Noël: Le temps des frustrations!

Article : Noël: Le temps des frustrations!
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26 décembre 2013

Noël: Le temps des frustrations!

Les fêtes de fin d’année sont des moments d’affirmation des classes sociales. À côté d’une caste dispendieuse se trouve une majorité croupissant dans l’incapacité financière. Résultat, les enfants issus de la misère ne peuvent qu’admirer impuissamment ceux des duplexes qui ont l’audace de s’offrir orgueilleusement le luxe du manège et de toute sorte de plaisir.

C’est une réalité en Afrique, certes même en occident les classes sociales se superposent mais le fossé n’est pas aussi profond de manière à voir une majorité vivant en dessous de 28000 FCFA le mois. La fête de noël permet de confirmer les écarts entre les familles.

Tous les enfants rêvent généralement d’un jouet quel que soit la nature et c’est dans ce sens que nait la frustration des gamins qui réalisent que jusque là leurs parents ne sont que de pauvres misérables face à leurs amis qui jouissent de tous les privilèges de Noël. En fait il y a ceux qui vivent ; il y a ceux qui survivent !

Il y a de cela deux jours le responsable commercial d’une grande boutique d’alimentation de Douala confiait à une télévision privée de la place que la moyenne des achats par client s’élevait à plus de 300000 Francs CFA, de quoi traumatiser ces familles qui se battent pour avoir ne serait ce qu’un poulet de 2800 pour leurs enfants.

Si les fêtes de fin d’année sont des moments de réjouissance pour un clan, elles restent une angoisse pour la majeure partie de la population. C’est une période de lamentation, une période de frustration pour les enfants qui découvrent la réalité des profonds écarts sociaux.

J’ai fait un tour hier dans une famille amie à Nkomotou à quelque 15 kilomètre de Yaoundé, j’ai été accueilli par le désespoir. Seul le petit radiocassette à piles donnait le signal de l’extraordinaireté de la journée du 25 car l’abonnement du courant électrique reste financièrement un parcours du combattant pour ces gens qui couvrent à peine les exigences naturelles de la vie. Au menu, pour restituer les lueurs de la fête au petit Hervé et Diane, une petite marmite de Haricot accompagnée du riz. Ces derniers se sont contentés de deux sifflets et deux bonbons comme jouet ou cadeau de Noël, on peut alors imaginer le niveau de fragilisation de la psychologie de ces enfants à leur bas âge.

Ces clichés sont les prototypes d’une société injuste dans l’allocation des ressources socio-économiques privatisées par une petite aristocratie néopatrimonialiste. Combien digèrent amèrement cette frustration des fêtes de fin d’année, mieux combien d’enfants par exemple au Cameroun subissent ce choc psychologique ?

Surement tout un pays qui n’a aucune justification pertinente pour de tels fossés sociaux.

Les parents butent sur la surenchère des produits de première nécessité menée par des spéculateurs de tout bord, l’accès aux denrées devenant ainsi le privilège des propriétaires de grosses bourses. Il est évident de voir d’un coté une minorité qui fréquentent de grandes surfaces et de l’autre ces mères et grand-mères qui se contentent des déchets de viande de bœuf (Boyaux). Egalement d’un coté une catégorie de « grandes Dames » aux portefeuilles garnis de coupons de 10000 francs CFA et de l’autre ces femmes qui flirtent avec le dénuement, détentrices de vieux billets usés de 500 CFA ou de piécettes sans grande valeur devant un étalage.

La fête de noël fait aussi des malheureux en termes d’agenda. Les programmes des misérables se réduisant à la présence au culte et une ou deux visites à un membre de la famille, ceux qui n’est pas le cas des autres qui sont submergés par des tours au cinéma, club et night club, picnick et pour ceux de Yaoundé des visites tous les soirs à la grande foire de Ya-Fe (Yaoundé en fête).

Hommage à toutes ces nombreuses familles et enfants que la fête de Noël a frustré et rendu très malheureux.

 

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Commentaires

nkoa awono
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c'est une situation bien décrite par monsieur mono qui montre s'il en était encore besoin la distance des écarts sociaux entre les différentes couches sociales que constituent le corps social. En fait je dirais qu'il s'agit plus d'une situation qui a pour origine la maigreur du gateau national accaparée par une minorité très réduite jalouse de ses parts du gateau.