Sanction à l’Université de Yaoundé 2

Article : Sanction à l’Université de Yaoundé 2
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10 décembre 2013

Sanction à l’Université de Yaoundé 2

Créée en 2010 à l’université de Yaoundé 2, la police campus n’hésite pas à interpeller et à expulser les VFSD (ventres, fesses, seins dehors) hors de l’établissement. Stationnée aux différentes entrée du campus elle veille nuit et jour à ce que les étudiants « mal habillés » ne profanent ce lieu de sciences, en offrant leur intimité à monsieur tout le monde.

La sortie musclée des membres du Gouvernement arrivent très en retard par rapport au combat répressif que l’université de Yaoundé 2 mène depuis  des années contre les costumes indécents. Ce combat certes ne s’applique pas uniquement aux jeunes filles mais il faut préciser qu’elles restent les plus interpellées. Quelque soit l’urgence de votre présence au campus, par exemple les évaluations, la police-campus n’a aucun remord dans son job.

Seulement, le Cameroun c’est le Cameroun ! La rigueur de certains de ces éléments cède facilement face au gombo (corruption) qui naît parallèlement dans cette activité de contrôle. Les jeunes filles, sous la menace d’être refoulées, ne tardent pas à balancer un billet de 500 f pour soudoyer cette police qui a fini par prendre goût au jeu. Par conséquent les interpellations sont souvent fantaisistes c’est-à-dire  juste pour arnaquer ou humilier certaines demoiselles ou leurs copains. Alors s’ensuivent généralement de vives altercations verbales ou physiques.

Néanmoins le travail abattu par la police campus est salutaire et laisse transparaître aujourd’hui un résultat avéré. Les étudiantes de l’université de Yaoundé 2 se montrent désormais de plus en plus décentes dans leurs look et habillement à l’intérieure du campus même si une fois hors de l’établissement c’est le « grand déballage ». L’éthique rend hommage au vice ; La morale s’agenouille devant la pudeur ; La dignité s’incline devant l’indécence ; Chacun détruit la nation à son niveau.

En outre malgré l’adversité de la police campus, il y a des jeunes filles qui continuent à la défier. On arrive encore à voir tous les jours à l’entrée principale du campus, des dames refoulées et suppliant les éléments de la police campus afin d’escompter leur indulgence. Pourquoi s’obstine-t-elle à profaner leur corps et désacralisé les parties sensibles de leur profil. En les interrogeant au campus cette matinée, plusieurs raisons sont avancées :

Elles se sentent jeunes, donc plus décontractées dans ses tenues, aussi ces dernières sont plus accessibles aux bourses les plus modestes. Elles estiment par ailleurs que ce n’est nullement une déviance mais un conflit de génération que les aînés des années quatre vingt veulent vainement engagés. Certaines disent qu’ils sont jaloux ! Ça les charmes ! Ils sont encore comprimés dans un moyen âge sans aucune notion de romantisme. Bref c’est la vielle époque !

Lorsqu’on leur demande quel contentieux elles ont contre le « Kaba » (robe traditionnelle en tissu-pagne), elles répondent que ce costume doit rester une tenue exclusive pour des cérémonies traditionnelles. Il ne met pas leurs corps en valeur du fait de la largeur qui la caractérise. Au sujet de la sortie du ministre de la promotion de la femme déclarant la guerre aux VFSD, les étudiantes esquissent un sourire en disant tout simplement que le problème est ailleurs : « On a qu’à interdire l’importation de ses tenues, pourquoi nous agacer ? ». Certaines disent de leur coté que le Gouvernement a mieux à faire : « Les priorités des Camerounais sont ailleurs » ; « Ce n’est pas l’habillement ou la lutte contre les mini-jupes et les strings dehors qui va résoudre le problème de pauvreté, qu’ils nous excusent », dira une étudiante de sciences politique révoltée.

Dans tous les cas la police campus n’a rien à cirer de ces discours. A la question de savoir si eux même ne sont pas fiers de se « rincer les yeux » avec ces tenues, un ami, élément de cette unité me répond en souriant: « Gars ! Est-ce qu’on fabrique, est-ce qu’on a l’autre.  Seulement la loi c’est la loi, les étudiants eux même le savent. Malgré moi je dois sévir même si au quartier je me rends compte que je gatte mes chances de goutter au délice de ces cuisses. Papa ! c’est chaud toi-même tu vois ça comment ? Et si tu étais à ma place tu allais aussi « rincer les yeux » avant la répression».

Bon, en toute honnêteté je ne veux pas être à sa place !

En somme même si l’approche holiste qui est la notre dans l’analyse des faits sociaux nous contraint à jeter le tord sur l’Etat qui en amont ne répond pas aux attentes des jeunes, ce n’est pas pour autant qu’on fermera les yeux sur le caractère débordant et exagéré des tenues des jeunes. Il faut avoir le sang froid pour ne pas succomber aux cuisses et seins exposées à la merci des appétits.

Les filles ont tout démocratisé, assises derrière une moto taxi ou lors de leurs descentes des cars de transport, on est frappé par une migraine visuelle. Certes il y a un problème de dignité, mais celui de la sécurité de ces jeunes filles est plus fondamental. A travers ces costumes excitants elles restent exposées au viol surtout la nuit.

Au finish, je trouve la problématique mal posée lorsqu’ on essaie de juvéniliser l’indécence vestimentaire comme on le fait généralement avec la délinquance en parlant de « délinquance juvénile ». Pris sous cet angle, une certaine catégorie de vieux  elle aussi fait partie de ces délinquants, par ce que  même nos mamans discutent ces vêtements rétrécis avec leur fille dans les marchés de Mokolo à Yaoundé ou de Nkololoun à Douala. Le combat doit être général c’est-à-dire à la fois contre ces vieux et jeunes qui ont égaré la norme et normalisé l’écart.

 

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