La rumeur anime et pollue l’espace public camerounais

Article : La rumeur anime et pollue l’espace public camerounais
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12 décembre 2013

La rumeur anime et pollue l’espace public camerounais

La rumeur, les « ont-dits » ou encore le Kongossa fracassent l’espace public camerounais sans qu’on ne soit capable de remonter la source. L’impact de ce média de rue est visible dans la société causant des victimes. Il s’agit de discréditer, de vouer une personnalité à l’hégémonie ou simplement de créer une hystérie auprès de l’opinion.

Aujourd’hui, la rumeur est considérée comme un élément majeur de construction social de l’espace publique. En effet, le terme rumeur vient du latin « Rumor », il apparait au 18e siècle avec le sens de « bruit qui court », qui deviendra rapidement « nouvelles qui se répandent dans le public ou l’opinion ».

La rumeur est donc une information non vérifiée qui se transmet à un grand nombre d’individus à une vitesse exponentielle. Elle est dès lors définie comme « l’émergence et la circulation dans le corps social d’informations soit non encore confirmées publiquement par les sources officielles, soit démenties par celles-ci. De ce fait selon le sociologue jean noël kaferer «  c’est le plus vieux média du monde » une rumeur est un bruit qui circule et que l’on répète, tenu pour information, sans que l’on en connaisse la source ; son exactitude n’est pas vérifiée, mais cela ne veut pas forcément dire qu’elle est fausse.

Dans tous les cas, cette information se répand comme une trainée de poudre, de façon totalement incontrôlée. Ce fait présente de nombreuses caractéristiques dont quatre retiendront notre attention, il s’agit de l’implication où le sujet transmetteur se sent plus ou moins concerné par le message véhiculé ; l’attribution de la rumeur est un discours rapporté : c’est-à-dire qu’elle renvoie systématiquement à un fait « non immédiat et concomitant à sa transmission » et qui n’est par conséquent jamais vérifiable directement.

Elle est toujours le témoignage d’un témoignage et est le plus souvent anonyme ; l’instabilité qui renvoie au fait que, en se diffusant, son contenu se modifie par réduction, accentuation, rajouts, omission, généralisation des faits rapportés. On remarque que ces altérations du message original sont le fait de l’humain, qui selon sa propre vision du message, sa personnalité et ses préoccupations aura tendance à en tirer un nouveau message personnalisé ; et la négativité, elle rapporte majoritairement des faits négatifs voire inquiétants ou dramatiques : situations aversives, agressions, dangers, accidents ou encore menaces. Les rumeurs rapportant des faits agréables d’espoir sont rares et sont souvent le fait de mutations sociétales.

Sa propagation témoigne généralement d’un profond malaise, de même que d’un déficit de communication et quand elle est là, il est difficile de s’en débarrasser. Elle vise très souvent à manipuler l’opinion publique, pouvant dans certains cas virer à la psychose donnant libre cour à la « panique morale ». Quelques exemples peuvent ici étayer nos propos.

Au niveau international, nous pouvons évoquer le célèbre cas de la rumeur d’Orléans dont les événements se seraient déroulés en mai 1969, incriminant pas moins de six magasins de lingerie féminine tenue par des juifs. Elle se basait sur de possibles rapts de femmes dans des cabines d’essayage où elles auraient été droguées avec des seringues hypodermiques puis enlevées discrètement grâce aux nombreux souterrains présents dans la ville, pour être ensuite livrées à des réseaux de prostitution.

Elle prit une tournure quelque peu comique lorsqu’on évoqua la possibilité d’un sous-marin remontant la Loire pour plus de discrétion lors du transport des femmes kidnappées. Connaissant les effets pervers qui en ont résulté, il s’avère que la vérité sur la question n’a jamais vraiment été établie.

Dans un contexte beaucoup plus familier qu’est le notre, il se trouve que la rumeur fait son petit bonhomme de chemin sans une très grande inquiétude. En effet, nombreux hommes publics ici sont généralement sujet à des rumeurs aussi fantaisistes les unes que les autres, portant quelques fois leur grain de vérité car comme on aime bien le dire ici: « il n’y a jamais de fumée sans feu ».

Qu’à cela ne tienne, la rumeur reste un phénomène répréhensible pour une société qui connait nombre de problème, car il ya tellement à faire qu’on se demande bien d’où vient le temps de propager des histoires montée de toute pièce. L’on se souvient ici de la rumeur sur la mort du président Biya qui a déferlé la chronique au Cameroun et plongé le pays dans une grande appréhension, avant le démenti qui est arrivé beaucoup plus tard.

Aussi, avec le spectre d’épervier qui plane sur les gestionnaires du trésors publique au Cameroun, de nombreuses rumeurs ont déjà annoncé des incarcérations de certains ministres et DG de société de la place, les « éperviables » on les nomme ; les exemples de(…)sont très parlant. De même, la question du remaniement ministériel et autres nominations aux hauts postes de la république sont très souvent des sujets qui laissent libre cour à la rumeur. De ce fait, la rumeur peut s’attaquer à tout et à tous, à la vie privée, comme publique, Ce qui nous conduit à nous intéresser aux vecteurs des rumeurs.

En effets, les médias sont considérés comme de formidables vecteurs de rumeurs, du fait qu’ils permettent une propagation rapide de celles-ci en raison de leur fort audimat. De plus, les médias, et notamment la presse, jouissent d’une forte crédibilité ; internet lui aussi est devenu un canal incontournable dans la propagation des rumeurs, à travers les nombreux cadres réticulaires qu’il offre.

En diffusant la fausse information, ils la rendent réelle vis-à-vis du public concerné. En relayant la rumeur sans jamais préciser que les sources ne sont pas vérifiables, la rumeur se mute en désinformation. Par conséquent, il est nécessaire pour y remédier, de communiquer rapidement sur le sujet, en restant factuel. « La meilleure façon de tuer une rumeur, c’est d’en parler. Ensuite, il faut indiquer si la rumeur est effectivement fondée. Dans le cas d’une fausse rumeur, les voix les plus autorisées doivent démentir, question d’éclairer l’opinion sur le sujet et dissiper le flou qu’apporte la rumeur.

 

 

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Commentaires

monesson therese
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les hommes sont continuellement en quête de sensationnelle, et sont prêt à tout pour y arriver, raison pour laquelle la rumeur reste un fléau qui n'est pas prêt de disparaitre de notre société. il revient à chacun de faire preuve de discernement