en liquidant leurs derrières aux réseaux homosexuels, et qu’en intégrant les loges exotériques….Aujourd’hui plus de 40 000 cas de paludisme sont signalés au Nord Cameroun, 2600 morts en espace de 9 mois, le taux de morbidité a atteint les 27% (source :Minsanté).

Sur le plan politique, l’UNC change de dénomination pour devenir RDPC, Ahidjo accusé de complot contre la sureté de l’Etat est condamné par contumace par Biya à une peine capitale en 1983. Le 06 avril 1984 Biya déjoue un coup d’Etat, il fait payer la note à son prédécesseur en le contraignant en exil ainsi que son cadavre qui moisit à Dakar. Biya va maitriser toute révolution, il matera la colère subversive des années 1990 en faisant des concessions sur le pluralisme et la liberté d’expression de façade, avec une tripartite sans objets et une élection présidentielle douteuse en 1992.

Au lieu d’une nouvelle constitution, Biya va procéder en 1996 à la révision de la constitution autoritaire de 1972 voilant ainsi les yeux de la communauté nationale et internationale. Depuis 1996 les choses bougent au pas d’escargot, les scrutins sont remportés frauduleusement à la russe par le RDPC qui c’est érigé en branche politique du régime bureaucratique de Biya. En 2008 la constitution est manipulé par Biya afin de rendre désormais les mandats illimités au Cameroun, la même année il mate sévèrement les jeunes affamés qui avaient pris le chemin de la rue pour en découdre avec le pouvoir éternitaire. Entre temps le Cameroun a eu gain de cause dans le litige transfrontalier de Bakassi l’opposant au Nigéria devant la cour internationale de justice.

Bravo à Biya pour sa sagesse de suivre la voie d’un règlement pacifique !

Cette même année l’opération dite de chasse aux prévaricateurs (opération épervier) va s’intensifier. Le Cameroun Classé en 1999 et 2000 le pays le plus corrompu au monde, Biya prendra des mesures fortes mais inefficaces, tout un gouvernement se trouve actuellement en prison : un premier ministre (Enoni Ephraïm), trois secrétaires généraux à la présidence (Edzoa Titus, Atangana Mebara…), un ministre de l’intérieur (Marafa) et bien d’autres, les directeurs généraux des sociétés d’Etat (FEICOM, SODECOTON ?…)….

Bref le climat sociopolitique du Cameroun rend suffisamment compte du bilan mitigé de Biya qui est devenu au bout de 31 ans un Totem National (Homme lion).


Cameroun:6 novembre 1982: D’Ahidjo Babatoura à Biya Barthélémy ….

Si l’histoire dans la logique occidentale est un passé basé sur les écrits, comme on nous a enseigné à l’école, l’histoire de mon pays est basé sur les faits. En 53 ans d’existence le Cameroun n’a connu que deux présidents : Ahidjo et Biya qui au départ entretenaient d’excellents rapports basés sur la confiance mais qui ont finis par se trahir. Qui a été Agrippine ? Qui a été Néron ?

L’histoire de ces deux dinosaures commence officiellement en octobre 1962 lorsque le plus controversé Louis Paul Aujoulat scelle le concubinage entre les deux hommes. Ce dernier confie à Ahidjo Babatoura, son protégé, Biya Barthelemy, élève à l’institut des hautes études d’Outre mer, ce jeune technocrate n’a que 29 ans. Depuis lors, il va connaitre une ascension exponentielle dans le sérail.

En Octobre 62, Biya occupe le poste de chargé de mission à la présidence de la république; en 1964 il est nommé directeur du cabinet du ministre de l’éducation William Eteki  Mbouma ; 1965 il est secrétaire général du même ministère ; juillet 1967  il est directeur du cabinet civil du président de la république ; Janvier 1968, il est secrétaire général de la présidence, cumulant la fonction de directeur du cabinet civil ; en juin il est promu au rang de ministre d’Etat; en 1975 il devient premier ministre et le 6 novembre 1982 il hérite de la présidence de la république.

L’accession de Biya à la magistrature suprême est le fruit d’une série de décrets ou simplement du pouvoir discrétionnaire d’Ahidjo Babatoura, d’ailleurs ce dernier affirmera au quotidien Cameroun tribune trois mois après sa démission que : « c’est parce que je l’ai apprécié que je l’ai nommé premier ministre et l’ai confirmé à ce poste après la révision constitutionnelle qui faisait du premier ministre le successeur du chef de l’Etat en cas de vacances (…), j’avais la possibilité au moment de ma démission de mettre fin à ses fonctions de premier ministre et de le remplacer…».  Jusqu’ici les noces connaissaient leurs heures de gloire malgré les réticences de Germaine Ahidjo.

Ahidjo, craignant l’impact de sa maladie sur la fonction présidentielle, il appela Biya le 4 novembre 1982 et lui donna une heure pour lui confirmer son engagement à assumer la succession car d’autres candidats plus tenaces et puissants étaient aux aguets, en l’occurrence, Moussa Yaya, Sengat Kuoh, Ayissi Mvodo et Samuel Eboua. Biya sans tarder va réaffirmer son engagement au père de la nation et il fut président deux jours plus tard.

En guise de reconnaissance envers Ahidjo, Biya va reconduire Bello Bouba au poste de Premier ministre, et ira jusqu’à proférer solennellement une déclaration anti républicaine lors du discours d’investiture en ces termes: « Quant à la fidélité, d’ordre politique, elle est celle à un homme, S.E Ahmadou Ahidjo, celle à un peuple, le peuple camerounais…». Selon des témoins, le portrait d’Ahidjo restera plus d’un mois dans le bureau de Biya.

Cependant  malgré son retrait, Ahidjo est plus présent  que jamais et c’est le déclin de la relation entre des deux hommes : Qui sera Agrippine et qui sera Néron ? La Suite de l’histoire !

Nonobstant la maladie, Ahidjo se lance dans une intense activité politique. Curieusement le malade maintient un agenda présidentiel, il rend visite au président Nigérian de l’époque Mr Shehu Shagari accompagné des membres du gouvernement au mois de décembre 1982.

Il impose par mois deux réunions des instances supérieures du parti (UNC) qu’il préside personnellement ; le jeune président  remplaçant y est alors relégué au second plan puisqu’il est vice-président du comité central. Ahidjo  dira même, s’adressant à Paul Biya le 11 décembre 1982 : « M. le président de la république, vice-président du comité central, chargé de diriger ou de veiller à la bonne tenue de ces assises (5e conseil national de l’UNC) a pu le faire d’heureuse manière et m’en a rendu compte ».

En plus, Ahidjo entreprend le 23 janvier 1983 une tournée dans 6 des 7 provinces que comptait le Cameroun, excepté celle du nord, appelant les populations à soutenir Biya. Il s’érige en priorité dans l’ordre protocolaire lors des manifestations publiques si bien que Biya arrive avant lui pour l’attendre. Ce bicéphalisme malveillant conduit Biya à étudier sérieusement l’option d’une retraite effective pour  Ahidjo, qui fait ombrage à son  autorité.

Début des contradictions…

Alors que la constitution dit des partis qu’ils « concourent à l’expression du suffrage universel » et que « le président de la République définit la politique de la nation », Ahidjo déclare le 31 janvier 1983 à Cameroun tribune que « le parti définit les orientations politiques de l’Etat. Le gouvernement applique celles-ci ». Biya réplique à RFI : « Dans la constitution qui…est la règle la plus élevée, il est dit que c’est le président de la république qui définit la politique de la nation ».

Lors des primaires,  Biya souhaite comme la majorité des membres les candidatures multiples au sein de l’UNC, mais Ahidjo va s’y opposer et supervisera en personne les investitures en avril et mai 1983 sans y associer Biya. En outre Biya se rend plus tard à Ngaoundéré pour consulter son prédécesseur pour un réaménagement du gouvernement, non seulement celui-ci ne va pas l’accueillir mais il part plutôt visiter son Ranch et fait attendre Biya ; du retour, au lieu de prodiguer les conseils à Biya, il lui impose plutôt une liste !

Avril 1983, Ahidjo entreprend secrètement une révision de la norma nomarum pour constitutionnaliser l’UNC en parti unique. En mai 1983 il chalenge Biya lors du discours d’ouverture de la campagne en disant « Camerounaise, camerounais » expression réservée au président de la république comme seul habilité à s’adresser à la nation. En juin 1983 Ahidjo convoque une réunion du bureau politique pour le 19 afin de soumettre sa révision constitutionnelle et  n’informe Biya que le 18.

En représailles, Biya remanie son gouvernement le même jour, écartant les fidèles d’Ahidjo cependant il va maintenir le nombre de ministres du nord et va reconduire Bello Bouba comme premier ministre. A la suite de ce remaniement, Ahidjo va convoquer à sa résidence du lac plusieurs membres du nouveau gouvernement ressortissants du nord et va leur demander de démissionner  afin de mettre Biya en difficulté. En conséquence, deux lettres de démission seront établies et signées donc celle de Bello individuellement et celle des autres collectivement. Acte qu’Ahidjo va nier plus tard. Dans la même nuit, Ahidjo à 23 heure rencontrera le Dr Maikano Abdoulaye chez le délégué général à la gendarmerie nationale, M Waziri Ibrahim avec d’autres officiers tous issus du nord.

Par ailleurs Biya ne prendra pas part à la réunion du bureau politique du parti le 19 juin afin d’empêcher les discussions autour de la constitution qui allait consacrer l’immortalité de l’UNC et la suprématie constitutionnelle d’Ahidjo. Ahidjo soupçonne Biya de créer son propre parti.

Sous le prétexte de la traditionnelle présentation de vœux de ramadan au président de l’UNC,  Ahidjo, va se livrer aux bains de foule d’une étrange dévotion.

Comment un homme ayant « délibérément » décidé de rendre la pouvoir pour des besoins de santé pouvait il être aussi symboliquement actif ?

Le 19 juillet 1983 il se rend en France pour une curieuse consultation  médicale  et plus tard sa famille l’y rejoint. Le 27 août 1983 Ahmadou Ahidjo démissionne de la présidence de l’UNC après la découverte d’un complot. Le 28 février 1984il est Condamné à mort par contumace accusé de complot contre la sûreté de l’Etat. Le 6 avril 1984 : Echec du coup d’Etat militaire du colonel Saleh Ibrahim, un proche de l’ancien président Ahidjo.

Le 24 mars 1985l’UNC est remplacée par le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC). Mort le 30 novembre 1989 à Dakar, le corps d’Ahidjo n’a jamais rejoint sa patrie.

Au regard de cette litanie des faits politiques, y a-t-il encore lieu de se demander lequel des deux hommes a été le véritable traitre?

 

 


Une pensée pour Claude Verlon et Ghislaine Dupont

L’assassinat de Claude Verlon et Ghislaine Dupont par les barbares vient confirmer une fois de plus que l’Afrique reste un bourbier pour l’humanité. Je pense que le monde n’oubliera pas facilement cette atrocité d’un autre genre. Les africains doivent comprendre que les autres ne continuerons pas à venir donner leurs âmes en holocauste tandis que eux même ne cesse de s’investir dans la déstabilisions de leur continent.

Pour moi Claude Verlon et Ghislaine Dupont ont aimés l’Afrique et je ne sais pas si en retour l’Afrique les a aimées.

Je saisis cette passerelle de mondoblog pour présenter à mon nom propre et celui de notre association Jeunesse et Citoyenneté Active du Cameroun mes condoléances aux  deux familles si durement abattues ainsi qu’à la grande famille de RFI. Courage à toute l’équipe de Ziaad.

Aristide Mono