Aristide MONO

Cameroun: « Aucune alternance n’est possible par les urnes (…) il y a une confiscation hégémonistes du pouvoir »

 

GRANDE PALABRE

C’est par ces termes pratiquement apocalyptiques que le politologue Eric Mathias Owona Nguini a conclu son exposé jeudi dernier à l’Hôtel Franco (Yaoundé), un pessimisme partagé relativement par le Docteur Hilaire Kamga qui a affirmé avoir déjà instruit aux membres de sa plate forme « l’offre Orange » de se préparer aux arts martiaux. Des propos qui ont été tenus lors de la conférence mensuelle de la « Grande Palabre » coordonnée par Fabien Eboussi Boulaga et Jean Bosco Talla).

Le thème qui a fait l’objet des débats pour cette édition et qui a réuni une bonne dose d’hommes politiques et para-politiques, était : Quel(s) sens donner aux votes des camerounais lors du double scrutin du 30 septembre 2013 ? Pour apporter un éclairage à cette vaste problématique, un panel garni d’hommes de sciences a été invité à ce dîner politico-scientifique.

Le ton sera donné par le Professeur Mathias Owona Nguini qui s’est appesanti sur le sens de la victoire du RDPC (parti au pouvoir). Pour l’exposant, cette victoire était prévisible, une prévisibilité qui était déjà mécanique au vue du paramétrage verrouillé de la compétition par un parti d’Etat c’est-à-dire adossé sur l’Etat. Ces élections avaient pour but la reproduction de la bureaucratie et de l’hégémonie du parti perpétuel. Bref il n’y avait pas match ! Le vote a été organisé sous le modèle d’une tontine où un seul individu (Biya) bouffe tous les jours grâce à l’aménagement du droit qui lui est toujours favorable en lui permettant de contrôler le jeu. A titre d’illustration on peut noter la loi qui organise ELECAM (organe en charge des élections) ; le code électoral ; la canalisation des institutions en charge du contentieux électoral par Biya.

La victoire du RDPC à la « Poutine » ,305 communes sur les 360, 148 députés sur les 180, est le fruit d’une « hypnose politique », d’un paramétrage politique « oligopolistique » et d’un formatage du substrat du système d’opérationnalisation de la biométrie. Au lieu d’une biométrie on est passé à une Biyamétrisation du vote (Biyamétrie). Cette victoire relève également d’un découpage des circonscriptions à la mesure du RDPC c’est-à-dire la Biyamandering en référence au Gerrymandering. Mathias conclura que la démocratie est impraticable au Cameroun d’où l’impossibilité absolue d’une alternance pacifique : « aucune alternance n’est possible par les urnes ».

Après les interventions respectives du chercheur Hans de Marie Heungoup et du docteur Zélao Alawadi  sur les thèmes ; les forces politiques dites de l’opposition pouvaient-elle mieux ? Et comment comprendre le choix des Camerounais à l’issue de ce double scrutin ? Viendra le tour du docteur Hilaire Kamga qui va entretenir l’auditoire sur la thématique : Election Cameroun (ELECAM) : Satisfecit, complaisance ou connivence ?

Il va planter le décor par la clarification de la perception onusienne d’élection démocratique en fait, elle doit être juste, libre et transparente. Ensuite il précisera que l’élection est un moment de transfert du pouvoir au peuple et qualifiera ELECAM d’escroquerie politique parce que cette institution porte originellement le gène de la stratégie de détournement du vote des camerounais. Sa création a été une régression politique. Le code électoral est également une autre escroquerie politique, une honte pour les juristes qu’ils l’ont conçu car avant sa promulgation ce code avait subi plus de 200 amendements. Au vue de ces incongruités d’ELECAM et du CODE ajouté à cela d’autres actes d’antijeu, les élections du 30 ont été une supercherie.

Hilaire Kamga donnera quelques illustrations :

–          Le directeur général des élections, Sani Tanimou, avait violé le code électoral en arrêtant prématurément les inscriptions pour revenir plus tard sur sa décision.

–          ELECAM est restée muette face à la violation notoire de l’article 87 alinéa 4 du code électoral d’où la tentative du MANIDEM de se faire justice face au non respect par le RDPC des affichages

–          ELECAM a fermé l’œil sur l’usage des moyens administratifs par le RDPC, par exemple le président du sénat, Niat Njifendi a conduit lors de la campagne dans le département du NOUN, un cortège de 21 voitures immatriculées CA (Corps Administratifs)

 

La conférence qui avait démarré à 14h 36 va s’achever à 19h 30 après l’intervention du Professeur Claude Abé sur le rôle de la commission anti corruption (CONAC) lors des élections. OWONA GUINI et Hilaire Kamga s’accorderont avec le philosophe Sindjoun Pokam qu’une pause insurrectionnelle reste la seule option pour une alternance au Cameroun. Seulement cette pause insurrectionnelle devrait se construire dans le temps afin d’éviter de tomber dans le piège des conséquences des révolutions en Egypte, en Libye et en Tunisie.

 


Cameroun: Scrutin du 30: La grande percée des femmes, vers la concrétisation des objectifs de Beijing

femmes S’il y a une mention bien à accorder aux dernières élections couplées au Cameroun c’est bel bien l’amélioration de la représentation des femmes au parlement. Le taux de représentativité est passé de 13,9% à 31, 11% dépassant ainsi des pays comme la France, preuve que le pays de Biya peut faire mieux et arrêter de singer cette dernière.

La promotion de la participation politique des femmes est l’un des enjeux prioritaires de la lutte pour l’égalité perçue également comme une exigence de la démocratie et du développement. Au Cameroun, les femmes restent le plus souvent confinées aux postes inférieurs en matière de politique vu que le ratio des femmes élus maires ou députés n’a pas beaucoup évolué depuis les indépendances en dépit d’un nouvel environnement national et international.

Pourtant le double scrutin du 30septembre 2013  a connu une forte participation de la femme à travers de nombreuses candidatures féminines comme têtes de listes dans les différents partis politiques en compétition, conformément aux recommandations d’ELECAM (organe en charge des élections) en matière de genre. D’ailleurs cet organe a eu à rejeter les listes des partis n’ayant pas respecté cette recommandation.

Les candidates aux élections ont reçu l’appui des associations féministes à l’instar de l’association more women in politics à travers des sessions de formation sur l’ensemble du territoire sur le thème « les clés de la communication pour une bonne campagne électorale efficace » dans le but de mieux les outiller.

Les résultats laissent entrevoir une augmentation spectaculaire de la représentativité  des femmes au parlement, un progrès cependant modérée par le conservatisme machiste maintenu dans les mairies. L’assemblée nationale de la 9e législature est créditée d’une mention honorable contrairement à la 8e en matière de représentation des femmes sur les 180 députés que compte l’assemblée nationale au Cameroun, on compte désormais 56 femmes contre 25 seulement à la précédente législature.

Ici, le rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC)  parti majoritaire au parlement fournit le plus gros contingent avec 47 femmes, 3 femmes députés sur les 18 pour le Social Democratic Front (SDF), 2 femmes sur 5 pour l’union démocratique pour le progrès (UNDP), 2 sur 4 pour l’Union Démocratique Camerounaise (UDC) et enfin 01 femme sur ses 03 élus de l’Union des Populations du Cameroun (UPC).

Cependant, concernant les municipales, le score des femmes restent malheureusement bas sauf dans certaine de ces communes où quelques une des femmes maires sortantes ont été reconduites à leur poste, nous avons l’exemple de l’honorable Françoise Foning à la mairie de douala 5ème,  celui de l’honorable Denise Fampou et le cas de Ketcha Courtes Célestine pour la mairie de Banganté pour ne citer que celles là.

En définitive il faut simplement saluer cette grande  évolution en matière de « démocratie du genre » au Cameroun qui peut déjà se vanter devant d’autres nations à l’instar  de la république démocratique du Congo qui est à 10,4% , du Nigéria 3,7%  de femmes élus dans les parlements nationaux à la date du 31 octobre 2011 ;mais aussi devant bon nombre de pays européens comme le Bahreïn avec 10,0% , l’Ukraine avec 8,0% de femmes à la même date (www.ipu.org).

Seulement beaucoup reste à faire. Bon nombre d’écueils restent à surmonter, par exemple la problématique  de la compétence de ces femmes. Car le sexe dans le contexte camerounais prime sur la compétence dans la dévolution du pouvoir politique. C’est ainsi que certaines candidates mieux compétentes peuvent être écartés à cause de la phallocratie ambiante.

 

 


Cameroun: Rentrée parlementaire: Le doyen d’âge donne de la peine à son auditoire

La rentrée parlementaire de la 9ème législature qui a eu lieu mardi dernier a été présidée par un doyen d’âge qui a donné une peine énorme à son auditoire par une prestation discursive fatigante, interrompue, désordonnée et embrouillée qui faisait somnoler même son propre garde du corps.

Son nom c’est Enow Tanjon, député RDPC du département de la Manyu âgé de 84 ans donc 10 ans de moins que le doyen d’âge du sénat. Ce gérontocrate s’est illustrer tout au long de la cérémonie de validation des mandats des députés par une lecture qui laissait ses pairs pantois et déçus de l’incapacité de ce dernier à débiter 900 mots sans être rappeler à l’ordre par le protocole. Il fallait revenir sur des omissions, des noms qui étaient totalement écorché, ce qui suscitait des rires de l’assemblée qui vivait un scénario théâtrale.

Ce qui fait sourire dans cette piètre prestation , c’est le fait que ce spécimen de député parmi tant d’autres, en état d’incapacité de lire, a 5 ans devant lui pour débattre au parlement et contrôler l’action gouvernementale. A priori tout est parti pour la mise sur pied d’une autre chambre d’acclamation et d’ailleurs toutes les lois adoptées depuis 1997 sont d’origine gouvernementale.

L’assemblée nationale est composée d’un personnel d’une compétence douteuse et d’un niveau de culture politique incertain, il s’agit généralement des hommes d’affaires (Buisnessmen ou bigman) en quête d’immunité ; il s’agit des forces en attentes du RDPC (les retraités du système) et aussi des carriéristes. Dans cette dernière catégorie le président de l’assemblée nationale sortant, candidat à sa propre succession,  est une illustration parfaite. En effet M. Cavaye Yegué Djibril déjà fait 43 ans à la chambre basse et 21 ans à la tête de cette chambre donnant ainsi l’air d’un dépositaire du titre foncier du perchoir de député.

Que peut donc continuer à attendre d’une telle assemble où les députés dorment en pleine séance de questions orales ou écrites ? Que peut-on continuer à attendre d’une chambre qui compte une majorité obèse de 148 sièges pour le RDPC contre 32 sièges pour l’opposition ? Que peut-on enfin  espérer d’une assemblée dominée par les profils proches de celui du doyen d’âge Enow Tanjong ?

Wait and see…


APE Ue-ACP: Pourquoi l’Ue met-elle la pression sur les pays Acp

En son temps, l’Union européenne avait menacé les pays ACP estimant que l’aide publique au développement  pourrait diminuer de 47% en cas de refus des accords de partenariat économique (APE) au délai du 31 septembre 2007. Aujourd’hui la pression persiste avec la menace de l’application de l’amendement du règlement 1528/2007 dès le 1er octobre 2014 en dépit des plaintes qui avait été déposées par certains pays ACP auprès de la commission Européenne pour dénoncer ce harcèlement.

Pour la petite histoire,  les accords APE UE-ACP encore appelés accords de Cotonou ont été signés en 2000 en remplacement de la convention de Lomé de 1975 entre l’Union Européenne et les 77 pays ACP afin de permettre à ces derniers d’exporter les marchandises vers l’Union Européenne à taux zéro. Ces accords prévoient la libéralisation de 90% des échanges entre l’UE et les pays ACP. 100% du marché sera ouvert contre 80 de celui des ACP ainsi, ils peuvent protéger 20% de leur marché en désignant des « produits sensibles ».

A priori ces accords ont l’air séduisants et surtout si on s’en tient aux opérations de charme menées par son excellence Raul Mateus Paula ambassadeur, chef de délégation de L’UE au Cameroun actuellement en fin de mission. Lors d’un diner-débat du GICAM (groupement inter patronal du Cameroun) le 07 mai 2013 il rapportera que l’UE représente 45% du commerce extérieur du Cameroun, lequel a enregistré en 2012 un excédent de 327 milliards de FCFA.

Le Cameroun, contrairement à la majorité des pays de la zone CEMAC, a paraphé l’accord intérimaire le 17 décembre 2007 et l’a signé le 15 janvier 2009. Depuis lors le Cameroun exporte entre autre les bananes, l’aluminium,  le cacao et son bois. Cependant une seule interrogation hante les esprits celle de savoir ce qui se cache derrière ce énième acharnement et que risquent les pays ACP, dont le Cameroun, en ratifiant précipitamment ces accords?

Pour ce qui est du sens caché des Ape ; il y a la fin des pré-carrés qui a fait perdre aux européens  depuis la fin de la guerre froide des ressources dans des  zones  jadis qualifiées de « Zones d’influences en Afrique » avec la montée de l’impérialisme américain (hard, soft et smart-power).  Bref la chine et les Etats Unis ont fait reculés les exportations européennes et sont en passe de rafler les derniers marchés jusqu’ici tenus par les européens.

On peut noter également la recherche des débouchés pour l’union Européenne qui ne cesse de croupir sous le poids de la crise économique et financière avec des pays qui jadis, se moquaient de l’Afrique et qui actuellement sont sous perfusion des « Plans d’ajustements structurels ».

Par ailleurs le plus étonnant dans les accords APE reste la vitesse avec laquelle l’UE veut pousser de force les pays ACP à ratifier ces accords et pourtant en tirant les leçons du passé notamment les accords de défense et monétaire, il est légitime pour les africains de prendre du recul, de faire un peu de prospective avant de se lancé dans un tel accord qui pourrait faire perdre à l’Afrique ce qu’il lui reste d’espoirs de développement.

Le document de stratégie pour la croissance et l’emploi qui est une feuille de route pour l’émergence du Cameroun horizon 2035 ébauche d’ailleurs quelques risques parmi tant d’autres :

« La signature de cet APE sans la prise en compte intégrale du volet développement et mise à niveau des entreprises locales engendrerait non seulement une baisse des ressources publiques internes mais également un afflux des importations en provenance de l’UE. L’Absence de soutien aux industries locales et la production des industries locales s’exposerait à la concurrence des produits à bas prix et de meilleure qualité en provenance de l’UE. Cette perte de compétitivité va engendrer une baisse de la  demande des produits locaux, un déclin de la production des entreprises locales et un détournement du commerce au profit de la zone UE. La résultante sur les finances publiques sera une diminution de recettes internes et un déclin des recettes douanières  (…) La simulation de l’impact de cet accord sans la mise en œuvre de son volet développement et mise à niveau des entreprises locales montre des pertes cumulées de 547,6 milliards de FCFA sur la période 2010-2020 de recettes non pétrolières, dont 459,6 milliards entre 2015 et 2020. Ce gap représenterait en moyenne 0,4% du PIB sur cette dernière période. Cette situation aggraverait le besoin de financement qui passerait de 216,3 milliards en 2010 à 1167,5 milliards en 2020» in Document de stratégie pour la croissance et l’emploi, cadre de référence de l’action gouvernementale pour la période 2010-2020. Aout 2009.

L’APE Ue/Acp risque de transformer davantage l’Afrique en dépotoir de la « Casse européenne ».

Toute les raisons sont ainsi réunies pour légitimer la dénonciation  de cette pression de l’UE qui laisse échapper une forte haleine de néo colonisation économique. Dommage que le Cameroun soit en passe de céder à cet acharnement si on s’en tient à ce communiqué de presse de l’ACDIC du 01 aout 2013 titré : APE : Scandale à la présidence de la république.

Communiqués de presse_APE_web biya


Cameroun: leçons d’une démocratisation escargot

Le double scrutin législatif et communal a permit aux observateurs avertis de la scène politique camerounaise de comprendre que depuis l’avènement du pluripartisme le processus démocratique avance à pas d’escargot. De la campagne à la publication en passant par le vote en lui-même les choses évoluent très lentement.

rfi   Sur les starting-blocks 29 partis pour les législatives et moins de 34 pour les communales (sur près de 201 partis politiques que compte le Cameroun) avec le RDPC comme super favoris.  Néanmoins nul doute depuis les présidentielles de 1992 qu’on assiste à une concurrence déloyale. D’un coté un parti au pouvoir, mieux un parti Etat, qui contrôle la technostructure administrative et qui se sucre des ressources de l’Etat, et en face une opposition essoufflée, mal organisée, à court d’idées face à la machine électorale du RDPC.

La campagne avait débuté timidement le 15 septembre, d’abord du fait du financement qui tardait à tomber du coté de l’Etat, ensuite du sentiment d’une élection déjà pliée d’avance et enfin du désenchantement politique par la population fatiguée des discours politiques proches du  bla-bla.

Cependant la fin de la campagne va connaitre une intensité considérable notamment dans la région du Nord avec l’impact redouté de l’arrestation auparavant de certains apparatchiks de Garoua (Iya Mohamed ET Marafa). Et aussi, l’entrée en scène de la fille de l’ancien président Amadou Ahidjo au compte du RDPC, une pure star politique à la hollywoodienne ! Malgré que cette entrée soit perçue comme une relation incestueuse entre la famille Ahidjo exilée au Sénégal et le régime Biya ; d’où la colère de certains nordistes et la création d’un front clandestin Anti-Aminatou baptisé « Aminatou Tu Mens » (ATM). Un groupe qui va se lancer dans le vandalisme et autres actes d’intimidation à l’endroit de cette dernière.

Dans la même veine la libération de l’ancienne ministre de l’éducation de base Haman Adama qui jusque là  « purgeait » depuis le 06 janvier 2010 une détention préventive à la prison centrale de Yaoundé sera également un temps fort de cette campagne. Elle sera dépêchée par  jet privé par Biya pour rejoindre aminatou Ahidjo. Une détenue qui venait de rembourser le corps du délit (360 000 000 de FCFA qu’elle avait détournée) et qui se présente immédiatement devant les électeurs sans un brun de pudeur politique !!! Où était donc la morale politique dans cette histoire ?

Bref la campagne s’est déroulée avec ses actes d’antijeu habituels: un accès à l’espace médiatique très réduit pour les partis d’opposition, une caporalisation du seul média d’Etat, la « Cameroun Radio And Télévision »,  par le parti hégémonique, abandon du service public par tous les ministres, directeurs généraux, hauts cadre de l’administration… etc. Les programmes n’ont pas été mis en avant mais plutôt l’image totémique de M Biya pour ce qui était du RDPC et le « Biya must go » pour les partis d’opposition.

Si on peut se vanter du calme qui a régné, il faut remercier la forte militarisation du pays le jour du vote. Les cartes électorales étaient biométriques mais curieusement le vote n’était pas biométrique, une vraie informatisation tropicalisé du fichier électoral ! L’on a constaté le rite habituel de fraude : achat des voix à travers le marchandage des bulletins de vote, le bourrage des urnes, l’encre non indélébile d’où les votes multiples, entre autre la falsification des procès verbaux…..

Au Cameroun les tendances ne sont jamais publiées depuis l’entrée en vigueur du nouveau code électorale. Ainsi, il a fallut attendre le 17 octobre pour avoir les résultats des législatives par le conseil constitutionnelle qui auparavant avait déjà rejeté tous les recours en annulation introduits  par les partis. Au final, pour ce qui est des législatives, le RDPC a remporté à la russe 148 sièges contre 32 pour l’ « opposition » à savoir : 18 pour le SDF, 05 pour l’UNDP, 04 pour l’UDC, 03 pour l’UPC, 01 pour le MRC et 1 siège pour le MDR.

Malgré les écarts et égarements observés, il y a quand même lieu de préciser que ces élections ont été les plus transparentes que le Cameroun n’ait jamais organisées tout en saluant un saut quantitatif dans le respect du genre à l’Assemblée Nationale. Le taux de représentation des femmes dans cette institution est passé de 13% (en 2007) à 31% (2013).

Des avancées timides qui permettent néanmoins à Biya de séduire la communauté internationale et de masquer les lenteurs du processus démocratique au Cameroun.

Hommage à l’Honorable Oscar Awafa député suppléant de Santchou dont le corps sans vie a été retrouvé dans son appartement le jour de la proclamation des résultats des législatives aux environs de 11H.

 


Enfin! Akuk people sur mondoblog

Une nouvelle page s’ouvre avec un même regard critique sur la politique dans les pays en voie de désenclavement, du moins pour les internautes, témoins de notre combat pour l’érection d’une Afrique démocratique et prospère. Il ne faut pas forcement être spécialiste pour marquer son scepticisme vis-à-vis de la démocratie tropicalisée en Afrique avec des scores électoraux à la russe à l’exemple du dernier paramétrage de l’assemblée nationale camerounaise qui en dit long.

Par ailleurs nous inscrivons dans une logique contradictoire du courant fataliste et défaitiste (afro pessimisme), d’où notre investissement dans cette nouvelle page que nous offre la grande équipe de mondoblog pour s’affirmer davantage comme promoteur de la démocratie à travers dénonciations, analyses et propositions sur la praxis démocratique en Afrique. Si nous étions adeptes de l’à-plat-ventrisme, nous aurions rédigé une motion de soutien voire une marche de déférence pour témoigner notre gratitude à mondoblog, mais nous pensons que seule notre capacité à assumer et animer avec faste cette page reste la seule manière de dire merci à toute l’équipe de mondoblog.

L’aventure commence avec Akuk People! L«’akuk » en langue béti du Cameroun désigne un arbre dont la serve (amer) renferme les propriétés plus efficaces que la Nivaquine, alors vous avez tout compris !

Nous vous servirons de la politique africaine avec pour spécimen le cas camerounais dont les maigres avancées démocratiques glanées au cours d’un processus escargot relèvent plus de la cosmétique que du réel. Les africains peuvent faire mieux ! Si le catholicisme et l’islam ont connu du succès dans leur phase de domestication en Afrique, pourquoi en terme de démocratie il faut toujours penser que l’Afrique a ses réalités et quelle n’est pas faite pour la démocratie.

Certains dictateurs parlent d’un concept importé et imposé. Drôle de nationalisme réfractaire au changement, qui éprouve des remords à chaque fois que le peuple tente d’arracher son autodétermination ! La démocratie est une nécessité pour tous les pays du monde, l’Afrique n’a aucune excuse pour justifier son retard dans l’appropriation de ses valeurs; plus de 50 ans après on ne peut plus parler de « jeunes Etats».

La démocratie c’est une volonté, une construction qui demande courage et engagement surtout de la part de la jeunesse africaine jadis instigatrice du printemps négro africain des années 90 et récemment du printemps arabe. Voici Akuk People sur lesmisérables.mondoblog.org.

Rester muet c’est une autre façon d’être complice !

Salut et que l’aventure commence !

Aristide Mono