Les mêmes vieillards contre-productifs à la tête du Parlement camerounais

20 mars 2014

Les mêmes vieillards contre-productifs à la tête du Parlement camerounais

La rentrée parlementaire au Cameroun n’a fourni aucun élément à même de mitiger les sentiments d’un observateur averti quant au renouvellement des bureaux des deux chambres. L’opinion avait cru que le retard accusé dans la mise sur pied du nouveau gouvernement depuis les législatives et municipales du trente était justifié par l’envie du régime de procéder au préalable à la redistribution régionale des cartes au niveau du Parlement. Mais à l’issue des réélections des présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale, les observateurs n’arrivent plus à fournir une explication ou une justification sur l’attente déjà un peu plus longue de ce gouvernement post-électoral.

L’enjeu du renouvellement des membres du bureau des deux chambres au Cameroun ne se situe guerre dans des derbies politiques entre les partis, mais dans le choix du candidat par l’incarné de césar. C’est M. Biya qui coopte les dirigeants de ces chambres dans la cadre des séminaires préparatoires s’appuyant sur la soumission de tous les élus à sa volonté. Il s’agit de cette fameuse discipline du parti qui exige que les députés votent sans condition le candidat choisi par le président qu’ils découvrent eux-mêmes en pleine séance. Il n’y a donc pas débat entre parlementaires sur le choix de leur candidat à la tête des deux chambres, car c’est un choix discrétionnaire fait par un seul homme ou alors son clan restreint, loin des canons de la pratique démocratique en la matière.

Les observateurs qui justifiaient la longue attente de l’arrivée d’un nouveau gouvernement s’étaient appuyés sur le bicaméralisme qui a vu l’accès des originaires de l’ouest au centre du gâteau national et qui présageait une nouvelle reconfiguration du partage du pouvoir. D’autres indices venaient conforter cette thèse, à savoir l’éventuel divorce apaisé entre le président (Ethnie Béti) avec les Nordistes suite aux arrestations de quelques prévaricateurs originaires du Grand Nord. Ce qui aurait poussé l’homme lion à établir une alliance désormais avec la région de l’ouest.

D’autres arguments poussaient également à présager un chamboulement au Parlement à savoir, les plaintes des populations anglophones d’être sous- représentées dans le national cake, bénéficiant d’un poste de premier ministre sans réel pourvoir. Ceci est d’autant plus pertinent qu’au Cameroun le premier ministre est chef du gouvernement en théorie, mais dans la réalité il n’est qu’un pantin. Tenez par exemple, l’article 10 de la loi fondamentale stipule que le président nomme les membres du gouvernement sur proposition du premier ministre or dans la pratique, les décrets qui nomment le premier ministre et ses ministres sont lus dans la même édition du journal.

Qu’à cela ne tienne, il faut dire qu’au finish toutes ces spéculations sont restées pure construction intellectuelle puisque la redistribution des cartes au Parlement qui devait entraîner la redistribution au sein du gouvernement n’a pas eu lieu. L’octogénaire Marcel Niat Njifenji et le sexagénaire Cavaye yeguié Jibril respectivement président du Sénat et de l’Assemblée nationale sortants ont été reconduits avec des scores plus qu’albanais.

Cette confiscation du pouvoir par des mêmes têtes gérontocrates perpétuelles, très fatiguées et peu productives voire contre-productives, prouve à suffisance qu’au Cameroun, comme tout ailleurs en Afrique, la mobilité sociale ou simplement le renouvellement des élites n’est pas la chose la mieux partagée. On reprend les mêmes malgré leur contre- performance.

Dans tous les cas, si l’argument du changement des dirigeants du Parlement est resté jusqu’ici le prétexte justifiant la longue attente d’un nouveau gouvernement, et si cette thèse n’a donc pas triomphé puisque rien n’a bougé à l’hémicycle, alors qu’est-ce qui expliquerait qu’un pays qui a connu une double élection législative et municipale reste près de 6 mois plus tard sans nouveau gouvernement comme cela est de tradition dans les grandes démocraties ?

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Commentaires

Yves Tchakounte
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La gérontocratie... C'est la chose la mieux partagée au Cameroun! C'est devenue une habitude, pour ne pas dire, une banalité.