Cameroun: Scrutin du 30: La grande percée des femmes, vers la concrétisation des objectifs de Beijing
S’il y a une mention bien à accorder aux dernières élections couplées au Cameroun c’est bel bien l’amélioration de la représentation des femmes au parlement. Le taux de représentativité est passé de 13,9% à 31, 11% dépassant ainsi des pays comme la France, preuve que le pays de Biya peut faire mieux et arrêter de singer cette dernière.
La promotion de la participation politique des femmes est l’un des enjeux prioritaires de la lutte pour l’égalité perçue également comme une exigence de la démocratie et du développement. Au Cameroun, les femmes restent le plus souvent confinées aux postes inférieurs en matière de politique vu que le ratio des femmes élus maires ou députés n’a pas beaucoup évolué depuis les indépendances en dépit d’un nouvel environnement national et international.
Pourtant le double scrutin du 30septembre 2013 a connu une forte participation de la femme à travers de nombreuses candidatures féminines comme têtes de listes dans les différents partis politiques en compétition, conformément aux recommandations d’ELECAM (organe en charge des élections) en matière de genre. D’ailleurs cet organe a eu à rejeter les listes des partis n’ayant pas respecté cette recommandation.
Les candidates aux élections ont reçu l’appui des associations féministes à l’instar de l’association more women in politics à travers des sessions de formation sur l’ensemble du territoire sur le thème « les clés de la communication pour une bonne campagne électorale efficace » dans le but de mieux les outiller.
Les résultats laissent entrevoir une augmentation spectaculaire de la représentativité des femmes au parlement, un progrès cependant modérée par le conservatisme machiste maintenu dans les mairies. L’assemblée nationale de la 9e législature est créditée d’une mention honorable contrairement à la 8e en matière de représentation des femmes sur les 180 députés que compte l’assemblée nationale au Cameroun, on compte désormais 56 femmes contre 25 seulement à la précédente législature.
Ici, le rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) parti majoritaire au parlement fournit le plus gros contingent avec 47 femmes, 3 femmes députés sur les 18 pour le Social Democratic Front (SDF), 2 femmes sur 5 pour l’union démocratique pour le progrès (UNDP), 2 sur 4 pour l’Union Démocratique Camerounaise (UDC) et enfin 01 femme sur ses 03 élus de l’Union des Populations du Cameroun (UPC).
Cependant, concernant les municipales, le score des femmes restent malheureusement bas sauf dans certaine de ces communes où quelques une des femmes maires sortantes ont été reconduites à leur poste, nous avons l’exemple de l’honorable Françoise Foning à la mairie de douala 5ème, celui de l’honorable Denise Fampou et le cas de Ketcha Courtes Célestine pour la mairie de Banganté pour ne citer que celles là.
En définitive il faut simplement saluer cette grande évolution en matière de « démocratie du genre » au Cameroun qui peut déjà se vanter devant d’autres nations à l’instar de la république démocratique du Congo qui est à 10,4% , du Nigéria 3,7% de femmes élus dans les parlements nationaux à la date du 31 octobre 2011 ;mais aussi devant bon nombre de pays européens comme le Bahreïn avec 10,0% , l’Ukraine avec 8,0% de femmes à la même date (www.ipu.org).
Seulement beaucoup reste à faire. Bon nombre d’écueils restent à surmonter, par exemple la problématique de la compétence de ces femmes. Car le sexe dans le contexte camerounais prime sur la compétence dans la dévolution du pouvoir politique. C’est ainsi que certaines candidates mieux compétentes peuvent être écartés à cause de la phallocratie ambiante.
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