Aristide MONO

Les camerounais honorent à peine leurs martyrs!

Durant toute la célébration du cinquantenaire de la réunification à Buea, deux personnages étaient à la une, leurs photographies en grand format étaient exposées au mètre carré. Il s’agit de Paul et Chantale Pulchérie Biya. C’était eux désormais les deux héros de la réunification de 1961 ; une tentative de falsification de l’histoire ! Où sont alors passés nos héros martyrs ? Cette remarque nous donne l’occasion de s’interroger en cette fin du mois de février de ce qu’on a fais des martyrs de Février 2008.

Bref rappel historique

Le 25 février 2008 14 syndicats de transports urbain et inter urbain rentrent en grève pour contester le prix du carburant qui venait de passer à 600 F CEFA le litre, ce qui à cout sûr allait entrainer la hausse des tarifs routiers. Le bras de fer ainsi lancé sera récupéré par d’autres catégories sociales dont les jeunes qui vont transformer les griefs des transporteurs à une cause plus globale donc celle de la vie chère. Bénéficiant d’un environnement d’hostilité à la modification de la constitution par Biya pour se représenter éternellement aux élections, les émeutes de la fin vont embraser toutes les dix régions. Certaines radios et télévisons sont fermées, le président de la république ne passe pas par quatre chemins pour déployer la machine répressive, il y a toute une confusion entre sécurité nationale et défense nationale. Il déclare : « Force est à la loi, et tous les moyens seront utilisés». Le bataillon d’intervention rapide, unité de commandos spécialisés dans la tuerie, va implémenter ce discours violent, Bilan plus de 1500 arrestations et cent morts selon La maison des droits de l’homme du Cameroun. Voilà des jeunes qui ne demandaient rien d’autre que l’accès au pain quotidien qui ont été fauchés, des jeunes qui ont donné leur sang pour arracher au régime de Yaoundé l’augmentation les salaires des fonctionnaires de 15% avec des indemnités de logement de l’ordre de 20%.

Ces fonctionnaires ont-ils le simple réflexe de penser à ces jeunes ? Qu’est-ce que la nation a fait d’eux pour honorer leur mémoire durant ce mois de février marqué au Cameroun par la fête de la jeunesse ?

Réflexion

Cette ingratitude envers les héros de la nation n’est rien d’autre qu’une tentative des différents pouvoirs post coloniaux d’effacer la mémoire collective à travers une violence symbolique. Par exemple les livres d’histoires au programme dans les écoles n’hésitent pas apprendre aux jeunes que les nationaliste de l’UPC, les vrais martyrs de l’indépendance, n’étaient que des maquisards. Un qualificatif très péjoratif qui n’a qu’un seul but détruire les vestiges afin de faire du leader du moment le héros national. On nous a fais chanter à l’école primaire cette louange « Paul Biya, le père de la nation… », or il nous semble que le concept de père de la nation en Afrique renvoi au premier président qui n’est qu’Ahidjo dans le cas camerounais. Il s’agit de dissimuler toutes les traces des héros, après 1982, toute une technologie à été mis sur pied pour effacer par exemple le nom Ahidjo, heureusement que l’histoire est têtue. Le stade Amadou Ahidjo est devenu tout simplement stade omnisport.

Lors du discours de Paul Biya à Buea les noms des principaux acteurs de la réunification Foncha et Ahidjo n’ont été émargés nulle part, se plaisant de faire le récit de ses exploits. Pire, leurs veuves encore vivantes sont restée inaperçues à ce cinquantenaire.

En fait en-dehors de quelques initiatives timides portées par certains acteurs de la société civile, la commémoration des martyrs ou simplement des héros nationaux n’est pas une actualité au Cameroun. On assiste au contraire à une falsification de l’histoire nous amenant à constater que cette dernière est rédiger en crayon ordinaire donc gommable alors chaque homme politique une fois au pouvoir s’accapare tous les exploits de ses prédécesseurs. In fine, on peut malheureusement se réjouir que chacun de ces faussaires de la mémoire collective ont cette malchance de subir à leur tour la profanation de leurs figures.

Avant-hier c’était Um Nyobe qui a été traité de maquisard par Ahidjo, hier c’était également la sépulture de Félix Moumier qui était saccagé et profané au Tchad, aujourd’hui c’est la dépouille du président Ahidjo qui est actuellement en exil au Sénégal, et demain à qui le tour ? Wait and see !

Une pensée pour un héros qui vient de rendre l’âme, un proche, un grand homme politique, un écrivain, docteur Charles Ateba Eyéné décédé le 21 février 2014 à l’âge de 43 ans. Une pensée également aux jeunes « exécutés » 2008 parmi lesquels mon ami Wilfried.


Cinquantenaire de la réunification: J.P Kamtchang/ Journaliste-activiste se déchaîne (Exclusivité)

 

« Depuis que je suis à Buéa  je n’ai de cesse de me poser des questions au sujet de ce cinquantenaire, au mieux, de ce 53ème anniversaire de notre Réunification. Pour avoir été berné longtemps au sujet de la symbolique du 1er octobre 1961, les Camerounais sont de nouveau tournés dans la farine avec une autre date, celle du 20 février 2014 qui ne renvoie à rien, sinon qu’à la seule volonté d’un pouvoir central qui manipule sans vergogne les chiffres de l’histoire.

Il faudrait qu’on se le dise, sans toutefois se pardonner ce qui dépend de nous, nos autorités devraient apprendre à respecter les précisions de l’histoire. Car, elles nous permettent au moins de repenser, de célébrer et de prière pour nos héros. Même si ce vocable semble ne pas plaire au pouvoir de Yaoundé qui s’en fou pas mal, à voir de près, les occasions y afférentes.

 

Pis, Buéa a semblée consacrer la journée du 20 février au couple présidentiel. Ce qui est une aberration de plus et de trop du comité d’organisation. Seul signe fédérateur, les drapeaux qui plombent la vue. Entre temps, les photos de M. Biya Paul et son épouse sont ce qu’il y a de mieux à voir au détriment de nos héros, les vrais, ceux qui ont rendu cette Réunification possible le 1er octobre 1962 et non le 20 février de la même année. Combien sont-ils, ces enfants des écoles primaires et des collèges de Buéa, à qui on fait déserté contre leur gré, des cours pour se « sécher » au soleil et à applaudir au passage, le chef de l’Etat- qui savent à quoi renvoie effectivement l’évènement pour lequel ils sont plus spectateurs qu’acteurs, plus subissant qu’agissant ?

Combien d’entre eux savent qui sont les vrais artisans de cette Réunification sans laquelle le Cameroun ne serait un et indivisible aujourd’hui ? Combien d’entre eux ont entendu parler des accords de Foumban et de Bamenda qui ont été les phases catalytiques de cette paix dont seul les Camerounais dans leur immense majorité, sont les garants ? Ou même ces hauts fonctionnaires, au nom des frais de mission qui ont fait le déplacement de Buéa alors que le même évènement se déroule dans toutes les régions du pays.

 

Comme si ça ne suffit pas, les habitants qui viennent de frôlé la barre des 30% d’accès à l’eau potable sont nargués par la bureaucratie bourgeoise en provenance de Yaoundé avec leurs cylindrés, lorsque leurs commerces, leurs seules sources de survie sont fermés toute la journée par les sbires de M. Biya Paul. N’en parlons pas, lorsqu’il leur est interdit de circuler dans leur propre contrée pour des raisons de sécurité de celui qui devrait leur renvoyer l’ascenseur pour les besoins de la cause. Que dire alors, de cet hôte qui est dans la maison et qu’on ne peut voir, pourtant venu commémoré, dit-on, un anniversaire qui est le pont entre toutes les cultures, les religions et les ethnies de notre pays. C’est à se demander si ce pays n’a pas déjà frôlé le ridicule, la honte et la bêtise. »

 

Paul-Joël Kamtchang  / Quotidien Emergence

 

 


Cinquantenaire de la réunification : la cohabitation entre anglophones et francophones

A l’heure où le Cameroun célèbre avec trois ans de retard le cinquantenaire de la réunification, il est important de jeter un regard sur le concubinage entre les deux ex-colonies britannique et française dans la gestion de l’Etat désormais unitaire. La cohabitation entre anglophones et francophones a toujours été animée par la résurgence des replis identitaires amenant à chaque fois le politique à demeurer attentif au problème de l’intégration nationale. Plusieurs astuces sont déployées pour une forclusion des intentions et tensions sécessionnistes portées par l’aile radicale du SCNC, un groupuscule politique qui s’attèle à saper l’unité nationale.

Dans ce sens deux types de thérapie ont été utilisés tout au long de notre histoire, il s’agit, pour reprendre l’analyse du socio-anthropologue Jean Njoya, d’une part, de l’approche « consensualiste » ayant court pendant le monolithisme. Elle a créé une communauté imaginaire (Etat-nation) en voulant dissoudre les individualités culturelles et linguistiques dans l’Etat-nation d’où la création d’un parti unique. Parler d’anglophonie ou de francophonie était un tabou, bref c’était un rejet de la diversité. D’autre part, on a usé d’une approche purement agonistique où il fallait désormais enlever le masque Etat-nation qui tentait de voiler les disparités entre une identité anglophone et francophone. Ayant donc été exacerbée par le pluralisme naissant de 1990, la Constitution va essayer de réguler normativement la gestion des pluralités culturelles en reconnaissant dans son préambule le principe du respect de la diversité.

Malgré l’application de ces deux approches pour une cohabitation entre anglophones et francophones, les grincements de dents persistent chez les populations anglophones, originaires du Sud-Ouest et du Nord-Ouest qui ne tardent pas à dénoncer leur marginalisation. Mais ces griefs ne sont pas portés par les en bas d’en bas, mais par des élites insatisfaites du partage du national cake le qualifiant de léonin.

Il est à préciser que depuis l’institution de la gestion agonistique, un consensus semble se dégager dans la dévolution du pouvoir, le président Biya étant francophone, le poste de premier ministre est resté jusqu’ici une quote-part des anglophones.

Le même équilibrage est ressenti dans le champ politique concurrentiel, certes le parti au pouvoir est né à Bamenda, mais il apparaît comme un instrument politique des francophones, en face on a le SDF (Front social démocrate) plus anglophonisé qui continue à s’affirmer comme le principal parti d’opposition. Le rapport de force électoral est donc partagé entre les deux diversités linguistiques concourant ainsi à l’intégration nationale.

L’acte fort de l’unité des ex-colonies, l’institutionnalisation du bilinguisme, est l’une des caractéristiques du système éducatif camerounais. A côté des établissements spécifiquement bilingues, il est institué des cours d’anglais dans les sections francophones et de français dans les sections anglophones avec un coefficient élevé lors des évaluations. L’enseignement supérieur n’est pas en marge de cette intégration nationale, ici les enseignements sont dispensés au gré de l’enseignant dans l’une ou l’autre langue.

Dans le même sillage d’une cohabitation harmonieuse, l’administration camerounaise est bilingue, les textes sont promulgués dans les deux langues, les annonces et autres affiches en sont également. Les programmes de tous les médias prévoient des émissions en anglais comme en français. On peut donc constater que le Camerounais vit au quotidien avec ce passé colonial même dans le fond de la population moins instruite chacun s’évertue à s’intégrer dans ce biculturalisme linguistique.

Malgré les particularités des systèmes administratifs, la cohabitation est bien coordonnée par exemple dans le cas des textes juridiques (l’héritage du droit anglais et du droit français). Car il faut le rappeler, les anglophones ont hérité de l’indirect rule et les francophone du direct rule des colons gaulois.

Par ailleurs il est à noter que ce qui est vulgairement appelé « Le problème anglophone » pure construction politique, a du mal à imposer son hégémonie dans l’agenda politico-administratif tout simplement parce qu’il y a d’autres grandes identités qu’il faut gérer au quotidien. Il y a le cas de la gestion de l’épineuse cohabitation entre les nordistes musulmans et les sudistes chrétiens, deux complexes ethniques qui jusqu’ici se gardent l’exclusivité de la magistrature suprême. Ces autres replis ethniques, confessionnels viennent atténuer l’exacerbation des identités linguistiques ce qui donne l’impression aux politiciens anglophones qu’on veut banaliser leurs revendications certes pertinentes, mais plus instrumentalistes, puisqu’au fond ils ne sont pas aussi marginalisés que les Pygmées et les Mbororos.

Cependant au-delà de cette gestion plus ou moins louable de la cohabitation entre anglophones et francophones, il y a lieu de craindre une éventuelle fracture entre les deux identités. Comme on l’a dit plus haut, quelques hommes politiques anglophones véreux prônant la sécession tentent d’enrôler les populations anglophones dans une logique d’hostilité prétextant que leur misérabilité relève d’un complot et que les francophones auraient un train de vie princier. Ce qui est une simple manipulation puisque même  francophone, chrétien et béti comme Biya, nul n’est immunisé contre les fougues du système anthropophagique de Yaoundé. Donc, si les anglophones croupissent dans la misère comme tous les autres Camerounais cela est le fruit non pas d’une marginalisation, mais d’une politique publique de privation et de privatisation des ressources politiques, économiques et financières.

La nature plurielle de la culture camerounaise surtout celle issue de la collusion du système britannique et français renforce davantage le statut du pays comme une Afrique en miniature. La complémentarité des traditions linguistiques donne une plus-value au Cameroun qui non seulement est bilingue, mais a plus d’ouverture sur l’espace international avec par exemple son affiliation à la fois au Commonwealth et à l’Organisation internationale de la francophonie.

 

 


Cinquantenaire de la réunification du Cameroun: Au cœur de la conférence de Foumban de 1961

La conférence de Foumban marque le  tournant décisif de la réunification du Cameroun anglophone et francophone, c’est la passerelle qui a permis aux différents protagonistes de fixer les bases constitutionnelles d’un Etat fédéral après moult tractations et rebondissements. Elle se tient précisément le 16 juillet 1961 et marque la volonté des protagonistes de réaliser la réunification du Cameroun.

Il était question de fixer les conditions d’une réunification effective  du Cameroun. Ahidjo était accompagné de certains de ses collaborateurs dont Charles Assalé(le premier ministre) Charles Okala (ministre des affaires étrangères) Josué Tétang (secrétaire d’Etat à l’information) etc. La délégation du Southern Cameroon était composée de John Ngu Foncha, Emmanuel Liffaffe Endeley, Salomon Tamdeng Muna, Augustine Ngom Jua, Nerius Namaso Mbile pour ne citer que ceux là. Les formations politiques qui étaient représentées à cette conférence sont : le Kamerun National Democratic Party(KNDP)  le Cameroon People’s National Convention (CNPC) le one Kamerun mais aussi les chefs traditionnels.

Le temps fondamental de cet évènement consistait en l’élaboration de la constitution du futur Etat fédéral. Mais les conditions dans lesquelles a été organisé ce projet de la nouvelle constitution accusaient un air de duperie puisque Ahidjo avait longtemps à l’avance fait écrire une constitution par des spécialistes français. Les participants du Cameroun méridional eux étaient surpris lorsqu’Ahidjo leur demanda de faire plutôt des observations sur la constitution qu’il leur présentait. Pourtant la délégation du Cameroun méridional croyait qu’ils avaient été invités pour poser ensemble les bases de la nouvelle République. Seul Foncha avait reçu longtemps à l’avance  ce projet de constitution, ce qui avait d’ailleurs choqué les autres membres qui l’avaient découvert à la suite de la déclaration de Foncha pendant de la conférence. Ils étaient  ainsi trahis non seulement par Ahidjo mais également par un des leurs Foncha vraisemblablement pour des raisons d’intérêts particuliers (poste de vice-président). Alors toutes les tractations et stratégies qu’ils avaient mises au point n’avaient pas produit les résultats escomptés.

Néanmoins la délégation conduite par Foncha va étudier le texte et des amendements seront faits ceci à la suite d’un rapport de session remis à la partie francophone. Les amendements portaient sur le drapeau, l’hymne national et la devise, la durée du mandat présidentiel qu’il souhaitait limité à deux mandats et que le siège du gouvernement fédéral soit à Douala, la question des attributions du Président de la République, la proposition d’une assemblée fédérale composée de deux chambres, et de la double nationalité, la suppression du mot indivisible de la constitution, et la question du système éducatif.

La question de la forme de l’Etat qu’il voulait confédéral. A ces amendements Ahidjo rejettera l’idée d’un parlement bicaméral (pour des raisons de coût financier) la capitale fédérale restera Yaoundé, la question de la double nationalité fut également rejetée et les fonctions de président de la république et de vice-président seront assurées respectivement par Ahidjo et Foncha  en attendant que les institutions se mettent en place. Le terme indivisible sera rayé de la constitution, et Ahidjo va préciser qu’aucune velléité sécessionniste ne sera permise. La forme de l’Etat restera l’Etat centralisé.

A la fin des travaux les différentes personnalités à l’instar de Foncha, mais surtout Endeley et les autres vont faire allégeance à Ahidjo et ils vont dire toute leur disponiblité chaque fois que celui-ci les sollicitera. Voilà en peu de mots le contexte dans lequel s’est réalisée la réunification du Cameroun à partir des évènements  de Foumban.


Cinquantenaire de la réunification des Cameroun anglophone et francophone: Vers 1961…

 Contrairement à de nombreux pays  Africains, le Cameroun n’a pas officiellement été la colonie d’une puissance occidentale. Dans les années 1860-1870, Français et Allemands commencent à s’intéresser à ce pays. Pour cela le gouvernement allemand envoi Gustav Nachtigal négocier la mise sous tutelle allemande du Cameroun avec les chefs Dualas. Deux traités en ce sens sont signés avec des chefs de l’estuaire du Wouri appelée « Cameroon River », ce sont les traités germano-Douala.

Le premier datant du 12 juillet 1884 marque la naissance internationale du Kamerun comme entité politique moderne. Cependant avec la deuxième Guerre mondiale et la défaite allemande, la Société des Nations (SDN) et l’ONU son successeur (après l’échec de la SDN) va changer le statut du Kamerun qui, de protectorat, est placé sous tutelle de la France et de la Grande Bretagne. Le 04 février 1916 ces derniers se partagent le territoire camerounais, alors que la France s’arroge les 4/5e du territoire, l’Angleterre se contente des 1/5e .
La France va contribuer au développement politique et économique du futur Cameroun avec par exemple la création des assemblées électives. L’assemblée Représentative du Cameroun (ARCAM) en 1946 deviendra Assemblée Territoriale du Cameroun (ATCAM) en 1952 avec des pouvoirs plus étendus.  Mais tous ceci paraitra insuffisant aux yeux des nationalistes qui vont engager une résistance à l’occupation française en revendiquant une indépendance immédiate et sans condition. Dans cette lutte acharnée l’Union des Populations du Cameroun(UPC) de Ruben Um Nyobe est frappée d’interdiction pour trouble à l’ordre public et association avec le communisme. L’UPC prend alors la clandestinité  et Um Nyobe est tué au cours d’un combat. Le Cameroun oriental deviendra enfin indépendant le 1er janvier 1960.

Par ailleurs, la partie du territoire dévolue aux anglais par le partage de 1916 est devenue le Cameroun britannique (Cameroun occidental), que les anglais divisent en deux parties à savoir le Northen Cameroons rattaché au Nigéria septentrional un rattachement qui sera lors du plébiscite du 11 février 1961, et le Southen Cameroons qui, intégré au Nigéria oriental, se prononcera lors dudit plébiscite pour son rattachement au Cameroun oriental.

 

En effet, jusqu’en 1949, la capitale du Southen Cameroon se trouve à Lagos, puis transférée à Buea. A partir de cette date il est placé sous l’autorité d’un résident qui rendait lui-même compte au lieutenant gouverneur des provinces orientales du Nigéria. Entre 1916 et 1945,  le Southern Cameroon est divisé en quatre unités administratives (Victoria, Bamenda, Mamfe, Kumba) ayant chacune à sa tête un district officer. Les anglais y pratiquent l’indirect rule basé sur la dévolution d’une part de l’administration aux native-autorities sous la supervision des anglais qui consacreront plutôt l’essentiel de leurs efforts au commerce, à l’exploitation des ressources économiques et la soumission des populations à la législation britannique.

 

Alors que les Paramount chiefs à Buéa, de victoria et des Fons à Bali, Bafut, Kom, Bum, Nso et Bangwa dans la politique administrative d’indirect rule ne vont rien faire pour le développement local, les anglais seront accusés de laxisme pour avoir abandonné la colonie aux soins des autorités indigènes et se préoccuper que de l’extraction des richesses. Ceci poussera les camerounais méridionaux à créer des groupes et mouvements de pressions dont le premier est la camerounoons youth league (CYL) née le 27 mars 1940. Essentiellement composé d’élèves, elle a un objectif principal, demander aux anglais une réparation des torts causée sur les plans politique, économique, éducatif, infrastructurel, et bien d’autre.

 

Dans la même foulée, l’on assiste à la création du tout premier parti politique à savoir le Cameroons National Fédération (CNF) du docteur Emmanuel Endeley , qui revendiquait l’érection du Southern Cameroon en région autonome distincte de la fédération nigériane et sa réunification avec le Cameroun francophone. Malheureusement le parti éclate suite aux divergences entres les acteurs, donnant naissance au Kameroon United  National Congress (KUNC) dirigé par N.N MBILE et R.K DIBONGUE. La réunification du Cameroun sera son mot d’ordre et il bénéficiera de l’appuie de l’union des populations du Cameroun (UPC).

 

En 1953, la réconciliation entre ENDELEY et les autres donnera naissance à un nouveau parti, le Kamerun National Congrès (KNC) résultant de la fusion entre le CNF et le KUNC. Le KNC gagne les élections la même année et ENDELEY devient le leader du Business Government. Les anglais prendront très au sérieux les revendications des nationaux et y répondront graduellement, soit à travers des modifications constitutionnelles, soit à travers des conférences réunissant les différents protagonistes, comme celle de MAMFE en 1950 et celle de LANCANSTER HOUSE en 1959.

 

En vue de résoudre définitivement ces revendications indépendantistes et réunificationnistes, les autorités anglaises et onusiennes décident de consulter les camerounais par voie référendaire. La question posée était celle de savoir si oui ou non ces populations voulaient devenir nigérianes ou alors demeurer camerounaises après l’indépendance de leur territoire. La consultation eut lieu le 11 février 1961 et l’option pour l’indépendance avec réunification des deux Cameroun l’emporta dans le Southern Cameroon, tandis que le Northern Cameroon se prononçait pour son intégration à la fédération nigériane.

 

Le Cameroun français cria à la fraude et demanda en vain que justice soit faite et que le Northern Cameroon lui aussi soit rattaché au Cameroun. Les résultats de ce plébiscite donnèrent au processus de l’indépendance du Cameroun britannique et de la réunification son élan définitif.

 

A cet effet des rencontres eurent lieu entre camerounais orientaux et occidentaux en vue de trouver la formule appropriée pour leur nouvelle cohabitation. Ils se rencontrèrent tour à tour en juin 1961 à Bamenda, puis à Foumban en juillet 1961 et enfin à Yaoundé  en août1961. Au finish la forme fédérale fut adopté. Tout était alors fin prêt lorsque l’indépendance du Cameroun britannique fut proclamée le premier octobre 1961, sa réunification avec la république  du Cameroun indépendant s’ensuivit immédiatement, et JOHN GU FONCHA  qui avait gagné les élections avec son KNDP devint le premier ministre du Cameroun anglophone et vice- président de la république fédérale du Cameroun alors qu’Ahidjo étendait son autorité sur le nouveau territoire. La réunification aboutira à l’unité nationale de 1972.

 

 


Cameroun : fête de la jeunesse… Au-delà de la cosmétique (Rétro)

Une célébration instituée en 1966 par le premier président Ahmadou Ahidjo dans le but de réunifier les jeunesses du Cameroun occidental et celle du Cameroun oriental. Elle était célébrée la jeunesse camerounaise durant tout le mois février. C’était si coûteux qu’on a décidé de la réduire à un jour le 11 février. Vrai ou faux voilà ce que disent les officiels. Cette fête permet qu’on évalue la jeunesse dans tous ses aspects afin de trouver les moyens de remédier véritablement à ces épineux problèmes auxquelles elle fait face. Il s’agit du chômage, de la précarité, de la dépravation des mœurs, du problème de l’insertion des jeunes par les aînés dans tous les cercles de pouvoir, de l’alcoolisme, et de la sous-scolarisation, etc.

Les agapes et festivités prennent plutôt le dessus sur les problèmes de fond qui devraient intéresser ce que nous avons évoqué un peu plus haut. Les alléluias et hosannas sont souvent scandés à l’adresse du pape Barthélémy avec la complicité coupable des misérables instituteurs. Les effigies du césaro-papiste sont également brandies par les plus jeunes souvent las d’attendre les bouffons et serviteurs du roi alors même qu’ils sont suffisamment éreintés par la famine et les intempéries de la saison sèche.

Que fait le gouvernement pour résoudre les problèmes des jeunes. Le gouvernement concernant le secteur de l’éducation a réalisé le gros effort en créant par décrets des établissements dans tous les coins et recoins de la République ainsi que dans les hameaux les plus perdus du territoire national. Ces établissements sont souvent vides de personnels qui boudent ces endroits mal aimés de la République. N’y vivent que des métèques et les infrastructures scolaires sont souvent inexistantes. Pour les communautés qui n’ont pas les moyens,  l’école c’est sous l’arbre à palabres ou sous une hutte. Même  à Yaoundé certaines infrastructures scolaires manquent de latrines et de points d’eau potable, les bâtiments sont vétustes. Il y a une kyrielle de déboires comme ça que nous ne pouvons citer tous ici.

L’insertion socioprofessionnelle des jeunes est une préoccupation du gouvernement. Le recrutement à la fonction publique de 25 000 jeunes est l’acte le plus marquant jamais réalisé. Certains programmes : le Pajer-U  et institutions comme le Fonds national de l’emploi contribuent à l’insertion des jeunes dans le marché de l’emploi en octroyant des projets et des formations à cet effet. Voilà les prouesses que nous vantent souvent nos pépés. En réalité tout ceci est comme un grain de sel jeté dans un océan de problèmes liés au chômage. Ceci dû à la mauvaise foi de la bureaucratie atteinte de gérontocratie et de démoncratie, engoncée dans ses oripeaux et dans les miasmes du détournement des fonds publics légendaires est l’ingénierie apportée à la résolution des problèmes de chômage.

L’exclusion des jeunes des cercles de prise de décision est un gros handicap qui empêche sa participation à la gestion des affaires publiques. Les jeunes sont exclus des vrais débats concernant la bonne marche du pays. Ils sont confinés à des fonctions de mobilisation et d’animation or ils devraient avoir leur place dans tous les cercles et positions de pouvoir que ce soit dans les partis politiques, l’administration ou même au sein des associations et autres espaces de sociabilité. Les jeunes doivent rechercher les voies et moyens afin de conquérir leur place dans l’espace public et dans la société politique sans toujours rechercher l’intermédiation des pépés et mémés de la République. Construire et mettre en œuvre des programmes de participation citoyenne à travers une évaluation des politiques publiques et à travers une veille permanente quant à la réalisation des projets et actions de l’Etat. La jeunesse doit offrir sa pugnacité et son énergie à la République en envahissant les structures militantes qu’elle devra créer elle-même pour assouvir son besoin de participation citoyenne et pourquoi pas proposer une alternative présidentielle à cette génération d’octogénaires et de nonagénères prévaricateurs rompus à la tâche malsaine d’agresseurs et de brigands à col blanc.


Quand le bla-bla continu, le chômage continu également de consumer toute une jeunesse!

L’effervescence autour de la fête de la jeunesse au Cameroun comme chaque année essaye de détourner cette tranche d’âge de son véritable ennemie qu’est le chômage. Les discours oiseux par ci, la gesticulation institutionnelle par là, au finish, les « 11 février » passent et la jeunesse trépasse toujours.

La définition politique du chômage ne nous sera d’aucune utilité dans ce billet, la notion sera abordée dans sa perception vulgaire à savoir, des jeunes qui errent à longueur de journée sans rien faire ou simplement font dans la débrouillardise et pourtant dotés d’un capital académique minimum.  Ce que les politiciens appellent sous emploi, le Cameroun en compte un taux de 75%. Le baromètre d’indice de perception de l’ampleur de ce mal qui tue la jeunesse camerounaise n’est rien d’autre que l’observation des milieux universitaires.

Les alentours de l’université de Yaoundé 1 et 2 par exemple sont une illustration type de ce que l’Etat a décidé de faire de sa jeunesse. Le petit commerce de biscuits, stylos dans les brouettes, les taxi-motos, les call-box sont devenus le domaine de reconversion des détenteurs de maîtrises. Dans les mini cités les étudiants arrivés il y a de cela 8 ans restent campés toujours dans les chambres après l’obtention des diplômes, ils finissent par fonder des familles dans ces chambres car sans emploi, ils ont honte de retourner au village tout en espérant qu’un jour Dieu les aidera. Une attente qui fini par bousier tout espoir qu’un parent peut fonder sur son enfant après de longues années d’études.

Les chiffres de moins de 16% du taux de chômage publiés par les autorités relèvent une fois de plus du mépris envers la jeunesse, lorsqu’on sait par exemple que chaque année l’université de Yaoundé 2 accueille plus de 23000 étudiants et que la fonction publique camerounaise ne compte pas plus de 450000 agents. Les discours sur la jeunesse ne tournent qu’autour des promesses, on pourrait dire des duperies à des fins de clientélisme électoral ou d’éviter un éventuel printemps négro africain.

En effet si ce n’est pas un discours qui incrimine les jeunes, par exemple le tapage gouvernemental sur les habillements indécents, se sont les engagements fallacieux. Tenez un an jour pour jour Biya avait annoncé le 10 février la création de 200000 emplois, alors aujourd’hui cet octogénaire peut-il ramasser les mots qui ont franchi le seuil de ces lèvres ? Curieusement alors que la jeunesse attendait une explication ou un aveu d’échec lors de ce 10 février, le président de la république a une fois de plus démontré sa mauvaise foi en affirmant que ces emplois ont été déjà créés. Mais où ? Et quand ? Il s’est targué également d’avoir tenue la promesse de la professionnalisation des Taxi-motos, or Dieu seul sait dans quelles conditions les Taximen-motos sont abandonnés à eux même dans les villes de Douala et de Yaoundé.

La semaine écoulée, le ministère en charge de l’emploi a organisé opportunément un colloque sur la question, juste pour se souvenir des missions qui sont les siennes et rentrer dans le folklore de la pseudo  « Fête de la jeunesse », je préférais parler de « la défaite de la jeunesse ». On pouvait voir des officiels de cette rencontre cosmétique bomber le torse dans les médias en affirmant que se sont les jeunes qui ne veulent pas se rapprocher des offres d’emploi. En fait de quel emploi parlent-ils ? Il ne s’agit qu’une gesticulation pure et simple !

Un certain nombre de programmes gouvernementaux ont été élaborés pour accompagner cette gesticulation institutionnelle pour escroquer la jeunesse. On peut citer la mise sur pied du fond national de l’emploi (FNE) le pacte national pour l’emploi des jeunes (PANEJ), le programme d’appui à la jeunesse rurale et urbaine (PAJER-U), le projet d’appui aux acteurs du secteur informel (PIAASSI). Toute cette armature d’institutions n’apporte aucune plus value à la résorption du problème du chômage ambiant.

Dans un pays où il n’existe aucune gratuité effective du service de l’Etat, où les étudiants par exemple n’ont droit à aucune facilité, où la création d’une PME est conditionnée au monnayage, dans un pays l’accès à un emploi se fait par cooptation, deux alternatives s’offrent aux jeunes : la facilité et le suicide.

Le chemin de la facilité est l’une des trajectoires qu’emprunte la jeunesse à savoir, la criminalité, la prostitution et l’adhésion aux réseaux sataniques pour vite s’enrichir. De ce qui est du suicide, on a l’abandon totale d’une jeunesse à la nicotine, elle dépense ses maigres réserves dans les alcool et la drogue dans l’optique de noyer les soucis avec tous ce que cela implique comme marche vers la mort.

Alors que faire ?

Il n’y a pas de miracle à faire ni d’inventer un fil à couper le beurre. Le gouvernement avec l’aide des experts avait déjà dégagé plusieurs pistes de solutions seulement au Cameroun tout est discours, tout est théorie. Il faut juste mettre en pratique des propositions faites dans le document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE):

–          Promouvoir la création des PME en soutenant les jeunes et en levant les barrières institutionnelles aussi en assainissant le milieu des affaires ;

–          La mise en adéquation de la demande d’emploi ;

–          L’amélioration de l’efficacité du marché de l’emploi.

A ces solutions gouvernementales il faut :

–          Combattre la corruption et la longévité aux affaires ;

–          Réduire les matricules fictifs ainsi que le cumul des fonctions ;

–          Orienter les apprenants vers un enseignement professionnel technique au lieu de fabriquer des littéraires bureaucrates ;

–          Sortir de la gesticulation institutionnelle.

 


Université camerounaise: Entre notes sexuellement transmissibles et banditisme à col blanc

La semaine qui s’achève a été marquée par la tenue d’un colloque sur le harcèlement sexuel dans les milieux académiques et le scandale financier des dirigeants de l’université de Douala avec 17 sanctions disciplinaires dont 14 assorties d’un préjudice financier, pour un montant total de 2 851 913 653 FCFA. Quelle image ?

La rectitude morale a foutu le camp dans les universités supposées être des pôles d’excellence y compris dans les mœurs, curieusement elles sont devenues des laboratoires d’une ingénierie de prévarication aggravée et à ciel ouvert. Déjà en 2012 les plus hautes autorités de l’université de Yaoundé 2 dont le recteur et les doyens avaient été sanctionnées par le control supérieur de l’Etat et relevées de leurs fonctions. C’était une honte totale pour ces enseignants de rangs qui étaient contraints de faire profil bas devant leurs étudiants et surtout qu’à cette époque un collectif des étudiants avait manifesté au campus pour précipiter le départ de ces malfaiteurs économiques. Cette semaine l’université de Douala a offert un spectacle digne d’un repère de détourneurs de fond publics.

Le professeur Bekolo Ebé Bruno ancien recteur de l’université de Douala a été constitué débiteur de l’institution de la somme de 2 422 926 236 FCFA et a écopé d’une amende spéciale de 2 000 000 avec une interdiction de toute responsabilité de l’Etat pendant 5 ans. L’ex-vice recteur Professeur Ekodeck Georges Emmanuel a été constitué débiteur de 2 065 335 FCFA et une amende de 300 000 lui a été infligé. De même le directeur de l’Institut universitaire de technologie de l’université de Douala, Ayina Ohandja Louis Max a été constitué débiteur envers ladite entité de la somme de 91 898 480 et une amende de 2 000 000 lui a été infligée.

Le conseil supérieur de l’Etat a également reconnu :

–          Monsieur Mboudou Auguste, ex directeur des affaires administratives et financières, débiteur de l’institution de la somme de 24 949 405 FCFA

–          Madame Nsimi née Ebelle Nyame Monique, ex-directeur des infrastructures, débitrice envers l’université de Douala de la somme de 26 791 323 FCFA

–          Monsieur Ndongo Léon, ex-chef de la division du budget, débiteur de la somme de 120 346 615 FCFA

–          Monsieur Dedou Thomas, comptable matière de l’université de Douala, débiteur envers l’institution de la somme de 67 994 358 FCFA

–          Monsieur Pokem Jean Marie, intendant principal du restaurant universitaire, débiteur de la somme de 76 681 198 FCFA

En fait le listing est loin d’être exhaustif.

Voilà autant de Milliards volés en fumée lorsqu’on sait dans quelle promiscuité croule nos universités ou on manque de tout et où les étudiants éprouvent une peine à s’acquitter des 50 000 FCFA d’inscription de même que 100 FCFA pour avoir droit à un maigre plat de haricot chaque jour au campus.

Par ailleurs les enseignants et autres dirigeants ne s’arrêtent pas au simple vol des deniers publics, ils vont jusqu’au harcèlement sexuel dont jusqu’ici seules les filles étaient victimes, mais aujourd’hui les jeunes garçons sont poussés à la sodomie par leurs enseignants. D’où la réflexion engagée par les enseignants eux-mêmes pour stopper la saignée des notes sexuellement transmissibles.

Comment ça marche ?

Il s’agit tout simplement des étudiants qui refusent de céder aux avances de leurs enseignants qui, furieux, conditionnent leur validation des unités d’enseignement par un passage à l’acte forcé. L’attribution d’une moyenne est tributaire d’un rapport sexuel préalablement consommé par le correcteur qui n’est rien d’autre que l’enseignant. Il est donc dans ce cas difficile de résister aux avances du professeur car ton année académique en dépend, l’étudiant résistant peut se voir attribuer des notes catastrophiques ou simplement qui n’apparaissent jamais dans les listes au barbiard.

D’autres ne passent pas par mille chemins pour accomplir la sale besogne, ils les dragues en leur proposant d’avance de bonnes moyennes. Cette pratique de harcèlement est davantage prisée par les encadreurs de bas échelles par exemple les chargés de travaux dirigé plus en quête de notoriété libidinale que scientifique, ils résument leur supériorité académique par le nombre d’étudiants victimes de leur acharnement.

Les plus touchées sont les jeunes filles et les plus traumatisés sont les jeunes garçons parfois contraint pour des raisons de survie académique surtout chez les plus ambitieux et plus passionné d’une carrière académique ; de même que celles qui préparent les mémoires ou les thèses de doctorat. Les directeurs de recherche à défaut de proposer aux apprenants l’adhésion à une loge maçonnique ou rosicrucienne exigent que ces derniers deviennent leur boite à jouissance.

Ceci n’est pas sans conséquence, d’une part il y a des étudiants qui trouvent en cela une facilité pour accéder au niveau supérieur, ce qui pose le problème de la compétence effective des jeunes diplômés plus tard enseignants et autres qui n’ont aucune base épistémologique. De l’autre coté on a des carrières académiques purement détruites, des rêves brisés chez ceux qui au nom de la dignité finissent par opposer un non catégorique à ces bourreaux sexuels d’un autre genre. De même ceux qui cèdent par contrainte en plus du traumatisme, nourrissent tout au long de leur vie un ressentiment énorme pouvant conduire dans des cas à des fins plutôt tragiques, aussi bien du côté de la victime que celui du bourreau.

Mais il faut reconnaitre en outre que les enseignants de leurs cotés subissent eux aussi un harcèlement des étudiantes hantées par la facilité. En fait, la corruption physique et morale sont leurs armes, celles-ci offrent gracieusement leurs charmes à ces enseignants frileux de sang neuf.

Ainsi va l’université camerounaise qui veut conduire le pays vers l’émergence, une université devenue le refuge des harceleurs sexuels et des bandits économiques de grand chemin.

 

 


« Repenser et reconstruire l’opposition camerounaise »

Repenser et reconstruire lddTelle était la thématique du colloque du 7, 8, 9 novembre 2012 dont les actes ont été resitués jeudi dernier dans un livre de 230 pages produit par les animateurs de la « Grande Palabre » et préfacé par l’éminent penseur africain Fabien Eboussi Boulaga. Il s’agit d’une ressource scientifique conçue par le Thing Tang de la société civile pour mieux équiper les partis politiques surtout ceux du groupe oppositionnel afin de tenter de rééquilibrer le rapport de force largement favorable au parti au pouvoir.

La vingtaine de chercheurs associée au montage intellectuel de cet ouvrage pratique se s’est penchée tour à tour sur une espèce d’évaluation du processus démocratique au Cameroun, de ce qui est de la compétition électorale et aussi sur des propositions pour une réinvention de l’opposition. En effet à cause d’un manque d’aggiornamento, l’opposition a fini par ressembler au parti au pouvoir par exemple dans la néopatrimonialisation des instances du parti et des maigres bénéfices politiques engrangés et également dans la reproduction des goulots d’étranglement en termes programmatique et mobilisationnel.

Il est à reconnaitre que l’ordre politique est déséquilibré au Cameroun comme tout ailleurs dans les pontificats présidentiels africains. Comme le pense le professeur Eric Mathias Owona Nguini : « certains acteurs sont réduits à une existence quasi animale, à une existence bestiale » tan disque les autres croulent dans un luxe superflu. Alors dans un tel système de distribution et de redistribution des richesses de l’Etat il est difficile qu’un jeu politique conventionnel ait lieu. Ainsi certains s’accordent à la nécessité d’une pause insurrectionnelle concluant qu’il ne peut y avoir alternance démocratique dans cet environnement. Bref socio-économiquement l’opposition est désarmée.

Dans la même veine on peut également remarquer que l’arbitrage politique est partial, les instances en charge des chalenges électoraux sont soit incompétentes, anémiées de pouvoir, soit elles sont de connivence avec le régime en place ou simplement les deux à la fois. Tout semble fait pour faire de l’opposition politique camerounaise une marionnette depuis sa sorti du maquis en 1990, elle est nominaliste, pire encore elle sombre dans un amateurisme criard.

Certes le paramétrage politique concoure à tuer toute velléité d’érection d’un parti alternatif mais il est indéniable que les formations de l’opposition sont comptables de leur propre contre-performance.

Toutes les tentatives de coalition menées jusqu’ici ont buté sur des leaders qui ne veulent pas se distendre de leurs appétits personnels, certains vont jusqu’à participer au partage léonin du National cake saccageant les derniers espoirs que le peuple a bâtit sur eux pour une possible alternance. Il faut une refondation de l’opposition ! C’est le but recherché par cet ouvrage qui n’a pas omis de faire quelques suggestions ou proposition à l’opposition politique camerounaise déjà sans offre politique pertinente.

–          Il faut par exemple que les forces alternatives au régime de Yaoundé établissent une véritable connexion avec la société civile.

–          Il faut qu’elles structurent une pensée politique adossée sur une armature intellectuelle et scientifique afin de serrer les liens avec la sagesse.

–          Il faut qu’elles sachent que ;  la politique est inspiration, rapport au spirituel; la politique est imagination, il faut ouvrir les frontières de son esprit, de son cerveau pour concevoir une vision politique concurrentielle; la politique est stimulation, il faut stimuler pour mobiliser ; la politique est mobilisation et organisation cela passe par la politisation des masses ; la politique a une éthique, elle est passion et motivation.

 


RFI et nous

Quel est son impact sur le quotidien des récepteurs africains ? Quelle est l’idée que ceux-ci se font de ce vecteur de l’information internationale ? La réponse à ses deux interrogations nous plonge dans une sorte de sociologie du média.

En Afrique la radio est l’un des plus anciens médias modernes, car la télévision arrive par exemple au Cameroun à la fin de la décennie 80, le téléphone se vulgarise au début des années 2000 et l’internet s’implante effectivement après 2005. Jusqu’ici malgré les efforts de la presse écrite, la radio est demeurée la principale source d’information. Les postes récepteurs sont presque à la portée de tous, ils sont malléables et les fréquences de modulation radiophonique sont plus accessibles. Il s’est créée en Afrique une proximité voir un copinage entre la radio et l’Africain, qu’il soit accroché sur son palmier entrain de vigner ou simplement derrière son étalage de légumes il est toujours muni de son poste récepteur (poste ordinaire ou téléphone avec radio incorporé).

La vulgarisation des entreprises de communication sociales est tributaire de la libéralisation politique survenue au tout début des années 1990, la multiplication des chaînes radio va alors s’opérer dans ce contexte du vent de l’est qui soufflait sur les régimes autocratiques. Il faut donc comprendre que jusqu’au début de l’amorce de la décompression de l’autoritarisme, seul les médias d’Etat avaient droit de citer, exception faite du moins de la presse écrite. En effet avant 1990 des organes de presse tel que Le Messager de Pius Njawé qui entretenait un discours contradictoire existait déjà.

Pendant que les médias nationaux non gouvernementaux étaient muselés ou simplement interdits, ceux internationaux restaient alors la principale source d’information. Ce qui nous amène à nous pencher sur le cas de Radio France internationale pour répondre aux deux questions posées plus haut.

RFI, malgré l’irruption d’une pléthore de chaines étrangères, n’a  pas perdu son monopole au Cameroun, un rang qui s’inscrit dans l’histoire et continue à être occupé. Alors que les systèmes monolithiques s’activaient à imposer une censure forte aux journalistes, Radio France  Internationale est demeurée presque la seule à fournir une information fiable que la radio d’Etat cherchait à camoufler. Elle continue de détenir l’exclusivité sur certaines informations qui fâchent les gouvernements locaux. Aussi les élites politiques sont plus ouverts à RFI qu’aux médias africains, probablement parce que son auditoire va au-delà des pays et des continents ; c’est une radio mondiale.

Comme sus évoqué, il y a également cette facilité à capter RFI même dans les coins les plus reculés de nos pays où la radio nationale a démontré toutes ses limites. RFI est partout en Afrique. En plus de cette proximité, on peut relever le caractère international de ses informations qui nous mettent au cœur des événements du monde entier. L’africain vit en temps réel au rythme de l’information mondiale au point de parler de 7 milliard de voisins pour reprendre le titre d’une des émissions de RFI.

Il y a une espèce de capacité pour l’africain à faire valoir son opinion, sans risque pour le média d’être censuré, de même que les forums et débats connaissent des intervenants de divers horizons. C’est un espace qui stimule et fait émerger le talent à travers divers concours.

On peut également saluer le rôle de politisation et de médiatisation des problèmes africains par  RFI dans la mise sur agenda internationale des maux qui minent le continent. Sans toute fois être exhaustif dans notre énumération, nous prendrons le cas des crises politico militaires et la violation de libertés individuelles. Le cas malien et centrafricain aujourd’hui bénéficie  d’une grande implication de RFI qui y consacre des pages. Aucune crise africaine ne peut passer inaperçue à RFI de même que d’autres cas comme la pression exercée sur les hommes politiques, les journalistes et autres membres de la société civile. RFI peut être par conséquent qualifiée de voix des sans voix.

RFI produit des énoncés qui visent aussi à persuader son audience, on peut parler d’une fonction locutoire et perlocutoire. Cependant, au-delà de cet impact positif il y a cette appréhension de « mal nécessaire » de la chaîne par certains africains sceptiques très souvent panafricanistes. Il y a une sorte de méfiance vis-à-vis de la radio française.

La perception de RFI par l’africain est liée à l’idée qu’il se fait généralement de la France. Il y a ce soupçon de néocolinisation qui plane, certains parlent d’instrument de la francafrique et de cette francophonie paternaliste. En fait tout se joue sur la nature de l’information, ce qui veut dire que cette perception n’est pas figée mais dépend de la satisfaction ou non du traitement de l’information. L’appréhension est conjoncturel d’où la difficile identification des sceptiques puisque les critiques d’hier peuvent être les laudateurs d’aujourd’hui, mais toujours est-il, on accuse RFI de partialité dans le traitement des informations. On a l’impression que les prises de positions dans certaines situations se font en fonction des choix du gouvernement français et qui par conséquent manqueraient très souvent d’objectivité. Dans cette optique la question de l’homosexualité dans les pays qui la pénalise encore est vue comme une atteinte grave à la liberté de l’individu et remet en question le niveau de démocratie dans ces Etats peut être parce qu’elle a déjà été légalisée en France et dans bon nombre de pays européens.

RFI apparaît aussi comme un moteur de déstabilisation des régimes qui ne font plus l’affaire de Paris. A tord ou à raison les gouvernants africains voient en chaque révélation de RFI un complot visant à mettre en mal le pays. On ne peut pas compter le nombre de fois où les porte paroles des gouvernements locaux sont sorti de leur réserve pour fustiger ou démentir d’une façon très musclée les informations  de RFI. L’élite politique africaine dans sa grande majorité est la plus sceptique du fait que RFI peut faire ou défaire son image. Dans tous les cas, nul ne peut douter de la force politico-médiatique de cette radio.

Un autre effet de RFI perçue comme pervers par les auditeurs africains est cette violence symbolique qui va au-delà d’une francophonie pour aboutir à ce qui peut être qualifié de Francocentrisme. RFI impose la présence de la France dans le quotidien des africains créant l’idée que le pays de de Gaulle est la plaque tournante de l’humanité. Par exemple le président français apparaît aux yeux de certains comme le plus puissant après celui des Etats-Unis, de même que le championnat français parait être le plus animé d’Europe et les matchs des bleus seraient les plus grands derbys de la planète. Ces quelques exemples prouvent que RFI a un impact considérable sur le continent.

In fine, il faut dire, que l’on soit francophiles ce qui implique en Afrique l’amour pour RFI, ou sceptiques, objectivement il est difficile de mépriser le travail d’information et de politisation que cette radio abat en faisant sortir l’Afrique des oubliettes. Bref RFI est toujours au chevet de l’Afrique.