Il n’y a pas de pudeur politique en Afrique!

3 avril 2014

Il n’y a pas de pudeur politique en Afrique!

 

Même après avoir passé une nuit en prison les ministres ne démissionnent jamais !

Un mandat de dépôt du lundi 1er avril a conduit à l’arrestation du ministre camerounais de l’enseignement secondaire qui a été enfermé à la prison centrale de NKondengui (Yaoundé). Pendant que les camerounais jubilaient ce grand retour de l’opération d’assainissement des mœurs économiques, coup de tonnerre : ledit ministre a été libéré le lendemain, 2 avril vers 17H, la même nuit il a été accueilli en grande pompe par ces collègues dans son domicile privé, un diner solennel a été improvisé pour la circonstance, les pasteurs ont rendu grâce à Dieu toute la nuit. Le lendemain, c’est-à-dire le 03, Louis Bapès Bapès était au ministère à 7h et reçu héroïquement par ses collaborateurs au moment où l’opinion nationale s’attendait à sa démission pure et simple comme cela se passe ailleurs ou simplement à son éviction du gouvernement par le président.

La première honte dans cette connerie politique, c’est le fait que la prison de Nkondengui soit devenue la capitale politique du Cameroun où on retrouve un premier ministre, des ministres, des secrétaires et directeurs généraux. Tout un gouvernement est en taule ! Aucun d’entre eux ne reconnait les faits, aucun n’est prêt à présenter ses excuses au peuple surtout lors qu’on sait que par an dans ce pays, 3575 milliard quittent les circuits licites pour se retrouver dans les caisses illicites, soit 25% du PIB. Le président de la république qui est responsable de ce mauvais castings de bandits c’est-à-dire, le coach de cette équipe de malfrats n’a jamais, de son coté, regretté publiquement ses options encore moins penser à rendre le tablier.

Une deuxième honte a trait au comportement malsain de monsieur Louis Bapès Bapès, qui, juste après son arrestation devrait rendre immédiatement sa démission, non pas en terme de désaveux du régime mais pour se consacrer à sa défense et éviter cette honte au camerounais que leur ministre en poste se trouve en prison. Parce que n’ayant pas démissionné le ministre de l’enseignement secondaire jouissait toujours des prérogatives d’un ministre et peut-être a eu à signer les dossiers. Le comble de l’imposture c’est le retour en triomphe de ce dernier dans ses bureaux faisant comme s’il n’y avait rien eu, une autre forme de malhonnêteté, à l’heure ou on s’attendait à un sursaut d’orgueil afin de sauver son honneur à travers une noble démission.

Une autre honte c’est le fait que le ministre de l’enseignement secondaire organise une petite réception et fait prier les pasteurs chez lui toute une nuit. Une manière de montrer que la justice de Dieu a triomphée sur des accusations injustes qui l’ont fait dormir à Nkondengui, se considérant désormais comme un innocent blanchi. Ceci est une humiliation pour la justice camerounaise dans le sens où d’une manière pudique on se rend compte que c’est un seul individu qui tient les manettes du destin d’un pays.

Il y a également une décridibilisation consommée de l’opération épervier (lutte contre les détournements), car si jusqu’ici on pensait tout au moins qu’il y avait une prédominance du judiciaire dans ces affaires aujourd’hui cette opération s’affirme de plus en plus comme une opération politique.

Le comportement narguant de Louis Bapès est similaire au cas de l’ex ministre de l’éducation de base Haman Adama qui en sortant de prison en septembre 2013 après avoir remboursée ses 200 millions volés avait un jet qui l’attendait pour aller renforcer les troupes du parti au pouvoir qui se trouvaient en campagne électorale à Garoua. Comment un ex ministre reconnu coupable de vol et qui vient de rembourser le corps du délit peut-il convaincre un électorat ? C’est très dommage !

Dommage pour la démocratie qui exige l’institutionnalisation effective d’un Etat de droit donc une séparation du pouvoir. Dommage également pour les 3575 milliards blanchis chaque année. Dommage pour le peuple nargué par ces voleurs une fois sorti de prison.

Enfin de compte, dommage pour le manque de pudeur politique : En Afrique on ne démissionne jamais même lorsqu’on est pris la main dans le sac !

 

 

 

 

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