Cameroun: 2013, une année politique chargée sans avancée démocratique

Article : Cameroun: 2013, une année politique chargée sans avancée démocratique
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7 janvier 2014

Cameroun: 2013, une année politique chargée sans avancée démocratique

2013 a été une année électorale au Cameroun marquée par des événements politiques qui n’ont pas affecté le paramétrage routinier de la vie publique depuis 31 ans. La république des hold-up électoraux et des prévaricateurs n’a fait aucune concession à la démocratie ni à la marche vers l’Emergence.

Deux grands moments électoraux ont paralysé le service publique pendant des mois à savoir, les sénatoriales du 14 avril et le double scrutin municipal et législatif du 30 septembre.

De ce qui est des sénatoriales, il s’agissait de la mise en place d’un bicaméralisme effectif qui somnolait encore dans la progressivité politique consacrée par la loi constitutionnelle de 1996. L’architecture cosmético-institutionnel se dotait ainsi d’une chambre haute budgétivore dite de retraités du parti au pouvoir. Le sénat est apparu dans son fonctionnement et ses couleurs politiques comme une reproduction de l’assemblée nationale considérée comme une chambre d’acclamation avec une majorité obèse du RDPC. La seule leçon retenue a été l’opportunité donnée à Biya de recaser quelques thuriféraires qui étaient restés en attente jusqu’ici et de se positionner en seul maître et vainqueur du jeu.

Après les sénatoriales, on a eu droit à une supercherie politique qui devait mettre fin aux prorogations répétitives des mandats des élus locaux et du peuple car il faut le préciser ces derniers ne bénéficiaient plus de la légitimité populaire depuis 2012. Ici pas de surprise pour les habitués de la mascarade électorale, la configuration est restée la même à l’issue du scrutin en dehors d’une avancée spectaculaire dans le respect du genre.

Les femmes des barrons de la république ont bénéficié de plus de 31% de siège à l’assemblée nationale. Ces élections albanaises ont été également marquées par cette alliance contre nature entre le RDPC et la fille de l’ancien président Ahmadou Ahidjo dont la dépouille est toujours en exil au Sénégal. Aminatou Ahidjo puisqu’il s’agit d’elle  a été d’un apport considérable dans l’affirmation hégémonique du RDPC dans le Grand Nord à travers les shows politiques qu’elle a offert lors des meetings.

Pendant tout ce temps, l’opération d’assainissement des mœurs économiques et financières dénommée opération épervier, n’a pas connu de répits, les victimes ont été dénombrés dans tous les secteurs de la vie publique. Les condamnations ont été prononcées contre les commis qui étaient en détention provisoire, par exemple le cas du franco camerounais Michel Thierry Atangana qui, malgré les pressions de Paris sur Yaoundé, a écopé d’une vingtaine d’année de prison. Ceux ayant intenté des recours ont vu leurs peines revues à la hausse.

L’arrestation la plus importante a été celle du président de la fédération camerounaise de football en qualité de Directeur général de la SODECOTON. Ecroué pour corruption et prévarication aggravées, l’emprisonnement de IYA Mohamed est tombé au sein de l’opinion comme une libération du football camerounais des mains des mafieux.

De ce qui est de l’agenda du président, il faut avouer qu’il n’a pas dérogé à la coutume. Il a passé la majeur de son temps dans les villes occidentales cependant quelques rencontres internationales ont émaillé son agenda. On citera par exemple sa première rencontre avec François Hollande à l’Elysée qui a laissé échapper une forte odeur d’humiliation ; son séjour au Vatican donc le tête-à-tête avec le pape François qui a permit à Biya de grignoter quelques débris de légitimité internationale après la parodie électorale du 30 septembre. Le président a procédé également à une visite  en Turquie où il a eu à faire du marketing économique de la « destination Cameroun ». Le sommet sur la sureté et la sécurité dans le golf de guinée a été la seule activité considérable du président sur le plan continental.

Il y a eu cette infantilisation colonialiste du sommet de l’Elysée où le président Biya a été présent mais curieusement de son retour en Afrique, il s’est interdit tout hommage officiel à Mandela puisqu’il n’a pas assisté au rendez-vous de Johannesburg.

Au-delà de ce rendez-vous manqué, il est à préciser que le président de la république n’a pas tenu à certaines promesses notamment l’énigmatique célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun qui accuse aujourd’hui plus de trois ans de retard. La professionnalisation du métier de taxi-moto et de la création plus de 200000 emplois en 2013 sont restées dans le discours de fin d’année de 2012, de même que la mise sur pied du conseil constitutionnel qui demeure également dans le calendre bantou, disons dans « les délais raisonnables » pour reprendre les propos infortunes de Biya lors de son message à la nation le 31 décembre.

Nous parlerons plutôt des aveux de Biya à la nation afin de mieux rendre compte de cette adresse de fin d’année qui est apparut comme le comble politique de 2013. Un discours bondé d’interrogations dont le principal destinataire est le destinateur lui même. Il s’est agit d’un aveu d’échec de 31 ans de règne qui commande selon les propos du président Paul Biya « un sursaut patriotique » qui, pour certains hommes politiques, commence par la démission de ce dernier.

En somme malgré les inaugurations des débuts de travaux de quelques édifices économiques, on peut conclure que certes 2013 a été politiquement chargée mais le bilan est resté vide de tout substrat.

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Commentaires

Nkoa awono
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Barthélémy Biya est resté constant dans sa démarche être ronflant et pompeux dans les effets d'annonce mais moribond et terne dans l'exécution de ses discours. La praxis manque toujours à l'appel -parole action-. S'agissant du processus démocratique le Cameroun est resté comme qui dirait dans un maquillage institutionnelle vide et creux sur fond d'escroquerie politique. Mvondo donne sans jamais donner.

Aristide MONO
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Qui est le coach de cette équipe qui depuis 31 ans ne fournit aucun résultat positif?