Cameroun: 6 novembre 1982 – 6 novembre 2013, 31 ans plus tard…

Article : Cameroun: 6 novembre 1982 – 6 novembre 2013, 31 ans plus tard…
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6 novembre 2013

Cameroun: 6 novembre 1982 – 6 novembre 2013, 31 ans plus tard…

31 ans après le 06 novembre 1982, pratiquement plus de sept mandats présidentiels aux Etats Unis, quel bilan pour Biya ? Renouveau, promesses non tenues, rigueur et moralisation, tentative de putsch, colère de rue, villes mortes, tout un gouvernement en prison, UNC, RDPC, projets structurants, paix ou peur, gérontocratie, émergence 2035, démocrature, sénat, pluralisme autoritaire, chômage, tripartite, démocratisation,  paupérisation aggravée… voilà d’une manière triviale, ramassée le bilan du président Paul Biya : un cocktail de bluff et d’avancées notables qui concoure jusqu’ici à la stabilité du régime.

L’arrivée de Biya au sultanat d’Étoudi (Palais présidentiel) en novembre 1982 a suscité beaucoup un espoir chez les camerounais qui n’arrivaient pas à digérer le triste souvenir des méthodes tortionnaires du régime Ahidjo. Economiquement les choses allaient quand même mieux, d’ailleurs le nouveau locataire du sultanat présidentiel narguait les bailleurs de fonds en déclarant en 1985 « Nous n’irons pas au FMI ».

Quelques années plus tard nous étions à genoux devant les institutions de Bretton-Woods, sous ajustement structurel, l’arrivée de monsieur Edouard Balladur 1993 va tout compliquer avec la dévaluation du Franc CFA. Les salaires sont réduits au trois quarts, la crise économique paralyse le pays, pour Biya les camerounais doivent retrousser les manches pour atteindre ce fameux « bout du tunnel », mieux le point d’achèvement qui sera accorder par le Club de Paris en avril 2006. Depuis lors un document de stratégie pour la croissance et l’emploi en remplacement de celui de la réduction de la pauvreté qui était conjoncturel c’est-à-dire atteindre les OMD, est élaboré et mise en vigueur en 2009. La croissance a repris, les projets structurants ont été lancés avec pour ambition de faire du Cameroun un pays émergent horizon 2035.

Pendant  tout ce processus qu’est ce qui a changé dans le quotidien des camerounais ? Rien, Rien du tout en dehors de la paupérisation qui suit son cours, les infrastructures existantes chantent leurs dernières messes de requiem, les bourses d’études ont été suspendues, les jeunes pensent désormais qu’ont peut devenir riche qu’en volant, qu’en tuant (crimes rituels et braquages), qu’en se prostituant, qu’en liquidant leurs derrières aux réseaux homosexuels, et qu’en intégrant les loges exotériques….Aujourd’hui plus de 40 000 cas de paludisme sont signalés au Nord Cameroun, 2600 morts en espace de 9 mois, le taux de morbidité a atteint les 27% (source :Minsanté).

Sur le plan politique, l’UNC change de dénomination pour devenir RDPC, Ahidjo accusé de complot contre la sureté de l’Etat est condamné par contumace par Biya à une peine capitale en 1983. Le 06 avril 1984 Biya déjoue un coup d’Etat, il fait payer la note à son prédécesseur en le contraignant en exil ainsi que son cadavre qui moisit à Dakar. Biya va maitriser toute révolution, il matera la colère subversive des années 1990 en faisant des concessions sur le pluralisme et la liberté d’expression de façade, avec une tripartite sans objets et une élection présidentielle douteuse en 1992.

Au lieu d’une nouvelle constitution, Biya va procéder en 1996 à la révision de la constitution autoritaire de 1972 voilant ainsi les yeux de la communauté nationale et internationale. Depuis 1996 les choses bougent au pas d’escargot, les scrutins sont remportés frauduleusement à la russe par le RDPC qui c’est érigé en branche politique du régime bureaucratique de Biya. En 2008 la constitution est manipulé par Biya afin de rendre désormais les mandats illimités au Cameroun, la même année il mate sévèrement les jeunes affamés qui avaient pris le chemin de la rue pour en découdre avec le pouvoir éternitaire. Entre temps le Cameroun a eu gain de cause dans le litige transfrontalier de Bakassi l’opposant au Nigéria devant la cour internationale de justice.

Bravo à Biya pour sa sagesse de suivre la voie d’un règlement pacifique !

Cette même année l’opération dite de chasse aux prévaricateurs (opération épervier) va s’intensifier. Le Cameroun Classé en 1999 et 2000 le pays le plus corrompu au monde, Biya prendra des mesures fortes mais inefficaces, tout un gouvernement se trouve actuellement en prison : un premier ministre (Enoni Ephraïm), trois secrétaires généraux à la présidence (Edzoa Titus, Atangana Mebara…), un ministre de l’intérieur (Marafa) et bien d’autres, les directeurs généraux des sociétés d’Etat (FEICOM, SODECOTON ?…)….

Bref le climat sociopolitique du Cameroun rend suffisamment compte du bilan mitigé de Biya qui est devenu au bout de 31 ans un Totem National (Homme lion).

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Commentaires

monesson therese
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ce bilan nous amène à penser à une refonte institutionnelle au cameroun,car le système est grippé, il ya besoin de restructuration.

Aristide MONO
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il y a urgence d'un changement de régime et une refondation du système politique camerounais où on a aucune pudeur à célébrer la longévité en plein processus dit de démocratisation. 31 ans c'est excessif pour une démocratie moderne surtout avec un tel bilan.

jopy
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Le Cameroun a quand même cette chance de vivre une paix durable.