L’épineux problème d’adduction d’eau à Yaoundé: à quand le bout du tunnel ?

Article : L’épineux problème d’adduction d’eau à Yaoundé: à quand le bout du tunnel ?
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23 janvier 2014

L’épineux problème d’adduction d’eau à Yaoundé: à quand le bout du tunnel ?

EAU Combien de fois des annonces et rituels ronflants ont été organisés pour signer la fin de la soif des populations ? Aujourd’hui a lieu à Yaoundé l’inauguration du barrage de la Mefou qui doit désormais apporter plus de 50000 mètres Cube dans les ménages de la capitale politique. Wait and see ! Pour le moment penchons nous sur la problématique de l’approvisionnement des camerounais en eau potable dans un pays où chaque département porte le nom du cours d’eau qui l’arrose.

L’approvisionnement en eau potable demeure un casse-tête chinois au Cameroun. En effet, les populations des grandes villes en générale et celle de Yaoundé en particulier vivent un véritable calvaire pour s’approvisionner en eau courante dont la pénurie est devenue légendaire, pourtant ces villes abritent la majorité de la population et sont dans leur quasi totalités équipées en systèmes d’alimentation en eau potable. Ce qui situe ici le taux de couverture à environ 86,2%, mais la réalité de la situation de l’approvisionnement en eau potable en milieu urbain est traduite par le taux d’accès direct des ménages à l’eau potable qui est de l’ordre de 29% pour un nombre d’abonnés estimé actuellement à 226 638, donc très bas.

L’adduction d’eau regroupe les techniques permettant d’amener l’eau depuis sa source à travers un réseau de conduites ou d’ouvrages architecturaux (aqueduc) vers les lieux de consommation. Le terme d’adduction vient étymologiquement du latin : ad ducere (mener ou conduire vers, amener…). Seulement, depuis quelques années déjà, les structures en charge de conduire l’eau vers les consommateurs y parviennent avec beaucoup de peine. La ruée vers l’or bleu constitue désormais une gymnastique qui entre dans le quotidien des yaoundéens.

Dès les premières heures de la journée, il faut visiter tout les points d’eau possible, question de maximiser ses chances de trouver le précieux sésame. En réalité les habitant de la cité capitale ont presque perdu le sommeil ou alors dorment en gardant une oreille attentive sur leur robinet, guettant impatiemment le retour du précieux liquide. C’est ainsi que dans tous les points de ravitaillement, de longues files de bidons, bassines, cuvettes et autres bouteilles attendent sagement, parfois en l’absence des propriétaires qui les laissent là en attendant le signal. Le fait est que dans certains quartier l’eau n’est disponible que nuitamment, dans d’autres par contre il faudra attendre plusieurs jours voir des semaines. Comme l’on peut l’imaginer, c’est une situation plutôt insupportable, désagréable et même invivable, si tant il est vrai que l’eau c’est la vie, comment comprendre que dans un pays comme le Cameroun qui est doté d’un fort potentiel hydrologique capable de répondre aux besoins en eau de ses habitants sans trop de difficultés.

Cependant, l’on se souvient qu’à l’époque de la défunte société des eaux du Cameroun ( SNEC ), les coupures étaient presque inexistantes, et quand bien même çà arrivait, celles-ci ne s’éternisaient pas. L’on est tenté de se demander que s’est-il passé entre temps, pourquoi la structure actuelle en charge de la distribution de l’eau peine telle à remplir ce rôle avec succès ? D’aucun pourrait apporter diverses explications à cette situation, entre autre la démographie croissante dans nos grandes villes principalement sous l’action de l’exode rural, pourtant la situation n’est pas meilleur en zone rurale où l’accès à l’eau potable et aux infrastructures d’assainissement de base reste limité.

Conséquence, le risque de maladies dues à la qualité de l’eau augmente tout comme les maladies de la peau, pour ces populations désormais vulnérables. Face à cette situation, les pouvoirs publics ont pris des mesures visant à résoudre le problème, mais qui s’avèrent peu efficaces. C’est dans cette logique que le gouvernement retient notamment dans la lettre hydraulique urbaine d’avril 2007 le partenariat public-privé qui se décline par la création d’une société de patrimoine, la Cameroun water utilities corporation (CAMWATER), à capitaux publics, chargée entre autres de la construction, de la maintenance et de la gestion des infrastructures de captage, de production, de transport et de stockage de l’eau potable, puis le recrutement par appel à la concurrence d’une société fermière privée, la Camerounaise Des Eaux (CDE) chargée entre autres de la production, de la distribution, de l’entretien des infrastructures et la commercialisation de l’eau potable.

De même l’on note également la signature par le ministre camerounais de l’économie avec les autorités chinoises d’un accord cadre de prêt portant sur un peu plus d’un milliard de yuans, soit environs 84,7 milliards de francs Cfa destiner au financement des projets d’adduction d’eau potable dans 9 villes du Cameroun. Par ailleurs, la camwater reconnait que 65% de la population n’a pas encore accès à l’eau potable. Raison pour laquelle le gouvernement s’est engagé dans un vaste programme de construction de stations de pompage, telle que celles ‘Ayatto à Douala ou encore celle de la Mefou pour Yaoundé sur laquelle camwater compte pour résorber les problèmes d’eaux dans la capitale politique du Cameroun. A ce titre, 50 000 mètres cubes devraient arriver à Yaoundé dont 25 000 dans les prochains jours et les 25000 autres un peu plus tard.

Hormis les 50 000 mètres cube de la Mefou, la société fait mention de la station d’Akomnyada vers la localité de Mbalmayo qui produit déjà 100 000 mètres cube d’eau et qui va être renforcée. Ces projets, selon les autorités en charge de la question, une fois exécutés permettront la réduction des problèmes d’eau que connait la ville de ngola. Des affirmations qui au regard de l’évolution de la problématique d’approvisionnement en eau dans les villes du pays semble d’avantage proche du slogan.

La statistique d’un besoin de 300 000 mètres cubes attribuée à la ville de Yaoundé et sur laquelle repose l’ensemble des projets d’adduction d’eau ne semble pas correspondre à la réalité actuelle et surtout futur. Ce chiffre est utilisé par l’administration depuis 2009 et des experts estiment que la situation a du évoluer depuis lors. D’un autre côté, la ville de Yaoundé soutenue par des Bailleurs de fonds mais aussi plusieurs investissements privés est en train de connaitre un gros processus d’urbanisation pour laquelle l’adduction en eau potable est une nécessité. La situation est telle que les populations ont été poussée à la résignation. Dans de nombreux quartier de la ville, l’eau n’est plus arrivée dans les ménages depuis de très longues années.

En 2006, le gouvernement camerounais finalisait l’opération lancée depuis 1997 de privatisation de l’ancienne société nationale des Eaux du Cameroun. Une opération qui était censée apporter plus d’efficience et d’efficacité dans le domaine de l’approvisionnement. Sept ans après, le bilan de cette privatisation est très mitigé, mais sur le terrain les populations ne savent plus à quel saint se voué. Des études menées par la FAO démontre que le Cameroun possède un des premiers réservoirs d’eau souterraine et d’eau de surface en Afrique, et pourtant à ce jour, à peine 10% de la population a accès à une eau véritablement potable. Par conséquent, loin de vouloir faire un procès à l’Etat, il serait quand même judicieux de reconnaître qu’il est plus aisé de prévenir que de guérir comme qui dirait qu’on ne résout pas les conséquences.

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Commentaires

ngoufack gerardine bedelle
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En effet je suis étudiante à l'université de Yaoundé I , niveau 5 et je mène actuellement une recherche sur le thème suivant: approvisionnement en eau et santé des populations dans le bassin versant de l'akée ( Yaoundé 4). juste pour dire je trouve cette page d'infos très intéressante et très sommaire.Donc si vous avez des infos ou données pouvant m'aider dans ma recherche ,je vous prie de bien vouloir me les faire parvenir par E-mail.

Merci et bon vent