Cameroun 2013: Prises d’otages, attaques de la Séléka, crimes rituels et 9 disparus de Mouanko

Article : Cameroun 2013: Prises d’otages, attaques de la Séléka, crimes rituels et 9 disparus de Mouanko
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12 janvier 2014

Cameroun 2013: Prises d’otages, attaques de la Séléka, crimes rituels et 9 disparus de Mouanko

Les camerounais garderons en mémoire cette année 2013 dominée par les affres de la criminalité d’origines diverses et d’acteurs multiples. Des efforts ont été consentis mais sans résultat rassurant. En effet les frontières ont subit plusieurs assauts venant des entités politiques voisines et l’intérieur du pays a connu un nombre important de crimes organisés.

Le littoral camerounaises n’ont pas échappé aux incursions récurrentes des pirates en haute mer plus précisément dans la presqu’île de Bakassi. Cette zone qui est fortement militarisée par les éléments du BIR Delta a été régulièrement victime des assauts des bandes armées étrangères à la quête des richesses minières et halieutiques que regorgent cette terre camerounaise récemment acquise à l’issue du litige frontalier entre le Cameroun et le Nigéria. On a enregistré des vols en haute mer et des prises d’otages faisant ainsi planer la peur au sein de la population. Cette insécurité ne constitue nullement une nouveauté puisque les pays du golf de guinée ont toujours pris la mesure de la piraterie maritime avec par exemple ce sommet de Yaoundé sur la sureté et la sécurité dans le golf de guinée du 24 au 25 juin 2013. Cependant d’autres attaques ont vu le jour.

Nous commencerons par le phénomène des coupeurs de route qui en 2013 a cédé plus de place aux prises d’otages dans le Grand Nord. Si jusqu’ici seuls les nationaux étaient sporadiquement victimes de ces actes terroristes il faut affirmer que l’entrée en scène des filières extrémistes et criminelles comme Boko Haram ont donné une autre ampleur aux enlèvements dans le Nord Cameroun. Les étrangers sont désormais des principales cibles, ce qui a mis le Cameroun dans la liste des pays non plus exposés mais victimes du terrorisme transnational. Ceci remet ainsi au gout du jour la porosité des frontières du pays.

Les enlèvements de la famille Fournier et du prêtre Georges Vandenbeusch ont été les coups d’éclat les plus importants de la secte Boko Haram sur le territoire camerounais mettant en péril la viabilité de la « Destination Cameroun ». Heureusement, il faut le reconnaitre, que la diplomatie et l’implication personnelle du président Biya dans la libération de ces différents otages français  ont été très déterminantes. Le Cameroun en 2013 a été consacré terre à haut risque terroriste, si le premier enlèvement a semblé être un accident anodin, celui du prêtre français est venu enrayer tout hasard sur la transformation progressive du pays en cible potentiel des groupes extrémistes.

A coté des assauts terroristes, le Cameroun a subi les conséquences de la crise centrafricaine car au-delà du flux croissant des refugiés, le pays s’est exposé aux incursions des bandes rebelles de la Séléka. Le bilan a été lourd en termes de pillage et de pertes en vies humaines dans la région de l’Est. A titre illustratif,  le 16 novembre  environs 1000 soldats de la rébellion centrafricaine ont envahit les villages de  Gbitti et de Toktoyo dans la Kadey sous le prétexte de libérer un de leurs chefs, Addoulaye Miskine en détention au Cameroun. Les combats furent 5 morts chez les assaillants et 2 dans les rangs des forces camerounaises. Il y a eu également entre autres, l’assassinat du chef de police de Kentzou de même que l’enlèvement le 25 novembre de trois enfants dans le village Béké-Chanti après que leur père ait été exécuté par les hommes de Djotodia.

L’Est Cameroun s’est retrouvé dans une insécurité notoire qui fait paniquer le pouvoirs qui craint une éventuelle instabilité politique à partir de cette partie et surtout que la zone partage les mêmes caractéristiques que l’Est de la République démocratique du Congo qui avait servit de base arrière à toutes les filières criminelles qui ont jeté ce pays dans l’impasse humanitaire. La région de l’Est est la plus riche en ressources naturelles du Cameroun et est frontalière à un Etat effondré comme ce fut le cas du Rwanda.

Alors que les frontières camerounaises n’ont pas pu résister aux opérateurs du crime, l’intérieur du pays a été le théâtre d’une criminalité à haut volte. Nous prendrons d’abord le cas des crimes rituels de Mimboman. Dans ce quartier situé en plein cœur de la capitale s’est développée une filiale de trafic d’organes génitaux humains par des adeptes des rites ésotériques. Des jeunes filles et des enfants étaient les principales victimes de cette sale besogne. Il était question pour les opérateurs sur le terrain soit de procéder par des enlèvements d’enfant pour les mutiler par la suite soit de se positionner aux entrées de ce quartier sous la casquette de transporteur moto et de faire exécuter en chemin leurs clientes pour emporter les parties intimes. Cette effroyable industrie a créée une psychose auprès de la population qui, abandonnée par les forces de maintien de l’ordre, ne savait à quel saint se vouer pendant plus de 2 mois environs.

Il  y a eu ensuite la mystérieuse disparition de 9 enfants dans la localité de Mouanko. En effet ces derniers comme d’habitude étaient partis pour une partie de chasse aux escargots, curieusement leurs parents sont restés pendant plus d’une dizaine de jours sans nouvelles de leurs progénitures. Deux thèses ont été avancée, celle d’un enlèvement par les trafiquants d’organes et celle d’un attentat mystique qui est apparu la plus plausible, car après plusieurs battues menées par les forces de l’ordre les recherches se sont avérées infructueuses, c’est donc à l’issue d’une intervention mystique d’une féticheuse du village que 8 des 9 enfants ont été retrouvés en vie mais fatigués. Le neuvième est resté sans trace.

Enfin, ces rocambolesques incendies et cambriolages des bureaux administratifs ont été à la mode sans oublier des dizaines de Marchés des grandes villes camerounaises qui ont subit en 2013 des affres du feu emportant ainsi en fumé toute une économie. Pour ce qui est des bâtiments administratifs, il faut dire que la récurrence de ces incidents est allé croissante avec la montée en puissance de l’opération épervier (arrestation des prévaricateurs). Les origines des incendies sont restées sans pertinences, une nouvelle catégorie de cambrioleurs a vu le jour, il ne s’agissait plus pour les bandits d’emporter le butin de consommation à savoir de l’argent et les appareils mais ils volaient plutôt les papiers (dossiers) et les disques dur laissant le laptop lui-même.  Drôle de vol !

En somme, 2013 a posée les bases d’une insécurité qui risque de mettre en mal l’intégrité et les institutions du pays dans le long terme. L’opinion publique se montre méfiante vis-à-vis du gouvernement français qui dans le cadre de l’opération Sangaris a transformé le Cameroun en terre de transit des armes lourdes et aussi de base militaire. L’insécurité ici nait du soupçon de la main française dans tous les conflits qui ont déjà embrasé les pays abritant leurs bases militaires.

 

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Commentaires

Nkoa awono
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Malgré les mérites qu'on attribuent à nos forces de défense venant de nos autorités gouvernementales le système sécuritaire camerounais présente trop de failles dans l'avenir si rien n'est fait on pourrait connaître nous aussi une crise sécuritaire de grande ampleur tellement l'insécurité a gagné en intensité et en prouesse.